INTERREG ET TOURISME DURABLE

Avec le programme transfrontalier INTERREG MARITTIMO, l’Europe finance des projets de tourisme responsable en France et en Italie. Ce travail profite au Var, aux Alpes-Maritimes et à la Corse mais exige, au-delà de la présentation faite le 12 juin à Marseille, une promotion claire auprès du grand public.

SMARTIC, PROMOTEA, ITINERA, SISTINA, STRATUS, INTERREG… Ces acronymes ne vous disent rien ? A nous non plus. Du moins jusqu’à mercredi 12 juin, jour de la présentation de ces projets à la Cité de l’Agriculture, à Marseille. Il y fallait une bonne dose d’attention pour cerner leur objet et comprendre comment chacun était mis en œuvre.

Résumons. Grâce au programme de coopération transfrontalier INTERREG MARITTIMO, l’Union Européenne finance, sur la période 2014-2020, des projets de « croissance intelligente, durable et inclusive » dans le centre-nord de la Méditerranée. Soit, pour faire court, en France et en Italie. Le tourisme en est une des composantes. Cinq régions sont concernées : la Ligurie, la Toscane, la Corse, la Sardaigne et la Région Sud PACA. Le Var et les Alpes-Maritimes sont dans la boucle. Mais pas les Bouches-du-Rhône, considérées comme trop éloignés de la façade maritime italienne – admettons.Interreg Marittimo

Un programme, cinq projets

C’est là que les choses se corsent. De nombreuses initiatives locales en faveur du tourisme durable peuvent prétendre à ces financements. Elles doivent s’inscrire pour cela dans un des 5 projets fléchés d’INTERRREG MARRITIMO : PROMOTEA pour l’agrotourisme ; ITINERA pour les « excursions innovantes et environnementales dans l’arrière-pays à destination du tourisme de croisière » (sic) ; SISTINA pour « diversifier et désaisonnaliser l’offre touristique locale » ; SMARTIC pour « promouvoir la durabilité sociale, culturelle et environnementale du secteur touristique » ; et STRATUS « pour accompagner les entreprises touristiques dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales [et] leur engagement écoresponsable ». Ouf ! Ceux qui y voient déjà des redondances en seront pour leurs frais : les projets sont supposés ne pas se chevaucher…

La Région Sud PACA coordinatrice

Chacun des 5 projets est affecté d’une ligne de crédit d’environ 1 million d’€. Côté français, ils sont coordonnés par la Région Sud PACA et pilotés sur le terrain par différents acteurs, la CCI et la Chambre d’Agriculture du Var, AViTeM, le GIP FIPAN et l’association Ecoscience Provence.

Les intervenants pour Interreg tourisme durable

L’ensemble des intervenants lors de la présentation des projets INTERREG MARITTIMO. Debout, Romain Goura, responsables projets au GIP FIPAN, en charge de SISTINA. © Ph. Bourget

Insondable pour l’européen moyen, le magma technocratique de Bruxelles a toutefois une vertu : il accompagne ici une lame de fond du tourisme qui provient d’une conscience environnementale croissante et d’un désir des touristes de voyager autrement.

« Nous sommes en train de passer d’un tourisme de consommation à un tourisme expérentiel », résumait Tony Damiano, exploitant agricole bio et propriétaire de chambres d’hôtes à Vallauris (La Bigarade). Le producteur d’agrumes a bénéficié du projet PROMOTEA. Son domaine est inscrit dans un nouvel itinéraire agrotouristique tracé de l’arrière-pays azuréen à la Méditerranée. Objectif : faire découvrir aux visiteurs les « senteurs » et les gourmandises cachées de la Côte d’Azur.

Packages touristiques, itinéraires, labellisation…

Impossible d’évoquer ici toutes les initiatives ayant bénéficié de l’un ou l’autre des projets. Parmi elles, citons quand même la ferme pédagogique de Tiavan, à Brignoles, accompagnée et certifiée « qualité environnementale » grâce à STRATUS ; une ferme de séjour en agroforesterie dans le Var, labellisée « Qualité Made » (soit : « bonne adresse authentique ») dans le cadre de SMARTIC ; le gîte paysan des Bouissets, à Artignosc-sur-Verdon (Var), intégré dans l’itinéraire « Escapade en famille entre Verdon et Provence Verte », avec PROMOTEA…

Tourisme durable dans le Var

l’Europe soutient le tourisme durable dans le Var et les Alpes-Maritimes

Au total, ces dispositifs ont permis la création de 3 parcours agrotouristiques (PROMOTEA), 12 packages touristiques (SISTINA), 2 itinéraires pour croisiéristes (ITINERA). Ils ont conduit à valoriser 58 entreprises écotouristiques (STRATUS) et d’en labelliser 74 (SMARTIC). La question de la visibilité de ces offres est cependant posée. La conférence de presse avait certes un objectif de communication à destination des médias mais aussi, on l’a senti, d’explication de texte à l’adresse des acteurs eux-mêmes ! « L’intérêt est de se connaître entre nous et de travailler à une capitalisation des projets », reconnaissait Tatiana Lambert, référente territoriale du programme INTERREG MARITTIMO, à la Région Sud PACA.

Une application commune aux 5 projets ?

Au-delà, dans le maquis des offres touristiques, labels et certifications « vertes », le consommateur ne sait plus à quel saint durable se vouer. Adapter les produits à la demande et aider leurs promoteurs à y parvenir grâce à de l’argent public est louable. Mais la communication et la commercialisation sont tout aussi vitales. Et ce ne sont pas les sites Internet de chacun des acteurs, par trop institutionnels, qui vont y contribuer. Une application commune aux 5 projets a été évoquée. C’est une idée. L’univers abscons des acronymes technocratiques doit être relayé par un message clair, synthétique et fédérateur auprès du grand public. Histoire qu’il comprenne qu’on peut désormais venir, en Provence, en Corse ou côté transalpin, passer des vacances complètes durables et écoresponsables.