Face à l’ampleur de la perte de production de leurs vignes gelées en avril 2017, Arnaud et Elisabeth Mary, vignerons bio au Domaine des Jardinettes, à Villelaure (84), misent sur la pérennité de leur jeune exploitation avec une cuvée spéciale placée sous le signe de la solidarité.

« Les aléas climatiques, j’ai l’habitude d’y faire face mais je n’ai jamais connu une gelée de cette ampleur au niveau national », témoigne Arnaud Mary. Issu d’une famille de vignerons, Arnaud a commencé un cursus en pharmacie pour revenir à des études d’œnologie et de viticulture. Et cela fait pratiquement 20 ans qu’il officie en tant que conseil en œnologie pour des caves viticoles ou dans la direction de vignobles du sud de la France.

 En 2015, avec son épouse et collaboratrice, il décide de se lancer à son compte. Il reprend alors l’exploitation du Domaine des Jardinettes, suite au départ à la retraite de la propriétaire. Loin d’imaginer que son démarrage d’activité puisse être mis rapidement en péril.

Mais en avril 2017, le gel est d’une ampleur particulièrement importante en France et n’épargne pas les vignes du Domaine des Jardinettes.

La nuit du 28 avril 2017 a été particulièrement destructrice pour certaines  parcelles. « Une gelée noire, comme on l’appelle dans le métier. Au total nous avons perdu 50% du volume de notre production ».

Crédit Domaine des Jardinettes

Face aux dégats, quelles solutions ? 

Homme de la terre et battant, Arnaud n’est pas du genre à baisser les bras. Il s’intéresse alors à toutes les solutions qui s’offrent à lui.

En premier lieu, son assureur.  Alors que peu de domaines viticoles font le choix d’assurer leur production de raisin, Arnaud, prévoyant, a effectué cette démarche.

« L’assureur a retenu une perte de 50% de notre volume de production mais nous avons un contrat avec une franchise de 30%, nous ne serons indemnisés qu’à hauteur de 20% ce qui est insuffisant pour couvrir le manque à gagner à venir ».

Dans un second temps : l’arrêté préfectoral publié en aout 2017 qui, face aux conséquences du gel dans les exploitations du Vaucluse, autorise les vignerons à acheter du raisin sur d’autres exploitations pour maintenir leur volume de production. Cependant, les pertes généralisées dans la région et le faible nombre de producteurs certifiés bio ne lui permettent pas de trouver de raisin à vinifier.

Une troisième solution pourrait être de pallier le manque de quantité par une hausse des prix. En effet, cette jeune exploitation qui vend ses bouteilles au Domaine dans une fourchette de prix de 6€ à 10€ est déjà récompensée dans des concours. Elle est sollicitée dans toute la France mais aussi à l’export, au Canada et en Amérique du Sud.

Mais Arnaud a des convictions bien ancrées. Sur le bio, évidemment, mais également sur l’équité. Il souhaite maintenir la fourchette de prix de vente pour ses cuvées classiques. « Je m’attache à produire des vins de qualité, loyaux et accessibles. Je souhaite que chaque client qui rentre ici puisse se faire plaisir». L’idée vient alors de produire une cuvée spéciale.

Conditions exceptionnelles : cuvée exceptionnelle 

« Sur les parcelles les plus touchées, 15% de la récolte a pu être sauvée ». Les raisins qui y ont muri ont des caractéristiques organoleptiques particulières puisqu’ils sont issus de parcelles gelées, avec un rendement minime et ils ont réussi à arriver à maturité ensuite malgré un été 2017 particulièrement sec. Leur jus est donc particulièrement concentré.

grappe victime du gel

Grâce à son expérience, Arnaud a eu l’idée d’isoler ces récoltes dans des cuves spécifiques. Il crée ensuite un assemblage et une vinification qu’il a déjà réalisé par le passé pour de « grands rouges », afin d’élaborer un vin de garde différent de ses cuvées classiques pour le proposer à un prix qui devrait avoisiner 20€ par bouteille. Prix de vente qui lui permettrait de maintenir son chiffre d’affaires.

Son travail de vinification sur cette cuvée est déjà récompensé par une Médaille d’Argent au Concours Général Agricole de Paris 2018.

Cette cuvée sera classée en vin de pays puisque l’assemblage est composé de Grenache, de Syrah et de Cabernet Sauvignon, cépage qui ne rentre pas dans l’appellation Lubéron. « Je suis conscient que nous ne sommes pas en appellation Chateauneuf du Pape et que le prix peut paraitre élevé», reconnait-il toutefois.

C’est pourquoi, il s’attache actuellement à l’élevage de sa future cuvée dans les barriques du Domaine, mais également au travail sur le packaging. « Je veux différencier cette cuvée. Que mes clients s’y retrouvent sur le plan gustatif mais également dans l’objet, c’est important pour moi ».

Cette cuvée solidaire devrait pouvoir être mise en bouteille au mois de juin. Elle sera vendue uniquement au Domaine avec une vente en primeur possible. Sans doute le moment d’allier le plaisir de la dégustation avec une bonne action ! 

Cuvées Caprice de Jade. Crédit Domaine des Jardinettes

En savoir plus

Domaine des Jardinettes à Villelaure

Exploitation sur 30 hectares en bio.

Une étoile au Guide Hachette pour le Caprice de Jade 2016. Un Macaron au concours des vins d’Orange pour sa cuvée Les Caprices de Jade 2016.

Citée parmi les meilleurs vins en 2017 par la Revue des Vins de France.

Médaille d’Argent CGA de Paris 2018 pour la cuvée solidaire.

04 90 77 99 40

domainedesjardinettes.com