le retour de la pistache

Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! L’idée toute récente de relancer la culture de la pistache en Provence  séduit le monde agricole et industriel au-delà de toutes les espérances. Mais la route sera longue avant la 1ère cueillette…

La journée d’information organisée à Saint-Didier le 5 octobre s’est jouée à guichets fermés et la Chambre d’Agriculture du Vaucluse a même refusé plus de 50 personnes ! Au programme de cette journée Innov’action, la question : « se diversifier avec la pistache ».

la pistache aiguise les curiosités des agriculteurs

Une assistance fournie curieuse de la culture de la pistache

Comme pour l’amande il y a quelques années, l’initiative est née du dialogue entre des agriculteurs et des industriels de la pâtisserie, nougatiers et glaciers. Les premiers en quête de diversification, les seconds à la recherche de produits de Provence, plutôt que de l’importation.

Un premier verger expérimental

Aussitôt dit, aussitôt fait, une agricultrice de Vénasque, Georgia Lambertin, a planté l’an dernier un verger expérimental de 50 pistachiers, face au Mont Ventoux. « Le verger martyr », sourit-elle, tant il accumule les contraintes. Un terrain pas vraiment adapté, des plants trouvés avec difficulté, un printemps trop pluvieux, la présence de l’eurytoma, la guêpe de l’amande… Mais le verger de l’espoir quand même…

la pistache reviendra-t-elle en Provence ?

Visite des 50 pistachiers plantés par G. Lambertin

Car en matière de pistache, les agriculteurs de Provence ont tout à réapprendre. Où acheter les plants ? Quelles variétés choisir ? Comment planter, fertiliser, se défendre contre les maladies ? Irriguer ou pas ? Et ensuite, comment récolter, casser ? Avec quelles méthodes et quels outils ?

Tout un savoir à reconstruire

A toutes ces questions, ils sont venus trouver des réponses à Saint-Didier. Sur la partie technique, Fadhel Zribi, ingénieur agronome tunisien spécialiste de la pistache est venu partager connaissances et expérience.

Sur la partie débouchés et commercialisation, Olivier Baussan, fondateur de l’Occitane, président du Roy René et de Maison Brémond 1830 a pour sa part encouragé les agriculteurs à tenter l’aventure. L’industriel achète chaque année 5 tonnes de pistaches, principalement venues des Etats-Unis. Il s’engage, avec d’autres professionnels locaux de la pistache en pâtisserie à passer avec eux des contrats-cadres, comme ils le font déjà pour les amandes. Avec un engagement sur l’achat et le prix.

« Pistache en Provence »

les membres de l'asso "Pistache en Provence"

Les premiers membres de l’association « Pistache en Provence »

Enfin pour lancer les bases d’une filière de la pistache, une association est née le mois dernier. « Pistache en Provence » regroupe justement agriculteurs, industriels et autres bénévoles. Son objectif : favoriser la re-plantation des pistachiers en Provence, défendre les futurs producteurs et développer recherche,  expérimentations et innovations.

Une filière à construire mais à la mode provençale. Dans le Comtat Venaissin, à l’heure du changement climatique, beaucoup misent sur la diversification : vigne, oliviers, amandiers, cerisiers… Alors le pistachier pourrait bien constituer une nouvelle niche rémunératrice. « Et puis au lieu de laisser des terres en friche, il participerait à une réorganisation des territoires » conclut Georgia Lambertin. Et les calissons et autres nougats pourraient s’enorgueillir de l’appellation Provence, gage de valeur ajoutée et de réussite commerciale.


Pour aller plus loin
pas de pistache sur ce pistachier sauvage

les visiteurs devant les pistachiers sauvages

Le pistachier et la Provence, une longue histoire

Originaire de l’Asie Centrale, le pistachier est arrivé en Provence à l’époque romaine et a été abandonné au 20e siècle. D’ailleurs, sur son domaine, Georgia Lambertin compte plusieurs pistachiers térébinthes sauvages.

Adepte des sols secs et drainants et d’un bon ensoleillement, le pistachier supporte des températures de -30 à + 45° ! Et sait se contenter de sols pauvres… mais pour la 1ère récolte, il faut attendre 5 ans !

Le marché mondial de la pistache

La production mondiale annuelle est de 630 000T. L’Iran produit 40%, la Turquie 28% et les USA 24%. La France en consomme 10 000T par an, importées à 96%.

La 1ère journée Innov'action 2018 en VaucluseLa pistache à toutes les sauces

Fruit sec à coque, la pistache présente une grande valeur énergétique. Elle comporte 50% de matières grasses, des protéines et des glucides et elle est riche en potassium, cuivre, magnésium et fer. Elle se consomme crue, grillée, en sauce, dans les farces, terrines ou pâtés mais aussi en pâtisserie, dans les glaces, crème et bien sûr nougats et calissons.

Les Journées Innov’Action

Chaque année, les Chambres d’Agriculture mettent en place des journées techniques à l’attention des agriculteurs. Particularité d’Innov’Action : ce sont des agriculteurs innovants qui accueillent leurs collègues en ouvrant les portes de leur ferme. C’est la 4e année que cet évènement est mené en PACA., du 6 septembre au 13 novembre.