photo agence de l'eau

L’agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse vient de publier son bilan annuel sur l’état des eaux. Pour la Région Sud, il est plutôt positif pour les cours d’eau et les eaux souterraines. Mais l’impact des activités humaines pèse toujours, aggravé par le réchauffement climatique.

En 2019, l’Agence de l’Eau classe 62% des cours d’eau en bon état écologique en Région Sud contre 50% sur le bassin versant global.  Et 87% des eaux souterraines en bon état chimique (contre 90% sur le bassin versant global). Mais cette situation reste à nuancer. On note des disparités territoriales relativement marquées entre les cours d’eau et les eaux souterraines en zones rurales et alpines et les zones urbaines du littoral et de la vallée du Rhône, où l’impact des activités humaines n’est plus à démontrer.

la ressource en eau par bassins versants

Les bassins versants en France ©AFB-Olivier-Debuf

Moins de métaux lourds

 

Dans les progrès les plus significatifs, l’Agence de l’Eau relève une nette amélioration de la qualité physico-chimique des eaux et de la biodiversité des rivières (avec des taux d’ammonium, de phosphore ou de métaux lourds par exemple divisés par 20 depuis 1990). Ces progrès s’expliquent notamment par une politique d’assainissement des eaux usées qui porte ses fruits. De nombreux investissements ont été réalisés sur les dernières décennies pour traiter efficacement ces eaux. Ainsi la mise aux normes d’un grand nombre de stations d’épurations des collectivités avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau.

l'état écologique des cours d'eau

L’état écologique des cours d’eau en 2019 ©Agence RMC

 

Reste la question des produits phytosanitaires et phytopharmaceutiques. Elle est loin d’être réglée, comme l’explique Laurent Roy, Directeur Général de l’Agence. « Nous sommes encore au milieu du gué. Des efforts significatifs ont été produits, par les industriels, les particuliers et le monde agricole, mais il ne faut pas s’arrêter pour atteindre les objectifs ambitieux en 2030. C’est vrai qu’avec l’amélioration des analyses que nous réalisons, nous relevons une plus grande typologie de polluants qu’en 1990, qui n’étaient pas détectés auparavant. Ceci ne doit pas nous décourager, mais au contraire nous aider à mener des actions toujours plus spécifiques et plus efficientes pour corriger les impacts des activités humaines sur la qualité de l’eau ».

les eaux souterraines

Etat chimique des eaux souterraines en 2019 ©Agence RMC

10 ans encore pour relever des défis majeurs

Et il ne faudra pas trop d’une décennie, pour améliorer la gestion collective et concertée de l’eau, avec tous les acteurs des territoires. Si le réchauffement climatique et les dégradations des milieux menacent l’avenir, c’est en « agissant collectivement, dans le cadre de projets de territoire pour la gestion de l’eau, que nous pourrons réussir à relever ces défis majeurs », déclare Laurent Roy. Trois chantiers sont ainsi définis par l’Agence comme prioritaires, pour réussir ce pari collectif.

l'eau du fleuve Var

le Var en 1946 ©Agence RMC

Diminuer la pression sur la ressource

Le développement des activités humaines, le moindre enneigement des reliefs et la diminution de la pluviométrie menacent certains territoires de pénuries récurrentes. Il y donc urgence à mieux gérer la répartition des volumes disponibles à l’échelle du bassin versant. La première action consiste à économiser la ressource à chaque fois que cela est possible. Il s’agit de mener un important travail de prévention et de sensibilisation aux économies d’eau auprès de tous les usagers. La seconde action, de plus grande envergure et plus complexe à mettre en œuvre, correspond à la substitution et au transfert des ressources. C’est le cas du grand chantier réalisé avec la Société du Canal de Provence pour la liaison du Verdon au secteur Saint-Cassien/Sainte-Maxime. Finalisé en 2019, il a pour objectif de transférer des ressources du Verdon au profit du secteur très en tension de l’Est-Var.

