la betterave longue en verrine

Depuis bientôt 40 ans, cet exploitant agricole cultive la « longue de Gardanne », une variété qu’il a réintroduite pour le grand bonheur des gourmets. A quelques mois de la retraite, il aimerait que l’on rachète son brevet pour que l’aventure continue.

Pas la langue dans sa poche, le bonhomme ! Et pas le genre à se laisser embobiner. Fond de méfiance paysanne aidant, il faut un peu le travailler au corps pour qu’il consente à se lâcher sur son thème de prédilection, la betterave. Et puis la presse a déjà tant dit sur lui !

Claude Crudeli a retrouvé la betterave longueUn trésor caché

L’histoire de Claude Crudeli, c’est celle d’un fils de paysan, exploitant 13 hectares de terres à Gardanne, en polyculture. Sauf que lui a trouvé le « Graal », pas dans une pochette surprise mais dans une vieille chaussette, selon sa légende : des graines de betterave, la « longue de Gardanne », que son père avaient cachées dedans et que sa mère, en fouillant un jour un placard, a retrouvées.

Une longue de caractère

Bingo ! « Avant la guerre 39-45, 150 hectares de champs de cette variété de betterave étaient cultivés ici. Elle partait à Marseille, Toulon, Nice, Paris et même en Amérique ! Puis elle a disparu jusqu’en 1978, année où nous avons retrouvé les plants », raconte une énième fois Claude Crudeli. A l’entendre, cette « longue » est tout sauf un sous-tubercule de bas étage.

la betterave longuePlus fine que la ronde, lente à pousser – il faut 120 jours entre la plantation de juin et les premières récoltes de septembre -, elle est délicate au goût et lorsqu’elle est bien allongée, elle se coupe en tranches comme du saucisson.

Claude Crudeli en produit 30 t par an, vendues, exclusivement cuites, au marché des Arnavaux de Marseille, à deux revendeurs qui l’écoulent les jours de marché à Gardanne et au restaurant La Table de Beaurecueil, de René Bergès, soutien de la première heure du produit depuis sa « réincarnation ».

 Pas de label rouge

Son nom officiel est la betterave Suiram, l’anagramme de Marius, le prénom de son père. Une marque déposée à l’INPI. Tire-t-il un profit particulier de cette variété rare et goûteuse « qui va bien avec le poisson et avec laquelle on peut faire aussi de la glace » ? Il jure que non.

« Je la vends au même prix que la ronde. La Chambre d’Agriculture voulait me donner un Label Rouge mais le cahier des charges était trop contraignant », explique l’agriculteur. Il n’a pas choisi d’être en bio mais évite de traiter, « sauf quand il le faut pour ne pas perdre la récolte ».

la betterave longue Quel avenir ?

Fier de son parcours, il assure être le seul à posséder les « vraies » graines. « J’ai bien un concurrent à Saint-Andiol (13) qui cultive de la betterave longue mais il n’a pas réussi à retrouver le même goût que la mienne », dit-il, malicieux.

La retraite approchant – fin 2017 – et sans descendance directe, il compte bien cette fois valoriser son « invention ». « Je veux qu’on m’achète le brevet, un travail comme celui-là, cela se paye », assène-t-il. En attendant, cet automne, courrez vite au marché de Gardanne. Ou passez à la ferme, les lundis et jeudis, à partir de 15h (téléphoner avant). La « longue de Gardanne » mérite à coup sûr une troisième vie.

 

Claude Crudeli

Chemin du Capéou

13120 Gardanne

04 42 58 36 94