@ferme de l'Escaillon les vaches

Le concept est à la mode et séduit davantage de clients. Mais de quels produits et services parle-t-on ? S’agit-il seulement d’un engagement durable de la part des prestataires ? Ou bien d’une nouvelle relation accueillant-accueilli, moins consumériste, fondée sur le partage ? Pour tenter de mettre du vécu derrière ce mot, nous avons rencontré en Provence cinq acteurs engagés. Ils nous parlent de leur façon de concevoir un tourisme éco-responsable.

 

L’Escaillon, à Thorenc (06) :

le « tout à la ferme » réinventé

Dans le haut-pays grassois, Fabienne et Jean-Dominique Varrone misent depuis plus de 25 ans sur la relation directe avec les clients.

Vente à la ferme, visites d’exploitation, chambres d’hôtes… pour eux, l’écotourisme ne se résume pas à satisfaire les besoins croissants de consommateurs, en produits d’origine. C’est surtout faire acte de pédagogie pour convaincre encore et encore de la nécessité de mieux considérer le monde paysan.

@Ferme de l'Escaillon : les fromages

@Ferme de l’Escaillon : les fromages

Elle est volubile, Fabienne. Un flot de paroles à la hauteur de sa passion à défendre l’agriculture paysanne dont elle sent bien pourtant qu’une partie de ses exigences échappe aux consommateurs, alors qu’ils sont par ailleurs de plus en plus nombreux à réclamer des produits sains et d’origine indiscutable.

Un projet précurseur

L’Escaillon est une des premières fermes des Alpes-Maritimes a avoir misé, dès les années 1980, sur le tourisme. « Par nécessité, car nous devions valoriser un important patrimoine bâti », explique Florence. Son mari a racheté cette exploitation dans laquelle ses grands-parents maternels avaient été ouvriers agricoles. En presque 30 ans, l’Escaillon n’a cessé de voir sa clientèle progresser, jusqu’à arriver bientôt « à un maximum ».

Une clientèle régionale

Les clients ? Des habitants des Alpes-Maritimes venus de la côte, des voisins du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, des touristes et « 900 noms dans mon fichier clients pour la viande », précise Fabienne.

A plus de 1 000 m d’altitude, cette ferme polyvalente produit viande de porc et de bœuf (races Aubrac et Abondance), charcuterie, laitages, gâteaux, élève poules pondeuses et poulets de chair. Elle ne pouvait que séduire l’important bassin de consommation urbain que constitue le littoral azuréen, à une heure de route.

@Ferme de l'Escaillon chambres d'hôtesFabienne Varrone le jure. Ses clients n’exigent pas des produits bios. Elle ne peut de toute façon pas les fournir puisqu’elle n’est pas labellisée. « Mais nous sommes autosuffisants en matières premières (…) et nos animaux sont tous élevés en plein air. Les gens voient que nous travaillons naturellement ».

Et cela suffit, serait-on tentés d’ajouter, en relayant les propos de cette « quinqua » dynamique dont l’exploitation est organisée en GAEC autour d’elle, son fils Nicolas et son mari Jean-Dominique.

Réduire la fracture rural/urbain

Oui, mais alors, l’écotourisme ? « Je me dis que ce qu’il faut tirer de notre activité, c’est un rôle pédagogique. Les circuits courts, les bons produits… cela est entré dans les mœurs et les fermes de la région en vente directe écoulent sans problème leur production. Pour autant, malgré ce désir de qualité, je m’aperçois que la fracture entre le monde rural et urbain ne cesse de s’accroître. Non seulement le foncier agricole continue de disparaître, malgré le discours des hommes politiques, mais la société a perdu le sens des cycles de l’agriculture », analyse finement Fabienne.

Et de citer ces clients en Porsche Cayenne un peu snobs qui viennent à l’Escaillon parce que c’est « tendance » d’acheter ses produits à la ferme ou d’évoquer la mode « vegan », pointilleuse sur la qualité des légumes consommés mais « qui crie au scandale dès que l’on tue un animal, pourtant une nécessité économique pour les fermes d’élevage ».

@la Ferme de l'Escaillon (06)

@la Ferme de l’Escaillon à plus de 1000 m d’altitude

Expliquer, expliquer, expliquer …

Alors, de la pédagogie, elle en a à revendre, Fabienne Varrone. « J’accueille depuis toujours des écoles, j’explique sans relâche quels sont les cycles de production et comment vivent les animaux. Mes clients en chambres d’hôtes partagent généralement ces valeurs. Mais je m’aperçois que les jeunes connaissent de moins en moins ce qu’est la vie d’une ferme. Même les instituteurs sont perdus ! », s’étonne-t-elle.

Pour celle qui eut jadis des responsabilités agricoles, « sauver » l’agriculture, c’est expliquer, encore et encore. « J’aimerai faire une jolie salle de vente, ouvrir un bar à lait pour proposer des petits-déjeuners et des casse-croûtes. Créer aussi une pièce pédagogique. Pour que les gens comprennent le rôle d’un ferme et échangent avec nous sur notre métier ». Où l’écotourisme en version sensibilisation et (re)connaissance.

 

Ferme de l’Escaillon 2250, Route de Castellane 06750 THORENC

 ferme.escaillon@free.fr

www.sites.google.com/site/fermedelescaillon

 0493600057 /  0684162873

Coordonnées GPS :
Lon : 6.896547
Lat : 43.790708