Améliorer le fonctionnement écologique des cours d’eau et masses souterraines

La vision du cours d’eau canalisé, endigué et cloisonné, pour améliorer son écoulement, est dépassée. Il faut miser sur la « renaturation » pour recréer des écosystèmes stables et riches en biodiversité qui participent à l’équilibre naturel des milieux. Les spécialistes parlent de restaurer la trame turquoise (lieu d’interactions entre les espaces naturels terrestres et aquatiques) pour lui redonner son rôle de corridor écologique majeur. Ces actions visent aussi à un meilleur écoulement sédimentaire pour faciliter l’approvisionnement des nappes souterraines et limiter l’engorgement des plages et donc les risques de submersion marine.

travaux pour l'eau

seuil de la rive abaissée ©Agence RMC

Sur le fleuve Var, dans les Alpes-Maritimes, après 40 ans d’endiguement, d’extraction de matériaux et de constructions de seuils, un Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (S.A.G.E) est en cours pour engager les travaux et actions nécessaires à une « renaturation » du fleuve.

S’attaquer de front aux pollutions organiques

Dernier chantier et pas des moindres, améliorer la qualité de l’eau par la réduction des pollutions organiques. Celles-ci sont liés aux produits phytosanitaires (principalement issus de l’agriculture) et phytopharmaceutiques (principalement produits par les particuliers). Le monde agricole réalise des  efforts importants  chaque année  pour réduire son impact. La Région Sud est la première de France en superficie agricole cultivée en Agriculture Biologique (25,6% de sa Surface Agricole Utile fin 2018). L’Agence de l’Eau soutient fortement les filières et les agriculteurs qui s’y engagent. L’interdiction régulière de substances dangereuses  participe aussi à la réduction de ces pollutions. Mais les efforts doivent se poursuivre. La profession est engagée et sort progressivement du tout chimique pour composer à nouveau avec la nature. Cela passe par la mise en œuvre des principes agro-écologiques, dans le respect des milieux et de l’environnement.

Afin de sensibiliser tous les usagers de la ressource, l’Agence de l’Eau a lancé une application grand public « Qualité Rivière », qui rend la consultation de la qualité des cours d’eau accessible à tout un chacun. Une belle manière de sensibiliser et d’éduquer. Et de responsabiliser chacun, sur cette précieuse ressource. Pour nous comme pour les générations futures.

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Pour aller plus loin

L’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse

l'agence de l'eau RMC

©Agence RMC

Cet Etablissement public de l’Etat   a pour mission l’amélioration de l’état de santé des masses d’eaux. La Directive-Cadre Européenne sur l’Eau prévoit à cet effet un retour à un « bon état des masses d’eaux » (non-dégradation des ressources et des milieux, bon état écologique et chimique, réduction des pollutions et respect de normes dans les zones protégées) dans les pays membres de l’Union Européenne, d’ici 2030. Le budget de l’Agence s’élève à 450 millions d’euros par an. Ce sont les usagers (citoyens, acteurs économiques et agricoles du bassin versant concerné), qui le financent.

Les paiements pour services environnementaux

Le Plan National Biodiversité vise à renforcer l’action de la France pour la préservation de la biodiversité. Mais aussi à mobiliser des outils pour la restaurer lorsqu’elle se dégrade. L’action 24 du Plan prévoit la mise en place d’un nouvel outil de Paiements pour Services Environnementaux (PSE).

Un service environnemental est une action ou mode de gestion d’un acteur qui améliore l’état de l’environnement. L’action « Paiements pour Services Environnementaux » (PSE) consiste donc à  rémunérer les agriculteurs qui agissent en faveur des enjeux « Biodiversité et Eau ».

Ce nouvel outil est en phase d’expérimentation sur notre bassin versant. L’Agence de l’Eau a lancé à un « appel à initiatives » afin de répondre aux attentes des acteurs (agriculteurs, collectivités territoriales). Objectif ? Engager des opérations territorialisées de préservation et de reconquête de la biodiversité. Mais aussi  de la qualité de la ressource en eau.