Les aides à la bio

En France, le bio gagne du terrain par le sud. En 2016, sur les 19 départements qui détenaient plus de 10% de leur Surface Agricole Utile en bio… 18 se trouvaient sur le grand arc méditerranéen. PACA et l’Occitanie (ainsi que la Drôme, l’Ardèche et la Haute-Loire) seraient-elles les messagers de l’alimentation saine de demain ? On peut le penser… à condition que les aides publiques, si importantes en cette période de mutation, s’appliquent dans la clarté.

Car depuis septembre la polémique ne cesse d’enfler sur le désengagement de l’Etat des aides au maintien en agriculture biologique. Petit rappel : lorsqu’un agriculteur change de mode de production, il touche des aides à la conversion pendant cinq ans. Ensuite, durant cinq années supplémentaires, il bénéficie d’une aide au maintien en bio, censée compenser son manque à gagner (les rendements sont parfois plus faibles) et récompenser son engagement au service de l’environnement (un bien commun).

La balle aux régions

Les deux aides sont financées à 75% par le Feader*, à 25% par l’Etat… Dans la pratique, les fonds sont le plus souvent gérés puis versés aux exploitants agricoles par les Régions. Le changement est que l’Etat a décidé de réserver la totalité de sa quote-part à la conversion et non plus au maintien… reportant du coup sur les Régions la responsabilité de trouver des fonds pour continuer (ou pas) à verser cette aide…

La raison ? Sans doute l’Etat pense t-il que la demande croissante du marché bio suffit désormais aux agriculteurs à se passer d’aides post-conversion. Et qu’il est préférable de réserver celles-ci aux exploitants souhaitant franchir le pas. Les acteurs du bio y voient au contraire un coup de canif dans le soutien à la filière et un signal contradictoire à l’heure où les Etats Généraux de l’Alimentation cherchent à inscrire la France dans une voie plus vertueuse.

Dans cette polémique typiquement franco-française, taper sur l’Etat relève depuis toujours du sport national. Supprimer une aide vue parfois comme un dû n’est jamais agréable. Mais rien ne dit que des régions ne prendront pas le relais, même si elles devront trouver des financements. A condition que les reports du maintien vers la conversion soient entiers, encourager de nouveaux acteurs à s’investir dans le bio vaut peut-être mieux que de continuer d’accompagner ceux qui n’en ont plus besoin. Car la conversion réussie de beaucoup est le signe évident qu’ils ont trouvé un écho favorable auprès du public. Et c’est bien là l’essentiel.

*Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader)