Le 21 novembre, nous avons eu un choc. L’association de défense de l’environnement Générations Futures, lors de la distribution annuelle de ses trophées Glyh’ Awards – récompensant avec ironie les départements français vendant le plus de pesticides par hectare de surface agricole utile – a décerné sa médaille d’or au… Vaucluse. Champion de France 2017, avec 1,25 kg de glyphosate commercialisé ! Il dépasse allégrement la Gironde, pourtant leader de la viticulture conventionnelle, avec 1 kg. Et laisse à des années-lumière la Lozère, département le plus vertueux avec 0,015 kg… Tous pesticides confondus, les 2 440 tonnes vendues l’an passé mettent le Vaucluse au 4ème rang national, derrière la Marne, la Gironde et l’Aube.

Pour avoir rencontré depuis les débuts de Bleu Tomate les acteurs de la transition et les agriculteurs bios, vu et entendu les initiatives vertueuses et les entreprises engagées dans la conversion – et elles sont nombreuses -, nous avons pu laisser penser que la situation générale était à l’optimiste. L’étude annuelle de Générations Futures nous rappelle à une autre réalité, celle d’un département où l’usage des pesticides perdure… avec son lot de questionnements sur la santé publique. A observer le terrain par le prisme de notre conviction, nous avons un peu occulté que l’agriculture conventionnelle continuait à prospérer, viticulture en tête.

La Chambre d’Agriculture, froissée par ce résultat qui va à l’encontre de la demande sociétale et de son accompagnement obligé en faveur de la transition, a beau jeu de dire que ce glyphosate n’est pas totalement utilisé dans le Vaucluse. De gros négociants locaux en vendent à des clients situés en dehors du département, dit-elle. Certes, mais il en va probablement de même ailleurs. Ce qui signifie, peu ou prou, que les choses s’équilibrent…

Quelle conclusion tirer de ce résultat ? Que la lutte de David contre Goliath doit se poursuivre. Qu’il faut continuer l’effort de sensibilisation. Que l’Etat a le devoir, clairement et sans compromis, de s’engager plus nettement en faveur d’une agriculture alternative. Et avoir une vision capable d’instaurer un virage durable, sans donner de gages au lobby agro-industriel. Quant à nous, vigilance accrue, nous continuerons à remplir notre rôle. Celui d’un média diffusant sans relâche les initiatives engagées, mettant en lumière ceux qui font l’agriculture de demain, dénonçant les inepties et les pesanteurs d’un autre temps, fustigeant les influenceurs de la « chimie ». Un œil en coin sur les ventes de glyphosate qui finira bien, un jour, par être interdit…