changement climatique : anticiper

Parmi les nombreuses conférences concrètes et éclairantes proposées par le Salon Med’Agri tenu à Avignon en octobre, celle dédiée au changement climatique a permis de réfléchir aux solutions d’adaptation de l’agriculture.

Réchauffement de la Terre, événements météorologiques de plus en plus extrêmes et fréquents… Ce n’est un secret pour personne, le changement climatique est amorcé. Un changement qu’il convient d’anticiper au mieux.

Météo France travaille sur le changement climatique

Hélène Correa, Météo France

Sécheresses estivales ou sévères gelées

L’anticipation, c’est le cœur même de l’activité de Météo France. Prévoir à court terme la météo, mais aussi élaborer des modèles permettant  de visualiser ce que sera la climat dans dix, vingt ou cent ans. « La zone méditerranéenne est souvent surnommée le hotspot du changement climatique. Les modèles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat y trouvent une certaine convergence. Un réchauffement mais aussi un assèchement sont attendus » explique Hélène Correa, ingénieur météorologue basée à Aix-en-Provence. « Nous utilisons les modèles établis par les chercheurs de Toulouse pour apporter des réponses concrètes à nos clients, parmi lesquels, nous comptons de nombreux agriculteurs. Des phénomènes tels que les sécheresses estivales ou les gelées vigoureuses d’avril 2017 ont en effet des impacts directs sur leur activité. »

le Cirame étudie le changement climatique

Élisabeth Ricaud, Cirame

140 points de collecte de données météo

Ces impacts, le Cirame, Centre d’information régional agrométéorologique, se charge de les étudier pour le compte des agriculteurs. « Nous disposons de 140 points de collecte de données météo sur la région. Ces éléments archivés depuis plus de 30 ans constituent une base précieuse pour nos études » explique Elisabeth Ricaud, technicienne en charge de la viticulture. « En trente ans, nous avons constaté une augmentation de la température moyenne de 1,2 degrés. Le nombre de jours chauds (+ de 25 degrés) et très chauds (+ de 30 degrés) a aussi considérablement cru. Sur trente ans, au niveau du poste de Carpentras, une année comptait en moyenne 56 jours très chauds. En 2017, il y en a eu 73. Le record historique a été atteint en 2003, année de la canicule, avec 87 jours. Le Cirame étudie également les jours de gels, en nette diminution sur la période, avec des gelées de printemps de plus en plus précoces. »

Des vendanges en août

Toutes ces données météo permettent au Cirame d’établir des cartes d’aléas climatiques, utiles pour les professionnels. Les chercheurs agronomes les utilisent aussi afin d’aider les agriculteurs à s’adapter à la nouvelle donne climatique. « Ainsi, nous avons prévu que, si le réchauffement atteint 4 degrés, en 2100, les vendanges se dérouleront au mois d’août ! D’autre part, nous envisageons aussi l’émergence d’une quatrième génération de l’Eudémis de la vigne, un ravageur très présent dans la région ».

Toutes ces données précieuses permettent d’analyser l’évolution sur le long terme du climat. Les informations issues des stations météo sont corrélées avec des études in situ chez les agriculteurs, déjà témoins directs des impacts des changements climatiques sur leurs productions.


Pour aller plus loin

Changement climatique à l'étude

Fabienne Trolard, directrice de recherche à l’INRA

Tavelure du pommier : donner l’alerte le plus tôt possible !

La tavelure est une maladie causée par un champignon qui impacte l’arboriculture et notamment les pommiers et les poiriers. Les fruits touchés ne peuvent plus être commercialisés. Une prévention est possible, grâce à l’utilisation de traitement mais aussi de mesures prophylactiques. Le développement du champignon est directement corrélé aux facteurs climatiques et notamment à  la durée d’humectation du feuillage et la température.

Conscient de l’impact de cette maladie sur les productions arboricoles, le Cirame a initié, dans les années 80, un système d’alerte. A l’époque, il reposait sur quelques observateurs. Les messages étaient diffusés via un répondeur téléphonique puis par Minitel. Aujourd’hui, le Cirame exploite en temps réel et sept jours sur sept les données météo issues de 48 stations automatiques et de postes manuels. Les 370 abonnés sont avertis des situations à risque pour chaque territoire, par mail, par fax ou par SMS. Une grande réactivité qui leur permet de mettre en œuvre les mesures adéquates.