Spécialisé dans la production de fruits et légumes secs bio en vrac et en sachets, la PME de Carpentras connait une croissance fulgurante. Elle investit 15 M d’€ dans une usine de 10 000 m², dont l’ouverture est prévue en mars prochain. Symbole d’un marché qui rencontre un public de plus en plus étendu.
C’est l’histoire d’une PME qui s’est pris de plein fouet l’explosion de la demande pour le bio. « Un alignement de planètes, au moment où le consommateur a pris conscience que l’on pouvait acheter différemment », reconnait son président Franck Bonfils. Mais une situation rock and roll à gérer, tant il est parfois aussi compliqué d’accompagner une croissance express que de relancer une activité déclinante. Nous sommes alors en 2017 et cela fait déjà trois ans que Franck Bonfils, ex Sciences Po Aix, a lancé sa marque Juste Bio.
Spécialisée depuis sa création en 2000 dans la vente de fruits secs en sachets, l’entreprise Un Air d’Ici fait le choix, 10 ans plus tard, de tout miser sur le bio. Autant par conviction personnelle que par choix stratégique : Franck Bonfils n’est pas un intégriste de la transition écologique mais un jeune patron sportif et ambitieux, convaincu des bienfaits des fruits secs pour la santé. S’ils sont dépourvus de tout pesticide, c’est encore mieux, pense-t-il.
« Du bio pour tous »
Distribués en magasins bios et dans les rayons de quelques hypermarchés indépendants régionaux, les produits sont commercialisés à partir de 2014 sous la marque Juste Bio. « J’ai voulu pousser le curseur plus loin et vendre ces mêmes produits en vrac », justifie le patron. Pas d’emballage, cela veut dire des produits moins chers et la liberté pour chaque client d’acheter la quantité qu’il souhaite, même 20 g. « On s’est toujours battu pour que le bio soit accessible à tous », plaide le dirigeant, pas né de la dernière pluie en termes de stratégie marketing.
Cette logique de production « durable » rencontre au début peu d’échos. « J’ai essuyé des refus en grandes surfaces. Nous avons alors décidé de concevoir des meubles de distribution à notre marque fabriqués en France pour que les clients puissent se servir dans les magasins. Le concept s’est démocratisé en 2016 et l’explosion s’est faite de façon spontanée et imprévisible à partir du second semestre 2017 », détaille Franck Bonfils.
De 13 M d’€ en 2016 à 50 M d’€ en 2018
Un fait en témoigne. A l’étroit dans son bâtiment de l’avenue Kennedy, l’entreprise décide de lancer la construction de locaux neufs à quelques rues de là. « On avait réalisé 13 M d’€ de CA en 2016. Mon projet était fondé sur l’aménagement d’un site de 2 000 m² pour un CA prévisionnel de 17 M d’€ en 2017. Et nous avons fini cette année à 30 M d’ € ! », n’en revient toujours pas Franck Bonfils. Du coup, de 2,5 M d’€ d’investissement, le projet passe à 15 M d’€, pour une surface de 10 000 m² ! Les banques n’ont pas tiqué, jure-t-il.
La nouvelle usine doit être opérationnelle en mars 2020, date à laquelle Un Air d’Ici déménagera ses 92 salariés permanents – ils n’étaient que 30 en 2016 – et sa cinquantaine d’intérimaires. Entretemps, le patron, qui affiche volontiers dans son bureau sa passion pour le sport (Un VTT à grosses roues – c’est un fan du Ventoux -, une planche de surf, les maillots dédicacés des nageurs Camille Lacourt et Fabien Gilot…), s’est imposé un nouveau challenge : remplacer le plastique des sachets (ils représentent encore 20% des ventes) par un matériau biodégradable et compostable.
Nouvelle usine « zéro plastique »
« On a déjà économisé 150 t de plastique en un an », dit-il. La nouvelle usine devrait être aussi « zéro plastique ». Un Air d’Ici bataille également avec ses fournisseurs français et du monde entier (de noix de cajou, d’amandes, d’abricots, de dattes, de riz, de légumes secs…) pour que les livraisons s’effectuent en bigs bags recyclables. En vrac ou emballé, le fruit sec bio d’Un Air d’Ici a l’ambition de continuer à faire recette.
Un Air d’Ici
922, av. John F. Kennedy
84200 Carpentras
justebio.bio