L’association mise sur les producteurs. La visite proposée au MIN des Arnavaux à Marseille, avant le Salon des Agricultures de Provence, a précisé son projet d’atelier de transformation de fruits et légumes. Objectif : répondre aux besoins des associations caritatives et lutter contre le gaspillage alimentaire.

17 à 18% : tel est le taux de pauvreté du département des Bouches-du-Rhône, l’un des plus défavorisés de France. Les carences en produits alimentaires y sont estimées à plus de 1 000 tonnes par an. Alors que l’agriculture occupe dans le « 13 » une place encore centrale, il paraissait logique que des passerelles soient jetées entre le MIN des Arnavaux et la Banque Alimentaire.

15%  de la collecte issue de la filière agricole

Parce que le MIN traite chaque année 480 000 tonnes de produits frais. Parce qu’il génère des déchets alimentaires valorisables. Et parce que la Banque Alimentaire 13, structure de collecte et de tri des produits remis ensuite à 180 associations et CCAS partenaires, doit diversifier ses sources d’approvisionnement. Pour l’heure, elles proviennent à 85% de la grande et moyenne distribution et du Fonds Européen d’Aide au plus Démunis (FEAD).

Banque Alimentaire et atelier transformation

Jean Borreda, responsable Projet et Développement à la Banque Alimentaire 13. © Ph. Bourget

130 opérateurs et 300 producteurs abonnés au MIN

Le projet est assez inédit : bâtir au cœur du MIN un atelier de transformation des fruits et légumes. Les produits seront issus des invendus ou de denrées non commercialisables, abimées ou hors calibre. 130 opérateurs grossistes se partagent les allées du MIN, auxquels s’ajoutent près de 300 producteurs abonnés à l’année, des Bouches-du-Rhône mais aussi du Vaucluse, du Var et même des Alpes Maritimes. Ils y écoulent directement leur récolte. « C’est le MIN de France le mieux doté de ce point de vue », rappelait Marc Dufour, son président. Les fruits et légumes seront récupérés par la Banque Alimentaire 13 via ces deux canaux.

Filière froide, chaude et surgelée

« L’atelier permettra de donner une durée de vie supplémentaire aux produits en fin de cycle commercial », souligne Jean Borreda, responsable Projet et Développement à la Banque Alimentaire 13. Lavés, épluchés, découpés et conditionnés pour la filière froide, traités thermiquement et stérilisés pour la filière chaude, maintenus dans la chaine du froid pour les surgelés, ils seront ensuite récupérés par les associations partenaires, ici et dans les autres entrepôts de l’association.

Banque Alimentaire et MIN Arnavaux

De gauche à droite : Jean Borreda, responsable Projet et Développement à la Banque Alimentaire 13 ; Christian Burle, vice-président d’Aix-Marseille-Provence Métropole, délégué à l’agriculture ; Pierre-Marie Bouquet, directeur du Domaine du Merle ; Karim Sarroub, responsable relations et partenariats agricoles au Crédit Agricole Alpes Provence ; Lucien Limousin, vice-président du CD13, délégué à l’Agriculture ; Marc Dufour, président du MIN des Arnavaux. © Ph. ourget

8 000 tonnes de déchets par an

Le projet vise aussi à renforcer la part des fruits et légumes dans l’alimentation des plus défavorisés. Il contient en prime une dimension environnementale, avec la lutte contre le gaspillage. Pas négligeable, en effet, quand on sait que le MIN produit 8 000 t de déchets par an, l’équivalent d’une ville de 25 000 habitants

Le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône finance en totalité le projet. D’un coût total de 774 000 €, l’investissement comprend l’aménagement d’un bâtiment et l’achat de matériel industriel. L’appel d’offres est en cours. La construction du bâtiment devrait débuter à la fin de l’été, pour une mise en service en janvier 2020


Pour aller plus loin

MIN de rien, ça investit !

100 M d’€. C’est le montant de l’investissement engagé par le MIN des Arnavaux pour sa transformation. Amputé de 25 000 m² de bâti à l’occasion de la construction de la L2, il fonde sa stratégie de (re)développement sur 3 axes : la diversification des produits et des activités ; la création de valeur ajoutée ; la requalification des espaces.
Pêle-mêle, citons l’arrivée d’un incubateur food tech et de la fibre, l’aménagement d’un pôle logistique de 10 000 m² (mi 2020), celui d’un pôle de transformation de 4 500 m² pour la restauration collective hors domicile (fin 2020), d’un hôtel de 90 chambres, de nouveaux bureaux… 16 M d’€ ont déjà été engagés (entrepôt de 5 000 m² pour la livraison urbaine de produits frais, 2 500 m² pour l’activité « produits carnés »…).
Projet le plus vert : la livraison en 2020 d’une couverture photovoltaïque de l’allée centrale. Soit 70 000 m² de panneaux solaires, « la 1ère centrale photovoltaïque urbaine en France. Elle couvrira 70% de nos besoin énergétiques en froid », se réjouit déjà Marc Dufour.

Opération Banque Alimentaire et MIN Arnavaux

A l’occasion de la présentation du Salon des Agricultures de Provence, dans les locaux de MPG2019, rue de la République à Marseille. De g. à d. : C. Burle, vice-président d’Aix-Marseille-Provence Métropole ;
P.M. Bouquet, directeur du Domaine du Merle ; Danielle Milon, présidente de Provence Tourisme ; Patrick Lévêque, président de la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône ; L. Limousin, vice-président du CD13, délégué à l’Agriculture. ©Ph. Bourget

Salon des Agricultures de Provence, 4e édition… festive

Il se tiendra les 7, 8 et 9 juin au Domaine du Merle, son lieu d’accueil habituel, à Salon de Provence. Plus de 50 000 visiteurs sont attendus pour cette édition qui s’inscrit cette année dans l’événement « MPG2019, année de la gastronomie en Provence ».
Au-delà des installations qui ont fait le succès public et professionnel du salon (les 1 500 animaux de la Grande Ferme, les expositions de matériel agricole, le village des producteurs, les ateliers culinaires ou encore le pôle dédié à la formation agricole), le rendez-vous, labellisé « MPG 2019 », propose un événement inédit : un grand banquet provençal pour célébrer les saveurs des productions agricoles locales. Conçu par 4 chefs étoilés du département (Fanny Rey, Dominique Frérard, Guillaume Sourrieu et Jean-Luc Rabanel), il se déroulera samedi 8 juin en soirée et en plein air. Convivialité garantie !