Le Ventoux et le domaine Dambrun

Journaliste de télévision pendant des années, Patrick Chêne a mûri très longtemps une envie d’ailleurs. Avec son épouse Laurence, il a sauté le pas il y a 3 ans. Au pied du Ventoux, le couple a fondé le domaine Dambrun.

Ce jour gris de mai, le vigneron est serein. Pourtant le gel de la semaine précédente n’a pas épargné ses vignes. Mais heureusement, peu de parcelles ont été touchées.

Aucun regret chez l’ex-journaliste sportif et présentateur du JT de France 2 pour la vie parisienne et ses contraintes. Même conviction chez Laurence. Tous deux « fatigués de Paris », ont liquidé leurs affaires respectives avec bonheur pour s’installer dans un mas, un peu à l’écart du village de Caromb, dans le Vaucluse.

Un projet longuement réfléchi

« J’avais un projet viticole depuis 30 ans », explique Patrick Chêne. « On a eu des opportunités à Bordeaux, mais cela ne s’est pas concrétisé. » Alors pourquoi ici ? La Provence, tous deux y ont des attaches familiales et de nombreux souvenirs de vacances enfantines. Et le Ventoux, pour celui qui a accompagné pendant 20 ans le Tour de France, ça n’est pas rien !

« Pour nous, qui avions réalisé nos vies professionnelles avant et avions les moyens, la reconversion a été facile » reconnait Patrick. Et puis ils ont élaboré un plan précis, pour un projet ambitieux et exigeant. Et se sont donné 6 années pour atteindre la rentabilité. « C’est un luxe de pouvoir se donner le temps ».

Accompagnés par Jérôme Bressy, maître de chai d’expérience, ils se partagent le travail sur le domaine. A Laurence le suivi des vignes, les vendanges et la gestion. A lui plutôt le chai. Et la commercialisation en partage.

Laurence Chêne au chaiPour une vie plus saine

Les 13 ha exploités sont en bio chez Ecocert. Et conduits en biodynamie, démarche qu’ils ont découverte ici et aussitôt adoptée comme une évidence.

Car dans leur choix de quitter la capitale, l’idée d’une vie et d’une nourriture de qualité a largement pesé. « On était effrayés de voir ce qui se faisait en agriculture » avoue-t-il. « C’était un souci un peu égoïste de vivre dans un environnement sain », confirme Laurence.

Alors celle qui fut chef d’entreprise dans la pâtisserie apprend. Avec le maitre de chai, sur le terrain, sur Internet, jour après jour… Le calendrier lunaire, les tisanes de plantes… « On a du plaisir à cette relation avec la terre, quand on disperse des infusions de camomille ou de valériane sur la vigne… La vigne est plus belle aujourd’hui, » explique Patrick. Qui a constaté avec plaisir et fierté que la terre était très souple après binage, en 2016, suite à la sècheresse. Alors que d’autres déconseillaient de biner, de peur d’une terre trop sèche !

Le bonheur est dans le chai

Alors bien sûr tout ce travail, c’est pour produire du vin. Mais pour le couple, « c’est dans la terre, dans la vigne et à la vendange qu’on fait le vin ». Car une fois dans le chai, pas d’intervention ou le moins possible. En tout cas ni copeaux, ni tanins, ni levure…

Les vendanges sont faites à la main bien sûr, dans des petits paniers et petites caisses. Dans le chai, des barriques en bois où se fait la macération, mais aussi de l’inox et du béton.

les chaisEn 2014, premier millésime au domaine Dambrun. 2016, premier vin blanc. Un vin vendu à des restaurants et des caves dans toute la France, en appellation Ventoux. 35 à 40 000 bouteilles par an, soit 20hl/ha, c’est trois fois moins qu’autorisé, mais ils ne veulent pas plus de productivité.

Respecter la terre et les gens

Pour ces néo-vignerons, le bonheur est dans les balades dans la nature. Lui a grimpé 3 fois le Ventoux en randonnée, et il positive. « C’est parti, les choses changent, la prise de conscience avance », même s’il est moins optimiste par rapport aux pouvoirs publics. Même confiance chez Laurence, qui évoque le film Demain. « Chacun à son niveau fait ce qu’il peut. Mais il faut éduquer. Certains agriculteurs pensent encore que le bio n’est pas bon pour la plante ! ».

Au chai, les cuves inoxPour eux, « il s’agit de mettre la terre dans les meilleures conditions pour lui permettre de donner le meilleur ! ».

Et l’honnête vigneron de Caromb qui a écrit livre, téléfilms et pièce de théâtre fait sienne la formule de Jean Carmet : « Il n’y a pas de bons ou de mauvais vins, il y a des vins honnêtes et les autres ».

Domaine Dambrun

253 Chemin de Mèze – 84330 CAROMB
Tél. 04 90 46 09 29

contact@domainedambrun.fr