Faites sans OGM à Montfavet

Les 25 et 26 février, l’association Foll’Avoine  a réuni paysans bio, scientifiques, associations et syndicalistes sur le thème des OGM cachés. Au programme de cette 9ème édition, des conférences, des débats et des stands pour échanger avec le public.

Ils étaient sur le salon…

Association Latitudes

Latitudes à la Faites sans OGMVolontaire en service civique chez Latitudes, Marjorie Bellanger, 21 ans, « croit à un monde plus juste et solidaire ». Ca tombe bien, c’est la raison d’être de cette structure avignonnaise. Sa vocation : « intervenir dans l’espace public pour sensibiliser à l’environnement et proposer des événements ». Latitudes organise ainsi du 28 février au 7 mars la Semaine de l’environnement, à Avignon. Elle participe aussi à la création d’un centre de ressources pédagogiques, en lien avec l’environnement mais également l’égalité hommes-femmes, l’économie solidaire…

assolatitudes.net

Fruits oubliés

Photo 068Créée en 1981 avec entre autres fondateurs Christian Catoire, Christian Sunt et Pierre Boiteux, l’association Fruits oubliés rassemble des passionnés de fruits et met en place des actions de sauvegarde sur le terrain. Elle conduit des actions d’inventaire et de conservation des variétés locales. « Les variétés anciennes locales peuvent répondre aux exigences d’une agriculture basée sur le souci d’offrir des produits sains et nourrissants, avec de faibles niveaux d’intrants », explique Jean-Marie Bernard, représentant l’association Fruits Oubliés PACA. Et d’ajouter : « l’uniformisation et la réduction du nombre de variétés fragilisent l’activité agricole. Elles rendent les cultures plus sensibles aux parasites et réduisent la diversité génétique. »

fruitsoublies.org

La Nef

La Nef est une coopérative financière qui offre des solutions d’épargne et de crédit orientées vers des projets à utilité sociale, écologique et/ou culturelle. Les 37 000 sociétaires qu’elle rassemble ont choisi d’incarner le « changement qu’ils souhaitent pour le monde ». Jean Roux est de ceux-ci. Représentant de La Nef en Vaucluse, il participe à la « Faîtes sans OGM » afin de promouvoir la finance éthique.

lanef.com

Semailles

L'associationSemaillesL’association fait partie du réseau Les Jardins de Cocagne. Objectif ? Aider à l’insertion des personnes les plus éloignées de l’emploi. Comment ? En leur faisant découvrir l’agriculture bio dans les chantiers de l’association, autour d’Avignon. Les légumes cultivés sont ensuite vendus sous forme de paniers (300 par semaine environ) aux adhérents. Les personnes en insertion – une quarantaine de postes à l’année – bénéficient d’un suivi par les accompagnateurs. Semailles  développe aussi une activité d’éducation à l’environnement auprès d’adultes, de scolaires et de centres aérés.

site.semailles.asso.fr


Paroles de Faîtes… (bio)diverses

Mireille Lambertin et une partie de l équipeMireille Lambertin, présidente de Foll’Avoine

Quel bilan tirez-vous de la 9ème Faîtes sans OGM ? « On a vécu une édition très riche en échanges entre les différents intervenants et les associations présentes. On sent que des choses se construisent, il faut aller de l’avant ». Une édition équilibrée entre le thème des OGM et celui des alternatives avec différents témoignages de producteurs locaux, ou encore les interventions de chercheurs.

Un regret : que le grand public ne participe pas plus nombreux à ces débats majeurs pour les citoyens et les consommateurs. Et une inquiétude : cette année, la subvention du Conseil départemental a été réduite et celle du Conseil régional supprimée !

Impossible dans ces conditions d’envisager la reconduction de la manifestation sous la même forme l’an prochain… Mais Mireille Lambertin et son équipe espèrent malgré tout que la Faîtes sans OGM fêtera son 10ème anniversaire !

follavoine.sosblog.fr

Elisabeth David et Christiane Michit, Terre de liens Elisabeth David et Christiane Michit, Terre de liens

« Terre de Liens œuvre pour la sauvegarde des terres agricoles en installant des producteurs bio, et ce, grâce à l’épargne solidaire et à des dons ». Tel est le message porté par Elisabeth David, administratrice de Terre de Liens PACA, accompagnée de Christiane Michit. « La foncière Terre de Liens achète des terres agricoles et les loue à des agriculteurs à vie ».

Toutes deux bénévoles, elles ont rejoint l’association notamment au moment de l’épisode de la ferme des Jonquiers à Aubagne, qui a empêché Alinéa d’acquérir des terres agricoles pour y implanter l’enseigne. « Ce dossier a été l’occasion de nous rassembler autour de la table auprès des collectivités territoriales et de la SAFER avec qui nous entretenons depuis un dialogue ouvert ».

Pour preuve, le dernier projet en date porté par Terre de Liens se trouve justement à deux pas des Jonquiers, toujours sur la commune d’Aubagne. Franck Sillam, ancien épidémiologiste, vient de s’installer sur la ferme maraichère des Roselières.

