En direct de nos fermes installe des distributeurs automatiques de fruits et légumes

L’association valorise les circuits courts autour d’une vingtaine de producteurs du Vaucluse. Elle vend chaque année 80 t de marchandises aux consommateurs locaux. Son modèle de distribution, original, vient d’être récompensé par le Trophée de l’Engagement.

D’un côté des paysans qui produisent, de l’autre des consommateurs qui achètent. L’équation parait simple, mais elle ne l’est pas du tout. Où vendre, où acheter ? Quoi ? En quelles quantités ? En quelle saison ? Au plus près du lieu de production, bien sûr, pour des raisons de fraîcheur, de meilleure valorisation et d’économies de gaz à effet de serre… Reste à organiser concrètement les conditions de vente, et c’est la tâche que s’est fixée l’association En direct de nos fermes.

3 pistes locales

Bien sûr il y a les marchés de producteurs, les AMAP, les magasins de producteurs… Mais bien d’autres systèmes peuvent être mis en place, pour aller chercher des clients non encore adeptes des produits locaux.

En direct de nos fermes et le 1er chalet

Le 1er distributeur installé dès 2017 ©En direct de nos fermes

Alors En Direct de nos Fermes a lancé les distributeurs automatiques de fruits et légumes. Le premier a été installé à l’Agroparc d’Avignon en 2017, un deuxième au Parking des Italiens, et un troisième est prévu au printemps sur l’aire de repos de Morières, au nord d’Avignon. En projet, un quatrième à l’Hôpital.

Distributeurs automatiques

Les salariés de l’association passent commande aux producteurs qui livrent à l’entrepôt de 120 m2 situé sur le MIN d’Avignon. Les premiers approvisionnent les distributeurs. Les consommateurs passent quand ils le veulent, choisissent les produits dans les casiers réfrigérés, paient par carte bancaire et partent avec leurs fruits et légumes frais. Ces distributeurs représentent aujourd’hui 60 % des ventes des producteurs de l’association.

En direct de nos fermes, l'association a choisi les circuits courts

Camionnette et vélo pour livrer au plus près et au plus frais -@En direct de nos fermes

Le Drive Fermier

Autre moyen de vente directe, le Drive Fermier. Il fonctionne depuis avril 2018. Les clients passent commande sur Internet, puis vont chercher leurs produits au point-relais et à l’heure de leur choix. Ici encore, c’est l’association qui se charge de livrer – à Avignon, c’est à vélo – dans une boulangerie, une cave coopérative ou un restaurant. Si une chambre froide est sur place, les clients peuvent acheter de la viande. Une trentaine de nouveaux points de retrait devraient ouvrir à l’avenir. En Direct de nos Fermes développe cette activité.

Avec Agrilocal, un gros CA

L’association a aussi adhéré en 2017 à Agrilocal 84. Cette plate-forme met en relation les paysans et les acteurs de la restauration collective. Elle a été lancée par le Conseil départemental en partenariat avec la Chambre d’agriculture. En constant développement, Agrilocal 84 réunit 160 agriculteurs et groupements et pas moins de 70 collectivités.

En direct de nos fermes

Parking des Italiens Avignon, le 2e distributeur automatique -@En direct de nos fermes

 

Ces dernières passent commande, les producteurs répondent et les clients choisissent. Une école de village a besoin de 15 kg de pommes ? Une agglo de 900 kg de fraises tous les 3 jours ?  La plate-forme et sa force de frappe répondent, là où un agriculteur tout seul ne pouvait le faire.

Et si les collectivités paient plus cher qu’un produit venant d’Espagne ou du Maroc, elles s’y retrouvent. La qualité et la fraîcheur du produit occasionnent moins de gaspillages !

En Direct de nos fermes y réalise aujourd’hui l’un des plus importants chiffres d’affaire du département.

