glyphosate ou pas
Le résultat du vote des Etats Membres de l’UE lors du SCOPAFF*du 25 octobre peut être perçu, pour un non initié, comme rassurant.

En décidant en l’absence de majorité qualifiée de ne pas renouveler pour 10 ans comme le proposait la Commission européenne l’autorisation du glyphosate, substance probablement cancérigène d’après le CIRC**, certains Etats ont montré qu’ils savaient faire entendre leurs voix et ne pas se plier aux diktats de Bruxelles. La veille, en séance plénière, les députés européens avaient adopté une résolution demandant l’interdiction de ce pesticide d’ici cinq ans.

La décision de renouveler l’autorisation du glyphosate pour une durée différente – il est impossible que les Etats membres s’entendent pour l’interdire sur le champ – est donc reportée à une autre date, avant la fin de l’année.

Il est clair que ces votes n’apaisent pas vraiment les ONG et les partis opposés au glyphosate. Ni les 1,3 million d’habitants ayant signé l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE). Initiative en faveur de l’interdiction de ce produit, présent dans les désherbants comme le fameux Roundup de Monsanto.

Pour eux, le principe de précaution doit prévaloir et conduire à bannir au plus vite l’usage de cette substance. Car 10 ans, 5 ans ou 3 ans, ce sera toujours trop quand on mesurera les dégâts sanitaires qu’il a provoqués. Les procès intentés par des fermiers américains contre Monsanto pour cancer déclaré après usage intensif de Roundup ne sont-ils pas un signe ? Les scandales passés de la vache folle et de la dioxine, ou ceux de l’amiante et du Mediator n’ont-ils pas servis de leçon ?

Les industriels jurent que la nocivité du glyphosate n’est pas prouvée. Trop simpliste pour être honnête ! Les lobbys agricoles, parmi lesquels les producteurs de grains, veulent gagner du temps. Faute selon eux de détenir des solutions alternatives fiables de traitement. Les agriculteurs bios pourraient leur répondre que ces solutions existent, eux qui ont fait des choix lourds de reconversion.

Dans cette UE technocratique, les intérêts nationaux divergent et les pressions lobbyistes sont excessives. Alors les orientations données aboutissent trop souvent à des compromis mous voire, pire, à des décisions infondées.

Les citoyens veulent des choix clairs frappés au sceau du bons sens. Et les positions radicales en font partie. Qui s’en plaindra si c’est pour sauver des vies ?


*Comité permanent de l’Union européenne chargé des questions des plantes, des animaux et de l’alimentation.

**CIRC : Centre International de Recherche sur le Cancer, agence spécialisée de l’OMS.