les bonbonnes de Marc et Shirine qui accueillent l'atelier cosmétiques naturels

C’est un petit coin de paradis, perdu dans une vallée tranquille près de Pertuis (84). Marc et Shirine y ont construit leur maison, et veillent sur des vignes centenaires qui donnent vin et jus de raisin.

Cet enfant du pays, ancien éducateur,  a été rejoint il y a quelques années par Shirine. Ensemble, ils travaillent  4 hectares et demi de vignes dont les plus vieilles ont été plantées pendant la 1ère guerre mondiale !

Il ne faut pas s’étonner si le vignoble ne ressemble pas à ces champs de terre sans une herbe où les ceps s’alignent  tous identiques !

les vignes et les fruitiersNon ici, c’est liberté totale ! Des plantes en veux-tu en voilà, au milieu des rangs, des arbres fruitiers, et jamais aucune  machine… « On travaille à recréer les équilibres naturels, l’enherbement est d’origine, on ne fait pas de semis  » souligne Shirine. « Il pousse ce dont le sol a besoin » renchérit Marc.

Respect du sol

Quand un cep meurt, nos vignerons le remplacent parfois par un abricotier, un pêcher ou un grenadier (400 fruitiers de variétés anciennes ont ainsi été plantés), voire ils laissent pousser un églantier ou un fusain.

Ils veillent à ce que graminées et autres plantes comestibles ou non soient présentes, que le sol soit vivant, mais pas trop riche.

les bonbonnes videsAutre précaution, la taille à 2 ou 3 porteurs maximum, afin de ne pas épuiser et fragiliser les vieux ceps. Ainsi est prévenue l’apparition de maladies qu’ils qualifient de déséquilibre. Une production de 15 à 20 hectolitres à l’hectare leur suffit. Et ils obtiennent ainsi un vin bien structuré.

Plus bio que bio !

Marc a acheté les vignes en 1992 et les a passées en bio. Puis il a réduit progressivement les intrants –cuivre et soufre autorisés- jusqu’à ne plus rien mettre du tout depuis 2000. Il ne laboure plus les sols et travaille avec le calendrier lunaire.

Leur  vin est certifié par Nature et Progrès, un cahier des charges plus exigeant qu’AB.

Si Marc et Shirine cultivent avec des idées bien arrêtées, leur façon d’élaborer leur vin est tout aussi originale.

« Ici c’est notre cave, la plus grande cave du monde, la terre ! » montre Shirine avec fierté en citant Marc.

Du cep à la bonbonne

une bonbonne pleineEn effet, le raisin est récolté directement dans une barrique équipée d’un fouloir-égrappoir. Au bout de quelques heures ou quelques jours, cela dépend du vin réalisé, le jus est mis en bonbonnes de verre. Objectif : le manipuler le moins possible. Aucune filtration.

Mais pendant un mois, tous les jours, elles sont « bâtonnées ». La mousse qui s’évacue entraîne  avec elle « les bourbes », les impuretés. Et on refait le plein. Les bonbonnes passeront ensuite  tout l’hiver sur le sol, à l’air libre. Aux premières chaleurs de printemps, elles sont enterrées.

Changements climatiques

La récolte 2016 elle, est déjà semi-enterrée, et même les bonbonnes sous la bacheexceptionnellement bâchée pour la protéger des variations climatiques…  Car depuis 2 à 3 ans, les vignerons constatent de nouvelles données climatiques. Par exemple, des changements de température très brutaux (des changements qui se lisent aussi dans l’apparition de nouvelles plantes, comme des cactées, ou dans les modifications des rythmes de fermentation du vin …)

Avec le calendrier lunaire

 Au moment voulu, les bouteilles, placées en contre-bas de la bonbonne, sont remplies par siphonnage. Tout au long du processus de transformation, aucune analyse, sauf celle qui est obligatoire, avant la vente. Tout est fait à l’observation, à l’intuition. En suivant ici aussi le calendrier lunaire. Par exemple, les jours de « nœud lunaire », pas d’intervention sur le vin, il faut le laisser tranquille ! Pour les dégustations, privilégier les jours « fleur » ou « fruit » !

les bonbonnes enterréesC’est Marc qui a inventé la méthode, à partir d’une conversation avec un ancien qui faisait du vin en « mettant le jus de raisin dans une bonbonne et en laissant faire ». Tout ça « donne des vins sensibles mais pas fragiles, qui peuvent se garder très longtemps » conclut Shirine.

Et ça marche

Ils produisent chaque année du vin à partir de leur soixantaine de bonbonnes, mais aussi du jus de raisin et du vinaigre de vin qu’ils vendent sur des salons, à la propriété, au marché de producteurs de Lourmarin, au magasin de producteurs Luberon Paysan ou encore dans des caves à vin nature à Marseille.

les animaux à la fermeIls ont abandonné le maraîchage pour se consacrer au vin qui les fait vivre. Au moment de payer les charges, c’est parfois un peu serré, reconnaît Shirine, mais sur l’année, le budget est équilibré. Et surtout aucun endettement, aucun crédit !

Expliquer leur philosophie

Marc a construit la maison : pierres, terre, briques, plâtre. En projet, une toiture végétalisée. Notre idée maîtresse, « c’est restaurer les équilibre naturels. Les animaux y participent, les chevaux de trait, les ânes, les poules, chiens et chats… et les abeilles. » explique Shirine. Aucune machine électrique, des milliers de bouteilles sont faites avec pas grand-chose, finalement !

Shirine et ses visiteursMarc et Shirine reçoivent beaucoup de visites. Ils participent d’ailleurs depuis sa création à l’opération De ferme en ferme. Ils ouvrent ainsi la propriété et expliquent aux curieux leur façon de travailler et leur philosophie. Quelques jeunes passés chez eux s’installent et adoptent les bonbonnes ou les jarres.

Nature jusqu’au bout

Dans les projets, l’envie de remettre des ceps, mais ils cherchent des pieds non traités, ce qui ne semble pas évident. « Et autre problème : les pépiniéristes proposent des vignes issues de clonage. Pour nous, c’est une atteinte à la biodiversité ! » explique Shirine. « On va essayer par bouturage, marcottage ou greffage en place à partir de vignes sauvages présentes dans nos parcelles … Mais ça prend 5 ou 6 ans au lieu de 2 ou 3, et c’est un énorme boulot ! ».

Mais peu importe. Le plus important pour eux est de travailler sainement. Et de montrer que cela est possible.


La Ferme de Marc et Shirine

Vallon du Réal, campagne le Campement 84120 La Bastidonne

la.ferme.de.marc.et.shirine@outlook.fr

 06 77 99 86 93