Nathan Gil

Le mouvement « Nous voulons des Coquelicots » se bat pour interdire les pesticides de synthèse en France. Mobilisation de rue, actions de sensibilisation… pour comprendre l’engagement de ces citoyens, nous avons rencontré le lycéen de 17 ans, qui mène à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) les rassemblements depuis le 1er jour.

Au milieu du regroupement qui se forme tous les premiers vendredis du mois sur la place de la mairie de Mouans-Sartoux, se trouve un jeune homme qui s’affaire à la mise en place des pancartes, discute avec les badauds, s’affaire à d’autres tâches…. Tout sourire, nous imaginons qu’il est venu, comme les autres bénévoles du mouvement, aider à la logistique du rassemblement. Pas tout à fait… Car Nathan Gil prend ensuite une feuille entre les mains et se lance dans un discours à la cantonade. Le public, curieux ou habitués réunis, ainsi que Pierre Aschieri, maire de la commune très engagé en faveur de l’écologie, l’écoute. Nathan Gil, lycéen de 17 ans, est à l’initiative des rassemblements mensuels « Nous voulons des Coquelicots » du village depuis octobre 2018.

Nous voulons des coquelicots réunion

Rassemblement Place Jean Jaurès à Mouans-Sartoux

La force de l’engagement n’attend pas le nombre des années

« J’ai toujours été sensible aux causes citoyennes. Je pense que nous devons être libres. Décider de ce que nous voulons ou pas. Surtout sur un sujet aussi fondamental que l’alimentation. Car il est prouvé que la nourriture est notre premier médicament ! », explique Nathan. 

Nous apprenons que le jeune homme est élève en 1ère au lycée agricole d’Antibes. Ce qui pourrait expliquer sa sensibilité aux causes environnementales. Nous cherchons à comprendre comment il s’est retrouvé à la tête du mouvement des coquelicots à Mouans-Sartoux.

« J’ai découvert le mouvement lors du 1er rassemblement en octobre 2018 pendant le festival du livre de Mouans-Sartoux. Edgar Morin était invité. Il a donné une visibilité extraordinaire à l’appel de l’association « Nous Voulons des Coquelicots ». Cela m’a interpellé. Comme je ne savais pas si le mouvement allait continuer, j’ai décidé d’organiser le rassemblement du mois suivant. Au départ j’étais seul. J’ai pris les choses en main comme j’ai pu. J’ai organisé mon premier évènement avec mes moyens : la déclaration de la manifestation en mairie comme la création de la page Facebook du groupe mouansois mais aussi les quelques achats pour le pot de l’amitié et l’impression des fiches pour la signature de la pétition !» s’amuse-t-il.

Quand nous l’interrogeons sur ce premier rendez-vous, il nous affirme que « dès le début, je me suis retrouvé entouré d’une équipe qui s’est créée spontanément. On est solidaires, attachés à la cause. Depuis, nous nous réunissons régulièrement en amont et participons aussi à des actions ponctuelles ».

Nous voulons des coquelicots Equipe Mouans Sartoux

L’équipe de bénévoles au complet : Nathan Gil, Jean-Paul Thomas, Valérie Weinhard, Monique Trinel, Jean-Michel Guillet, Christine Burnier et Danielle Gallais

Au regard des rendez-vous qui ont lieu maintenant depuis 7 mois, Nathan nous rappelle que chacun, avec un peu de volonté, peut créer une émulation collective.

Objectif : un maximum de signataires !

Evidemment l’ambiance est bon enfant lors des rassemblements. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’objectif est de faire parler du mouvement, de débattre avec les curieux plus ou moins convaincus des dangers que représentent les pesticides de synthèse, et de faire signer la pétition au plus grand nombre. L’objectif national est de 5 millions de pétitionnaires à l’horizon septembre 2020.

« Je milite pour l’arrêt des pesticides de synthèse en France. Les lobbys industriels qui les commercialisent sont puissants et pour leurs intérêts, ils détruisent la biodiversité, la santé, la chaine alimentaire, les sols, l’agriculture. Il faut une mobilisation générale.  Mais pas seulement pour signer. Pour faire prendre conscience de la catastrophe écologique que ces pesticides représentent et faire réagir les politiques », indique Nathan.

Pour toucher un public toujours plus nombreux, Nathan et sa bande participent à d’autres manifestations où la préoccupation écologique est une cause commune. Comme les marches pour le climat. « Les gens sont déjà sensibilisés à la cause écologique. Les signatures sont plus faciles à recueillir. Nous avons encore besoin de faire connaitre le mouvement car nous n’en sommes qu’au début. Nous souhaitons trouver des relais qui permettent de faire rayonner plus largement notre cause. », conclut Nathan.

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Pour aller plus loin
Logo Nous voulons des coquelicots
L’association « Nous voulons des coquelicots »

Constituée de bénévoles et présidée par Fabrice Nicolino, journaliste engagé pour la cause environnementale, elle a lancé le 12 septembre 2018 un appel national à la résistance pour l’interdiction des pesticides de synthèse.

L’objectif de 5 millions de signataires de la pétition en septembre 2020 doit être atteint par la constitution et l’animation volontaire de groupes locaux par des citoyens engagés. Ces groupes se réunissent pour sensibiliser le public à l’impact de l’utilisation des pesticides de synthèse tous les premiers vendredis du mois à 18h30, en général devant les mairies. Au niveau national, en avril 2019, environ 730 groupes existent et plus de 610 000 signatures ont ainsi déjà été recueillies.

A Mouans-Sartoux, le 1er anniversaire du mouvement sera concomitant au festival du Livre de la commune. Marie-Louise Gourdon, maire adjointe en charge de la Culture nous indique qu’il aura une saveur particulière. « Nous avons invité Emilie Loizeau (qui a composé une chanson, Viens avec moi mon vieux pays, pour soutenir le mouvement). Elle viendra pour un concert unique. C’est un cadeau qu’elle fait à notre engagement. Fabrice Nicolino et Isabelle Autissier devraient être également présents ainsi qu’Edgard Morin, qui devrait revenir. C’est un privilège pour Mouans-Sartoux », glisse Marie-Louise Gourdon dans un sourire.