Pivots du Parc Naturel Régional, agriculture et biodiversité sont dans les Alpilles en interaction intime. C’est ainsi très naturellement que les « pratiques agricoles alternatives » ont été le thème du Forum européen LIFE pour la préservation de la nature organisé par le parc.

Les 18 et 19 avril se tenait à Maussane-les-Alpilles le Forum européen sur les pratiques agricoles alternatives. En fond, le programme européen LIFE de préservation de 13 espèces d’oiseaux (dont le circaète) dans lequel est engagé le PNR. Or c’est dans l’entièreté d’un écosystème que la biodiversité prend tout son sens. Au delà du cadre LIFE, le forum aura donc surtout été l’occasion de montrer les intérêts croisés entre biodiversité et approches agricoles alternatives. Serait-il question d’agroécologie ? Clairement oui.

Parmi les expérimentations présentées, plusieurs cas régionaux. Mais aussi, par exemple, la vision actuelle des vertus de la biodiversité en agriculture selon l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Ou encore l’amélioration de la rentabilité sur des oliveraies espagnoles grâce à la biodiversité. François Warlop, du GRAB* a dévoilé à ce titre quelques chiffres édifiants… Cumulés, les services rendus à l’échelle mondiale par la biodiversité représenteraient près de 2000 milliards de dollars.

La biodiversité, une richesse en centaines de milliards

Bande fleurie en verger, un bon retour sur investissement! (photo F. Warlop)

À l’échelon régional qu’il observe au quotidien, il explique plus prosaïquement que « la Biodiversité dans le biotope de l’olivier est certainement la meilleure des réponses à la mouche de l’olive ». Et qu’au lieu des semences onéreuses vendues par les industriels, il est possible de semer une flore locale à bas coût, bien plus durable et efficace. Sans oublier toutefois de rappeler que l’on ne peut pas tout miser sur la biodiversité. « C’est l’un des outils de l’agroécologie parmi d’autres ».

De la même façon, d’autres intervenants auront parfois rappelé les limites des alternatives qu’ils présentaient, en bio ou non. Comme toujours en agriculture, il n’y a pas de solution toute faite. Plutôt un savoir modulaire et continuellement alimenté par l’expérimentation. Une palette de possibilités innovantes dans laquelle l’agriculteur peut puiser en fonction de la culture qu’il mène. En fonction aussi des qualités propres de son terroir.

Entre innovation et reconnaissance des savoirs anciens

Moutons en agroforesterie : désherbage et autres services (photo F. Warlop)

Reste que sur un territoire comme celui du Parc Naturel Régional des Alpilles, parler de pratiques innovantes peut parfois apparaître comme un non-sens tant la notion d’agroécologie entre en résonance avec un savoir-faire ancré de longue date. C’était l’objet d’une présentation par l’association Geyser sur « Les savoirs écologiques paysans ». Un travail mettant l’expérience agricole au centre du changement et édité chez Actes Sud.

Eric Blot, directeur du parc, insiste d’ailleurs sur ce point : « Avant toute chose, nous sommes un territoire privilégié. Il y a une raison à l’existence des Parcs Naturels Régionaux qui ne tient pas seulement au projet d’avenir mais aussi à la reconnaissance et à la conservation d’une pratique existante ». Entre progrès et tradition paysanne, Claude Sanchez, 1er adjoint à la mairie de Saint-Etienne-du-Grès fait finalement la synthèse : «  Ce n’est pas qu’une question de pratique mais aussi d’intelligence. On a affaire à des paysans qui savent évoluer. Garder le meilleur tout en s’ouvrant toujours à de nouvelle possibilités ».

Toute une région de parcs

PNR des Alpilles

Et s’il faut juger à travers ces qualités paysannes les capacités d’un territoire à préserver son patrimoine vivant, alors la région PACA a manifestement tous les atouts pour elle. « On arrive aujourd’hui à une continuité territoriale des PNR en PACA, au point de pouvoir pratiquement sillonner toute la région en passant continuellement d’un parc à l’autre », ajoute Éric Blot.

Dernier en date, le PNR de la Sainte-Baume vient officiellement de voir le jour. À la grande satisfaction de Jean Mangion, président du PNR des Alpilles ainsi que de l’association des PNR de PACA : « Tous les élus au départ réticents, qui voyaient dans la création d’un PNR une perte de pouvoir potentielle, sont aujourd’hui heureux ». Qui a dit que bonne gestion des aspirations humaines et préservation du vivant n’avaient rien à se dire ?

* Groupe de recherche en agriculture biologique