Bleu Tomate soutient l’association Cœur de Forêt, acteur depuis près de 15 ans de la préservation des forêts et de ses habitants, partout dans le monde. Chacun peut contribuer à cette démarche, selon ses moyens. Charlotte Meyrueis, sa directrice, raconte cet engagement.

« Cœur de Forêt a été créée en 2005 par Jérémie Deravin et Isabelle Trunkowski, globetrotters passionnés. Tous deux souhaitaient préserver la beauté des forêts du monde mais ils se sont vite rendu compte que planter des arbres ne suffisait pas. C’est tout le modèle économique qui devait être repensé afin de protéger la forêt mais aussi ses habitants.

En alliant programmes de reforestation et développement de filières de commerce équitable, Cœur de Forêt propose aux producteurs locaux une alternative économique à la déforestation. Notre modèle de développement durable et global repose sur un cercle vertueux. Nous mettons en place avec les producteurs des systèmes agro-forestiers. Nous leur apprenons à exploiter au mieux les produits forestiers non ligneux, c’est-à-dire les graines, les feuilles, les racines, les écorces.

Reforestation en Bolivie – Crédit photo : Cœur de Forêt

Ces richesses naturelles sont transformées en huiles essentielles ou en beurres végétaux, commercialisés directement au sein des coopératives Cœur de Forêt. Cette valorisation économique in situ permet aux petits producteurs, partenaires de nos projets, de redonner une place plus importante à l’arbre debout, plutôt que coupé et, in fine, d’auto-financer le reboisement. Cœur de Forêt contribue aussi à la structuration de filières au profit des petits producteurs pour des échanges commerciaux équitables et transparents.

Les résultats sont à la hauteur de notre engagement. Depuis 2005, plus de 725 000 arbres de 253 espèces différentes ont été plantés. Les actions de Cœur de Forêt ont bénéficié à plus de 20 000 personnes. Ce sont autant de petites graines qui contribuent à un monde plus vert et plus solidaire ».

Des projets lointains… et très proches

Depuis sa création, Cœur de Forêt soutient des projets dans de nombreux pays du monde, mais également en France. Focus sur les principaux programmes du moment.

Coroico, Bolivie

La région de Las Yungas est un véritable carrefour entre les Andes et l’Amazonie. Elle est considérée comme un hot spot regroupant une très forte biodiversité. Les fruits tropicaux, le café, le cacao et le tabac y trouvent des conditions optimales pour s’épanouir, grâce au climat chaud et humide et aux précipitations abondantes. Cependant, depuis ces dernières années, ces cultures ont été délaissées au profit de monocultures de coca. Cette culture intensive provoque de graves dégâts sur l’environnement, en appauvrissant les sols, en provoquant des glissements de terrain et en polluant les cours d’eau. Les producteurs locaux sont prêts à diversifier leurs cultures, à la condition que celles-ci leur permettent de générer des ressources économiques viables et pérennes.

Producteur de café en Bolivie – Crédit photo : Cœur de Forêt

Le projet de l’association Cœur de Forêt vise, sans la remplacer totalement, à apporter des alternatives concrètes à la culture de coca. Il prend également en considération les intérêts financiers des producteurs locaux. Depuis l’origine du projet, plus de 40 000 arbres de 23 espèces ont été plantés, en associant une centaine de producteurs locaux, notamment des pépiniéristes. L’apiculture s’est également développée. Plusieurs jardins pédagogiques contribuant à la sensibilisation des écoliers et des habitants ont été créés et embellis.

Flores, Indonésie

Chaque année, l’île de Florès est fortement touchée par la pratique du brûlis réalisé par les habitants, en particulier les éleveurs et les producteurs. D’une part, le feu est allumé sur des herbes sèches par les chasseurs dans le but de faire sortir le gibier (sanglier, cerfs) de la broussaille. D’autre part, l’île commence à attirer des investisseurs agricoles, peu enclins à la préservation de l’environnement. Ils souhaitent bénéficier de nouveaux espaces, notamment pour la plantation d’oléagineux destinés à l’alimentation (cajou) et au transport (biofuel).

Les faibles revenus générés par les productions locales n’offrent pas de perspectives pour les jeunes générations et les connaissances sur la pharmacopée traditionnelle et les traditions se perdent en l’espace d’une génération. Le projet Cœur de Forêt Indonésie a été initié en avril 2014 sous l’impulsion d’un anthropologue spécialiste de la région, Nao Remon, chargé de mission sur le projet Cœur de Forêt à Florès.