103 euros la part, déductible des impôts à hauteur de 9% la première année, tel est le ticket d’entrée pour ceux qui veulent participer à la grande aventure Terre de Liens.

terredeliens.org

Jean-Claude Mendoça, ATTACJean-Claude Mendoça, ATTAC

Depuis des années, ATTAC poursuit les mêmes combats contre le nucléaire, les OGM, les gaz de schistes, la dette, la spéculation financière… L’association plaide pour un nouveau modèle de société qui redonnerait toute sa place au citoyen, écarté, selon elle, des décisions qui le concerne. Sa présence à la Faites sans OGM participe logiquement de cette démarche. « Nous nous opposons à un système qui veut nous obliger à servir les intérêts de l’agro business », affirme Jean-Claude Mendoça, adhérent du bureau d’ATTAC du Thor (84). A quelques semaines des élections présidentielles, « sorte de théâtre où l’on manipule le gens », il est temps pour ATTAC de redonner du pouvoir au peuple. « Je suis pour la remise en cause du fonctionnement politique actuel et de l’Union Européenne telle qu’elle existe, au service de la finance », dit Jean-Claude Mendoça. ATTAC, toujours aussi combative…

france.attac.org


Faites sans OGM, « Le Débrief »

Quatre conférences étaient proposées lors de la manifestation à Montfavet, le week-end dernier. Des idées, des initiatives, des combats… En agriculture, d’autres voies sont possibles !

Samedi 25  et Dimanche 26

 « Changeons d’agriculture pour changer le monde »

« Faire petit pour enraciner les rêves ». C’est le leitmotiv des paysans à la tête d’un nouveau modèle d’exploitations, les microfermes : moins d’1,5 ha, portées par des jeunes, hommes ou femmes presque toujours non agriculteurs à la base.

Kevin Morel a écrit une thèse sur les microfermesQu’est-ce qui motive ces nouveaux paysans et leur projet est-il viable ? C’est la question que s’est posé Kévin Morel dans sa thèse à l’INRA. Le jeune agronome a étudié 20 microfermes bios, installées depuis 3 à 12 ans au nord de la Loire.

Dans leur diversité, elles sont toutes portées par un projet de vie. Les nouveaux paysans veulent revenir à la terre et à ses valeurs et cherchent une certaine autonomie.

Selon Kevin Morel, « oui, les microfermes sont viables, même s’il ne faut pas minimiser la complexité de l’entreprise. Le projet aura plus de chances d’être pérenne s’il est cohérent ».

Pour le jeune chercheur, les micro fermes peuvent être une solution d’avenir en secteur péri-urbain. Là où la question du prix du foncier est cruciale. Même si aujourd’hui, elles sont encore peu présentes dans ces zones.

 Quelle agriculture demain ?

François Warlop membre du GRAB« Déspécialiser et diversifier les exploitations », c’est un des messages portés par François Warlop, chargé d’expérimentation au GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique). L’association créée en 1979 à l’initiative d’un agriculteur bio et d’un médecin, inquiets de la dégradation de l’alimentation, a eu pour vocation première de réaliser des travaux de recherche relatifs aux produits phytosanitaires d’origine naturelle.

Conférence à la Faîtes sans OGM Aujourd’hui, le GRAB fait de plus en plus de prospective afin de contribuer à ce que sera l’agriculture de demain. Agroforesterie, agroécologie, biodiversité fonctionnelle sont au cœur de leurs travaux d’expérimentation, auxquels participe une cinquantaine de producteurs locaux. Pour cette table ronde autour du GRAB, Sandrine Le Pinsec, agricultrice à la Durette (Vaucluse), Malvina Malbec et Clément Aude, respectivement apicultrice et paysan boulanger à Bonnieux, ou encore Emilien et Emilie Bonnet, éleveurs de brebis à Lioux (84), sont les nouveaux visages d’une agriculture plus respectueuse du vivant.

L’agriculture paysanne face à Limagrain et autres Monsanto

Deux mondes s’affrontent, inconciliables. D’un côté, les grands semenciers comme Limagrain, « une pieuvre », dit Jean-Luc Juthier, de la Confédération Paysanne, faucheur volontaire. Un groupe très pressant auprès de nos élus qui, à l’image d’autres, « orientent l’agriculture vers des choix techniques, le rendement, la rentabilité, les marchés internationaux (…) en pensant à la consommation, jamais aux producteurs », fustige Bénédicte Bonzi, anthropologue et présidente de l’association Inf’OGM. Qui évoque la récupération des concepts durables (l’agro-écologie), le laisser-aller des politiques, le dévoiement d’instances (telle le Haut Conseil des Biotechnologies, dont elle a démissionné) et va jusqu’à parler d’ethnocide paysan – même si ces paysans possèdent des armes et sont – c’est important – soutenus par une opinion grandissante.

De l’autre côté, les défenseurs d’une agriculture durable, paysans et associations en tête. En chœur, ils évoquent une société soutenable, des cercles vertueux, la liberté de choix, le sens, la justice sociale et environnementale, les actions citoyennes, la résistance civile… Pour l’heure, David contre Goliath…

Les nouveaux OGM : nouvelles promesses, nouveaux périls

Pour Pierre-Henri Gouyon, la diversité génétique des espèces cultivées est « un subtil mélange d’isolements et de proximités », construit au fil du temps et des adaptations par le choix des paysans. Tout sauf une affaire de laboratoire.Pierre-Henri Gouyon

Mais, alors qu’on est encore très loin de comprendre les méandres du génome et de l’épigénome, Yves Bertheau explique que « les techniques se croisent aujourd’hui dans tous les sens et à tous les niveaux de la plante. Sans pour autant que les résultats de ces manipulations soit classés OGM ». Et lorsque ce pourrait être le cas, on procède à des rétro-croisements pour imiter les variétés d’origine tout en laissant des milliers de fragments génétiques dont on ne sait rien des effets.

Finalement pour l’un comme pour l’autre, les nouveaux OGM comme remède aux maux de l’agriculture ne sont rien d’autre qu’un remodelage – enrobé d’arguments naturels – de la technologie mécaniste des années 70’. Mais vouloir pallier ainsi la sécheresse en même temps que les inondations, tout en évitant les dommages collatéraux sur les écosystèmes, est une chose dont on sait qu’elle est vouée à l’échec.