© Ecoscience

L’association environnementale basée à Brignoles poursuit deux objectifs majeurs : la réduction des déchets commerciaux et la promotion des circuits courts. Son expertise depuis 2000 auprès des collectivités du Var lui permet de répondre désormais à d’autres sollicitations en France.

« De la mer à la terre » résume la trajectoire d’Ecoscience Provence. L’association créée en 2000 pour encourager l’écologie marine et la protection des cétacés est devenue partenaire des collectivités territoriales pour limiter les déchets commerciaux et, par extension, encourager les circuits courts.

Comme il arrive souvent, une rencontre est à l’origine de ce « transfert ». Fondateur de l’association alors nommée Souffleurs d’Ecume, Pascal Mayol, spécialiste en écologie marine, croise en 2009 la route du SIVED. Le Syndicat Intercommunal de Valorisation et d’Elimination des Déchets, en charge du traitement et/ou de la collecte sur les territoires des communautés de communes Cœur du Var, Provence Verte et du Syndicat Mixte de la Zone du Verdon, veut réduire la prolifération des sacs plastiques à usage unique. La plupart proviennent des échanges commerciaux. Une collaboration débute.

 
Ecoscience au marché de Garéoult

Depuis 4 ans, la commune de Garéoult anime avec Ecoscience son « marché engagé », mélange d’investissement en traitement des déchets et en production locale. © Ph. Bourget

Label « marché engagé »

10 ans plus tard, Souffleurs d’Ecume Ecoscience Provence (son nom complet) et le SIVED ont mis en œuvre des solutions de long terme. Le cas du marché de Garéoult en témoigne. Cette place marchande de la Provence Verte bénéficie du titre de « marché engagé », créé par l’association. Les sacs en plastique à usage unique sont bannis. Les forains, mobilisés et accompagnés par le responsable du marché, trient leurs déchets. Certains, comme les cartons, sont recyclés localement.

Ecoscience sur le marché de Garéoult

Le marché de Garéoult, chaque mardi, draine jusqu’à 130 exposants l’été. © Ph. Bourget

Informée de l’existence d’une marque de l’INRA promouvant l’alimentation durable, Ici.C.Local, Ecoscience l’a initiée à Garéoult. Sur une quinzaine d’étals proposant des produits de bouche, les clients identifient désormais, grâce à un étiquetage de couleurs, les denrées vendues directement par un producteur des produits régionaux ou venus d’ailleurs. Car qui dit circuits courts dit forcément moins d’emballages et de déchets.

Ecoscience et le label Ici C Local

L’étiquetage couleurs des produits, imaginé par l’INRA avec la marque Ici.C.Local, a été mis en place sur le marché de Garéoult (Var) par Ecoscience. Ici avec une productrice de fromages de chèvres. © Ph. Bourget

Miramas, Monaco, Ile d’Aix…

A Garéoult, ce travail est réalisé en concertation avec les élus locaux. « La plupart de nos interlocuteurs sont des collectivités ou des acteurs économiques, confirme Céline Bonnet, chargée de mission à Ecoscience. L’aire du SIVED est notre territoire pilote. Mais nous exportons désormais nos projets ». Ainsi, en 2019, le concept de « commerce engagé » est progressivement mis en place à Miramas (13) et à l’Île d’Aix (17). Dans sept communes du Pays d’Aix-en-Provence (Venelles, Rousset, Fuveau…), Ecoscience travaille avec les municipalités pour réduire les déchets produits par les boutiques de proximité et les restaurants.

C.Bonnet d'Ecoscience

Céline Bonnet, d’Ecoscience, sur le marché de Garéoult (Var). L’étiquetage 3 couleurs des produits, imaginé par l’INRA avec la marque Ici.C.Local, a été mis en place dans cette commune sous le pilotage de l’association. © Ph. Bourget

« La prévention existe auprès des particuliers, avec le tri sélectif. Moins auprès des commerçants », souligne Céline Bonnet. La principauté de Monaco, dont le prince Albert est un fervent défenseur de l’environnement, est un autre partenaire. Quant à la relation de travail avec les collectivités, elle est fondée sur le diagnostic et la méthodologie. « Nous n’avons pas de recettes clefs en main. Nous adaptons la démarche aux projets ».

Ecoscience et la récup

Ecoscience fait récupérer auprès des collectivités des bâches événementielles qu’elle fait coudre en ateliers d’insertion pour fabriquer des cabas, accessoires, pochettes…© Ecoscience

Freins économiques

Avec 14 salariés, dont 2 exclusivement dédiés à Souffleurs d’Ecume, l’association a pris un poids qui traduit le cheminement psychologique des élus en matière d’environnement. Et la nécessité de mettre le développement durable au premier rang de leurs préoccupations. Pour des raisons d’image, certes, mais surtout par nécessité écologique.

« Le public, les collectivités portent des messages plus poussés qu’auparavant en faveur de la lutte contre les déchets et la pollution. Ceux qui pensent que cela ne sert à rien sont désormais des exceptions », insiste la chargée de mission. A l’entendre, les freins restent d’ordre économique. Les petites communes ne disposent pas de budgets suffisants pour engager des actions de fond. 

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Pour aller plus loin

Programme STRATUS et économie circulaire

En 2020, Ecoscience ne manquera pas de travail. Dans le cadre du programme européen INTERREG MARITTIMO (l’article de Bleu Tomate sur ce programme est ici), elle pilote sur le terrain le projet STRATUS « d’accompagnement des entreprises touristiques dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales ». Elle a déjà labellisé une dizaine de prestataires, parmi lesquels des fermes, des hébergements, des artisans…

Ecoscience pilote le projet européen STRATUS

STRATUS, projet de l’UE pour labelliser des entreprises touristiques engagées dans une démarche environnementale. Ecoscience pilote le dispositif dans le Var. © Ecoscience

Son partenariat avec le SIVED, lui, devrait se poursuivre. Le syndicat a lancé un appel à projets sur l’économie circulaire, qu’elle compte bien accompagner. Si des élus continuent localement de prendre leur destin environnemental en mains, le développement durable de proximité a de l’avenir.