Pépinière de Santal en Indonésie – Crédit Photo : Cœur de Forêt

Ce programme a pour but de préserver les espaces forestiers existants, en particulier la Montagne Sacrée Wolomezé, riche en biodiversité et lieu de nombreux mythes locaux, ainsi que d’appuyer le développement d’activités génératrices de revenus pour les producteurs. Un inventaire botanique a été mené par Cœur de Forêt sur cette montagne afin d’identifier des espèces endémiques. D’ici la fin de la saison de plantation, plus de 240 000 arbres seront plantés, essentiellement du santal et des espèces fruitières et de rente. Plusieurs centaines de locaux sont impliquées dans ce projet de reforestation.

Antsirabe, Madagascar

Situé dans l’Océan Indien, Madagascar fait partie des pays les plus pauvres du monde. En 2010, 75,3% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. En proie à une instabilité politique ainsi qu’à un niveau élevé de corruption, le pays connait depuis des décennies un pillage croissant de ses ressources naturelles. Seulement 7% du territoire est encore couvert de forêts alors que l’île possède un des taux d’endémisme les plus élevés au monde.

De nombreuses espèces n’existent qu’à Madagascar, dont des plantes médicinales rares. En les valorisant par la production d’huiles essentielles, Cœur de Forêt développe une alternative économique à la déforestation pour les producteurs de la région du Vakinankaratra. L’association s’est ralliée aux producteurs pour les appuyer dans la diversification de leurs cultures et les former à la transformation des plantes en huiles essentielles et végétales.

Productrice d’huiles essentielles à Madagascar – Crédit Photo: Cœur de Forêt

Ainsi, la plus-value est relocalisée directement au niveau des petits producteurs, alors qu’elle est habituellement captée par les sociétés d’exportation qui achètent la « masse verte » à des prix dérisoires. Depuis 2014, ce projet a permis de planter 120 000 arbres, de concevoir six protocoles agronomiques expérimentaux et de produire plus de 100 litres d’huile essentielle.

Lot, France

Depuis 2005, Cœur de Forêt mène des projets de préservation des forêts essentiellement à l’international. Jusqu’alors, la France n’était pas une zone privilégiée, car non sujette à la déforestation. Cependant, face aux enjeux du changement climatique, la forêt française nécessite qu’on se mobilise pour la préserver.

Quatrième domaine forestier européen, la France possède une importante forêt qui couvre près de 30% du territoire métropolitain. Celle-ci est caractérisée par un fort morcellement, du fait qu’elle appartient à près de 3,7 millions de français, soit 1 français sur 20. Loin d’être de grands propriétaires terriens, 2,2 millions d’entre eux possèdent moins d’un hectare de forêt.

Ce morcellement, l’éloignement géographique des propriétaires et le manque de connaissance sur la forêt ont conduit à un abandon progressif des parcelles. Les conséquences ont été aggravées par les tempêtes successives de 1999 et 2009 qui ont laissé des forêts dévastées. Le projet de Cœur de Forêt en France a démarré dans le Lot, l’un des départements les plus boisés de France. Plus de 6 000 arbres ont déjà été plantés.

A vous d’agir !

Le sort des forêts vous préoccupe ? Cœur de Forêt vous propose d’agir, à votre niveau. L’association est financée à 70 % par des entreprises dans le cadre du mécénat, à 25 % par des subventions publiques et à 5 % par des dons particuliers. Les particuliers peuvent ainsi agir concrètement en parrainant un arbre, une ruche ou des abeilles. Les kits Cœur de Forêt ouvrent droit à une déduction d’impôt et permettent d’obtenir un certificat de parrainage. Sur le site de l’association, un calculateur permet aussi d’évaluer son impact environnemental et de le compenser. Cœur de Forêt recherche également des bénévoles ainsi que des volontaires en Service Civique.

Cinq gestes simples pour la forêt

-Réduire sa consommation de viande
-Consommer des produits et services locaux
-Eviter les emballages, utiliser du verre au lieu du plastique, participer au système de consigne, faire du compost, recycler ses déchets
-Consommer moins de biens (textile, objets technologiques, déco, …) -Pratiquer des activités en plein air et au plus proche de la nature : balade en forêt, jardinage, randonnée…——————————————————————————————————————–