Retour des amandes en Provence

Symbole de la région où elle pousse depuis des siècles, l’amande est devenue quasi anecdotique. 270 ha d’amandiers seulement ! Loin derrière la Californie et l’Australie, la France produit 500 t par an. Mais elle en consomme 60 fois plus ! Face au boom de la demande, la relance des vergers a sonné.

C’est au lycée agricole Louis Giraud de Carpentras que s’est tenue ce mercredi 21 février la deuxième journée technico-économique de l’amande en PACA. Manière de faire le point sur l’avancée du plan de relance en cours. Aux manettes, le Syndicat de l’Amande et la chambre régionale d’agriculture, soutenus par l’institution régionale.

les professionnels pour relancer l'amande

Une assistance attentive

Objectif : replanter d’ici 5 ans 1000 ha d’amandiers, principalement en Vaucluse, Bouches-du-Rhône et Alpes de Haute-Provence. Un projet né de la demande des transformateurs, soucieux de travailler et de vendre un produit local et de qualité. Une belle opportunité pour des producteurs de cerises, par exemple,  de se diversifier et de garantir ainsi un peu mieux leurs revenus.

Le plan de relance de l’amande en Provence

Mais une filière ne se crée pas d’un coup de baguette de magique ! Réunir tous les acteurs, de l’amont à l’aval, faire le tour des terrains potentiellement favorables à la culture, réunir la documentation scientifique et technique (et justement, elle est très peu fournie…), trouver les outils d’aide au financement… ce n’est pas facile.

B. Martin et A. Pinatel pour la relance de l'amande en ProvenceUn beau défi qui avance d’un bon pas ! C’est en tout cas l’avis du président du syndicat des amandes de Provence, André Pinatel. « Le plan se développe bien, 200 ha ont été plantés l’an dernier, c’est conforme à nos prévisions. Les pépiniéristes ont même du mal à répondre à la demande  » ! De leur côté, l’INRA et les techniciens des structures professionnelles se sont mis en ordre de marche. Et commencent à prodiguer conseils et recommandations.

Toute une filière à construire

C’est que l’amandier n’est pas si facile à conduire et les ravageurs nombreux et féroces. Mais le terroir provençal et son ensoleillement implacable offrent tous les espoirs.

Présidente de la Commission Agricole à la Région, Bénédicte Martin est elle aussi optimiste. «  Avec l’Agence Régionale de l’Innovation, nous tentons de structurer toute la filière. C’est bien de convaincre des producteurs de se lancer, mais il faut aussi leur garantir des débouchés et une rentabilité. Se diversifier doit se traduire par de la valeur ajoutée et notre volonté c’est d’aligner les planètes ! »

D’autant qu’un nouvel astéroïde à la trajectoire fulgurante s’est manifesté dans le paysage. Qui pourrait  venir booster encore l’affaire !

Monsieur Amande France

A. Montebourg M. amande France

A. Montebourg explique son plan

Pas moins qu’un ancien ministre, chantre du Made in France, est intervenu à Carpentras, pour présenter sa toute nouvelle société, la Compagnie française de l’amande méditerranéenne. Son idée est de relancer la production française du fruit à coque. Arnaud Montebourg – oui, c’est bien lui –  propose aux producteurs « une alliance en tant qu’investisseur, un modèle innovant et performant… La valorisation de la terre, pas son acquisition ! Une forme de coopération, en quelque sorte. »

L’ancien ministre veut créer 70 fermes de 15 à 20 ha en moyenne, en Provence mais aussi en Corse et en Occitanie. Pour lui, il s’agira d’une culture principale.

Demain une amande Provence ?

Pas vraiment le même projet, souligne André Pinatel, qui préconise le développement de l’amandier comme complément de revenu. Mais les deux sont complémentaires et entreront en synergie. Par exemple, grâce à l’accord trouvé par Arnaud Montebourg avec l’INRA. Ou encore si une forte production locale peut stabiliser les prix et le marché.

L’amande de Provence serait-elle donc sur le point de renaître ? En tout cas, l’objectif est bien de mettre en place un signe de qualité. Mais ceci est une autre histoire !


Pour aller plus loin

« Lagnes, ville de l’amande  » ?

L'amande pourrait revenir à Lagnes

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Dans le village accroché aux pentes des Monts de Vaucluse, il se dit qu’avant 1850, l’amande était la culture principale… Difficile à vérifier, et si l’on trouve bien aujourd’hui des amandiers chez des particuliers, aucun verger en production ! Pas de quoi décourager le maire et ses élus qui ont décidé de se mettre sur les rangs, pour participer à tout projet ou expérimentation dans le cadre du plan de relance régional.

Informations ont été données aux agriculteurs du village, ils sont aujourd’hui moins d’une dizaine. Et voient d’un bon œil tout effort pour introduire une diversification de leurs productions et de leurs revenus.

Alors à Lagnes, tous sont prêts et intéressés : soutien technique ou financier, on attend que le plan se déploie et on y participera avec zèle !