Les haies qui parcouraient autrefois les paysages ruraux ont succombé à la monoculture et au remembrement. En les réimplantant, comme ici au pied de la Sainte Victoire, on ne recherche pas simplement le cachet d’antan. On ramène la biodiversité et la vie dans les terres.

au pied de la sainte-victoire

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Aubépine, cognassiers, genévriers, filaires… plus de 200 spécimens d’une dizaine d’espèces viennent d’être plantés ce printemps à Puyloubier. En grandissant en bordure des vignes du Château Gassier, on espère qu’elles formeront à terme une haie de biodiversité aux innombrables vertus. Pour faire simple, car cela va bien au delà : à la fois attractive pour les pollinisateurs, agent de fixation pour les nuisibles et niche pour les prédateurs auxiliaires des cultures, la haie servira aussi de limite de propriété, de brise-vent et enrichira le paysage.

L’ingénieur écologue naturaliste Julien Baret, aidé de son compère Jean-Michel Petit (et des bras secourables de Bleu Tomate) est à la manœuvre. Son cabinet d’expertises, Biodiv, travaille le plus souvent pour les collectivités territoriales ou les parcs naturels. Traqueur hors pair d’espèces sauvages, il est spécialisé dans le recensement et la mise en valeur de la biodiversité. Cette fois, à la demande du domaine viticole, il en devient pourvoyeur.

haie-vignes-2En grandissant, l’alternance des espèces à feuillage caduque et persistant, de tailles variées et dont les périodes de floraisons s’étalent dans le temps constitueront un haie pérenne. Les végétaux qui la forment ont été réunis auprès de différents pépiniéristes et ce sont des plants de belle qualité. Pourtant, à l’avenir, Julien ne veut pas s’en tenir là.

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« La notion d’apport de biodiversité est galvaudée et ce que nous faisons aujourd’hui est utile mais pas idéal. Réimplanter du vivant dans un lieu devrait se faire avec des variétés véritablement locales et non avec leur équivalent horticole dont l’adaptation et les rapports avec le milieu laisseront forcément à désirer. Qu’il s’agisse des interactions avec les insectes, de la pollution génétique engendrée ou d’autres aspects encore », dit-il.

Or jusqu’ici il n’existe pas réellement en France – et a fortiori en Provence – de pépinières dédiées à la production de variétés endémiques. Cette lacune, Biodiv veut désormais y remédier en adoptant les exigences du label émergeant Végétal Local et en travaillant activement à la création d’une structure de production qui pourrait voir le jour dans le cadre d’un partenariat avec l’enseignement agricole.

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Biodiv

26 av. Jean Moulin – 13100 Aix-en-Provence

09 51 98 20 76

http://bio-div.net/

 

Yann Batlle