Quelques efforts nécessaires

Au chapitre des freins au développement, la difficulté de mettre l’offre et  la demande en adéquation. Cela passe, pour les acteurs de la restauration collective, par une bonne connaissance de la saisonnalité des produits et par l’anticipation des commandes. Et pour les fournisseurs, par le conditionnement demandé et l’adaptation aux demandes.  Rien d’insurmontable, avec un bon dialogue, voire quelques séances de formation…logo En Direct de nos fermes

A l’heure où la demande en vente directe pour des produits frais et locaux explose, un producteur du Vaucluse sur 3 (hors viticulture) vend aujourd’hui en local, tout –pour la moitié d’entre eux – ou partie de sa production. Et les autres y viennent petit à petit. Pour les éleveurs, certes peu nombreux dans le département, c’est 100% de vente en direct.

Trophée de l’Engagement

Récompensée en novembre dernier par le Trophée de l’Engagement, remis par l’Association Nationale Agrilocal, En Direct de nos Fermes y voit une marque de reconnaissance pour le travail fourni, en particulier envers la restauration collective. Un bel encouragement, même s’il est symbolique, et une preuve destinée aux autres départements que des actions sont possibles.

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Le point de vue d’un producteur

Dominique Florent est  maraîcher à Lagnes. Sur ses 12 hectares, il en garde trois en prairies, pour la biodiversité, et pour les amateurs de camping à la ferme, une aire naturelle pleine de charme qui porte le joli nom du quartier, « La Folie ».

Sur ses parcelles en culture, il produit sous tunnels tomates précoces, concombres, poivrons et aubergines en rotation. Mais sa spécialité, ce sont les oignons et les salades. Et puis il y a les figuiers et les grenadiers.

La ferme la Folie, à Lagnes vend en direct

La ferme vend en direct et accueille les vacanciers @JB


« Domi » vend toute sa production en direct, sur les marchés et auprès des restaurateurs. Alors l’installation de casiers, cet adepte des circuits courts s’y intéressait depuis dix ans ! Quand l’affaire s’est concrétisée, il a tout naturellement été parmi les pionniers.

Diversifier les modes de vente


« Il faudrait en mettre un peu partout, comme les camions à pizza », sourit ce paysan tranquille, « c’est une offre différente et complémentaire des marchés, qu’il faut développer ».
Pour autant, il ne vend ainsi qu’une petite partie de sa production. Sa clientèle principale, il la retrouve sur les marchés de Petit Palais et de Coustellet. Des années de travail, de dialogue et d’écoute qui lui ont permis de nouer des relations de confiance et d’adapter sa production à la demande. La relation est plus compliquée avec le système des distributeurs automatiques.

la Folie à Lagnes

Serres, fruitiers et plein champ, les produits sont vendus en direct @JB

Dialoguer


« Sur les casiers, je n’ai pas la main », regrette le maraîcher. Par exemple, faut-il mettre uniquement des produits de grande qualité ? Ou bien les clients accepteraient-ils du 2e choix, avec un prix adapté évidemment, selon l’usage qu’ils feront du produit ? Difficile de le savoir. Une meilleure adaptation de l’offre aux attentes des clients passera sans doute par un dialogue approfondi entre producteurs, salariés  de l’association et consommateurs.
Autre inconvénient, les conditions de conservation. Elles ne sont pas toujours idéales pour les salades, par exemple. Des limites techniques qui devront être améliorées.
Malgré ces réserves, « Domi » reste optimiste  et « convaincu que ça peut bien marcher ».

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Pour aller plus loin

Agrilocal pour la vente en directLe réseau national d‘Agrilocal a été créée en 2013. Il est implanté dans près de 40 départements. Cette plate-forme virtuelle offre une mise en relation gratuite et immédiate entre les acheteurs publics (écoles primaires et secondaires, hôpitaux, maisons de retraite, etc…) et les fournisseurs locaux (les producteurs, artisans…). Ici pas d’intermédiaires ! Mais le respect des règles de la commande publique.