La PME de Rousset (13), référente  en France pour les semences 100% bio, défend son engagement en faveur d’une agriculture respectueuse. Un vœu idéologique. Lors du salon Med Agri d’Avignon, en octobre, nous avons rencontré l’un des deux frères fondateurs, Cyriaque Crosnier Mangeat.

« J’irai planter des graines dans des pays où elles ne poussent pas », disait-il, enfant, à sa mère. Avoir si jeune une vocation aussi ancrée et originale, il n’y a pas ! Grand monsieur (par la taille et les idées), Cyriaque Crosnier Mangeat a donc suivi son idée de junior et fait ses armes d’agronome en Afrique, dans le développement vivrier.

Non pas dans la peau d’un agro-businessman façon néo-colonial. Plutôt dans celle d’un entrepreneur du durable, respectueux des hommes et convaincu des bienfaits d’une agriculture locale. A l’aune de cette expérience, il fondera en 2002 avec son frère Judicaël, Agrosemens. La structure a trouvé son marché : les graines de légumes 100% biologiques, à destination des maraîchers professionnels en circuits courts.

Agrosemens au salon Tech&bio

Le stand d’Agrosemens lors de Med Agri, à Avignon. Crédit Philippe Bourget

Une ferme à Aix-en-Provence

« Ce sont nos clients historiques. Nous avons aussi beaucoup fonctionné avec les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne », éclaire le patron, ami de longue date de Daniel Vuillon, fondateur des AMAP. A feuilleter le catalogue pro de l’entreprise – 900 références ! -, l’univers des semences bios ressemble à un inventaire à la Prévert. Haricot nain Capitano, épinard Géant d’hiver, courge Caméléon, laitue Solasi, tomate Calabash… Avec les plants hybrides, on en oublierait presque que ces variétés endémiques existent depuis beaucoup plus longtemps.

Pour les cultiver, Agrosemens possède une exploitation, la ferme du Petit Sambuc, aux Pinchinats. Située au nord d’Aix-en-Provence, elle produit les semences et en sélectionne de nouvelles, en fonction de la demande du marché. « Quand nous avons commencé, ce n’était pas l’engouement comme aujourd’hui ! », rappelle Cyriaque Crosnier Mangeat. Depuis, le marché s’est élargi. Et même si 85% des clients d’Agrosemens sont encore des maraîchers de proximité, il faut y ajouter désormais les légumistes « gros faiseurs » (dont certains vendent en GMS) et les jardiniers particuliers.

Croissance à deux chiffres de l’activité

Les responsable d'Agrosemens

Cyriaque Crosnier Mangeat avec Marine Guadagnini, technico-commerciale gamme professionnelle chez Agrosemens. Crédit Philippe Bourget

Ces derniers représentent environ 10% du marché de la PME. Elle a lancé à leur intention la marque La Semence bio, qui touche les clients à travers un site marchand et les magasins bios, où les semences sont vendues en petits conditionnements. Avec un CA de 4 M d’€ pour l’exercice 2017-2018 (clos le 30 juin), Agrosemens revendique une croissance à deux chiffres, vise maintenant l’international et ne s’interdit pas de répondre à la demande de grandes exploitations légumières conventionnelles qui souhaiteraient se convertir.

« Nous sommes très présents dans les territoires d’outre-mer, notamment à la Réunion. Mais nous vendons aussi à des clients au Québec et en Croatie ». L’Angleterre, le Japon, Madagascar… font partie des débouchés possibles.

Voilà pour l’aspect économique. Mais l’entreprise, adepte des thèses de Pierre Rabhi, est aussi porteuse d’un message. Comment faire du vivrier en France ? Comment répondre à la demande des nouveaux acteurs ? Comment faire en sorte que l’ensemble de la chaine soit vertueuse et pas seulement la production ?

Etre vertueux sur la chaine RSE

Agrosemens à Med'Agri

Une gamme de courges bios très étendue. Crédit Philippe Bourget

« La demande croissante en semences et produits bios attire les pros du bio industriel. Mais si ces derniers sont irréprochables sur le produit, au risque sinon de perdre leurs clients, ils le sont beaucoup moins sur l’ensemble de la chaine RSE », constate Cyriaque Crosnier Mangeat. L’industrialisation et l’intensification du système bio, la logique de prix et de volumes… autant d’aspects dont Agrosemens ne veut pas entendre parler.

Pour continuer à labourer son sillon, l’entreprise milite dans les interprofessions, s’ouvre au grand public (1ères journées porte-ouvertes à la ferme du Petit Sambuc en juillet 2019)… et se barde « d’étiquettes ». Labellisée AB, elle est aussi certifiée en biodynamie (Demeter) et détient même le label « Bio cohérence », une sorte de reconnaissance ultime en tant que ferme 100% bio, à l’origine des ingrédients exclusivement française et ne pratiquant aucune culture sous serres chauffées. Quand on veut être « pur et dur », on ne mégote pas !

Agrosemens

Z.A. du Verdalaï

105, rue du Chemin de fer – Peynier

13790 Rousset

04 42 66 78 22

agrosemens.com

lasemence.bio