collecte de l'huile usagée par Oléo Déclic

L’association marseillaise qui collecte l’huile usagée des restaurants et la transforme en biocombustible vient d’être récompensée par la Fondation de France. Immersion dans les rouages d’une filière prometteuse.

Les HAU, vous connaissez ? Huiles Alimentaires Usagées. Longtemps considérées comme des déchets, elles pourraient bien devenir l’une des nombreuses clés de la transition énergétique comme en témoigne l’activité croissante d’Oléo-Déclic. Créée en 2011, l’association collecte – gratuitement – les huiles de friture auprès d’une centaine d’établissements de restauration sur tout le territoire de la métropole marseillaise ; première bonne idée ! Ce déchet est ensuite transformé en biocombustible par un procédé de décantation et de filtration, et ça, c’est la seconde bonne idée !Transvasement à la station

Mets de l’huile, pas du fioul !

Ainsi, en 2015, ce sont près de 35 000 litres de HAU qui ont été collectés, et 500 personnes qui se sont chauffées à l’aide du biocombustible fourni par Oléo-Déclic. A Six-Fours, dans le Var, le bâtiment des services techniques et deux écoles primaires se chauffent à l’huile de friture. C’est la même chose pour l’incubateur d’entreprises sociales et solidaires d’Inter-Made à Marseille. Moins de déchets, moins de pollution, moins d’énergie fossile… A ces qualités, Oléo-Déclic ajoute la création d’emplois non délocalisables. Cette démarche particulièrement pertinente vient donc d’être saluée par la Fondation de France qui lui a attribué ses « Lauriers », au titre d’initiative locale particulièrement novatrice et exemplaire.

Valoriser oui, mais tout près…

Seule ombre au tableau, l’huile usagée étant jusqu’à présent cantonnée au statut de déchet, son utilisation en biocombustible n’était autorisée que pour de petites installations (moins de 100KW), ce qui avait pour conséquence de limiter les débouchés. La plupart des HAU collectées étaient donc transportées par camion en direction d’usines de production d’agrocarburant. Un véritable paradoxe en matière d’impact environnemental !

l'huile usagée est transvaséeDésormais, grâce au travail de fond mené notamment par Oléo-Déclic auprès du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, l’huile usagée est sortie du statut de déchet. Une fois transformée, elle pourra ainsi connaitre de nouveaux usages collectifs ou professionnels, au plus près de sa collecte. « Certaines communes l’attendaient avec impatience« , explique Alain Vigier Directeur de l’association. « Les Pennes Mirabeau près de Marseille avaient voté en 2014 la conversion d’une chaudière pour chauffer des bâtiments techniques, mais le projet était suspendu en attendant le résultat de cette demande de sortie du statut de déchet. »

Même si certains freins ont encore besoin d’être levés, comme l’absence de fiscalité incitative, ou l’autorisation d’utiliser le biocombustible dans des groupes électrogènes, Oléo-Déclic entend bien poursuivre le développement d’une filière de valorisation des HAU en circuit court, et contribuer ainsi à l’édification de la transition énergétique.

Pour aller plus loin :
Paroles d’utilisateurs

Clément Renault, Chef du restaurant Chez Fonfon à Marseille. Oléo-Déclic collecte les huiles alimentaires usagées de cet établissement depuis janvier 2015.

« Nous avons choisi de faire appel à Oléo-Déclic pour la collecte de nos huiles de fritures depuis janvier 2015. Notre volonté était de valoriser nos déchets et de donner une seconde vie à un produit devenu inutilisable pour nous. 

La notion de circuit court est un vrai plus, plutôt que de collecter les mêmes produits loin des sites d’exploitation, autant se servir de ceux présents autour. Les restaurants ne manquent pas dans la région est donc le fameux sésame d’Oléo-Déclic non plus. Moins de transport c’est aussi moins de pollution pour l’environnement.

Nous avons beaucoup de chose à porter de main que nous pouvons réutiliser, transformer, retravailler pour préserver notre environnement immédiat, amoindrir ne serait-ce qu’un peu l’effet néfaste que nous avons sur celui-ci. Nous avons besoin de plus d’entreprises comme Oléo-Déclic pour changer notre mode de consommation, et préserver la nature pour les générations futures. »

Cédric Hamon, Directeur de l’incubateur d’entreprises sociales et solidaires Inter Made, chauffe les locaux de sa structure à l’huile alimentaire recyclée depuis 2007.

« Inter made a pour objet d’encourager et d’accompagner l’innovation sociale. Naturellement, lorsque la possibilité d’utiliser une énergie renouvelable et locale s’est présentée nous n’avons pas hésité. Nous pouvions franchir le cap très facilement, il a suffi de modifier légèrement le matériel existant et c’était parti ! Nous sommes livrés sans même avoir à nous en préoccuper, tout fonctionne et la facturation est transparente et lisible.  Notre intérêt pour les circuits court va bien au-delà de la sensibilité, nous sommes convaincus qu’une économie relocalisée participera grandement au progrès social dont nous et nos concitoyens avons besoin. »

Oléo-Déclic

18 rue du Transvaal
13004 Marseille
04 86 11 04 74 // contact@oleodeclic.org

http://www.oleodeclic.org/