Les pêches plates aux Jardins de Gaïa

A Cheval-Blanc, en Vaucluse, aux Jardins de Gaïa, la famille Joumond cultive en bio  des fruits et quelques légumes  en vente directe. Son credo, le respect de la Terre et l’accueil des visiteurs.

30 ans…. 30  ans qu’Eliane  Joumond  fille et épouse d’agriculteurs a fait le choix de la bio pour les 23  ha de vergers et de maraîchage, qu’elle cultive avec son mari à Cheval Blanc dans le Vaucluse, au pied du Luberon… A cette époque, face à son fils qui développe des allergies, elle s’interroge beaucoup sur  son rapport à la nature et parvient à une profonde remise en cause de ses pratiques culturales.

Jardins de Gaïa : les pêches plates

Les pêches plates des Jardins de Gaïa

« Plus rien ne fonctionnait, nous les agriculteurs, on a senti les premiers les erreurs de parcours de la société, j’ai compris que la nature rejetait le traitement qu’on lui faisait subir» constate calmement Eliane. La conversion ne s’est pas faite toute seule, pour les pommes elle a pris plus de 10 ans.

Des pommes, des poires….

La ferme est entre les mains des parents et des deux fils, et emploie une douzaine de saisonniers. Ici  on multiplie les variétés, pommes, poires, vigne mais aussi abricots, pêches, prunes, kiwis, kakis, figues, mûres et encore asperges, courges et artichauts. La grande diversification et le choix de fruits difficiles à produire en bio (pas d’intrants chimiques mais plus de main d’œuvre) induit un prix de revient relativement élevé.

Déjà l’effet du changement climatique

Mais depuis 3 ou 4 ans, « on a l’impression qu’un équilibre a été rompu, on ressent le changement climatique », par exemple les printemps avec plus de pluie, et  les insectes sont plus agressifs…. Il a fallu enfermer les pommiers dans les filets de protection et savoir s’adapter en permanence.

Certaines variétés ont été abandonnées, comme les Golden ou les abricots précoces, remplacés par les kiwis ou les poires tardives. Et la recherche scientifique n’est pas encore d’un grand secours. « Les chercheurs sont davantage tournés vers « la lutte » que vers l’accompagnement de la nature », regrette Eliane qui préfère privilégier l’observation. Souvent dit-elle, elle propose elle-même les solutions…

La vente directe sur le marché de Coustellet

Les Jardins de Gaia sur le marché de Coustellet (Photo J.B)

Un credo : la vente directe

Les Joumond ont fait le choix de la vente directe, dans des AMAP, sur les marchés de producteurs, dans des boutiques spécialisées et à la ferme. « La vie ne se limite pas à la famille » sourit Eliane. Et l’envie de transmettre ne l’a jamais quittée. Alors même si le travail ne manque pas, la ferme accueille toujours volontiers les visiteurs, les lycéens en formation agricole et les stagiaires auxquels Eliane consacre le temps nécessaire, celui justement de l’observation cher à la fermière. « Les grands bouleversements que nous rencontrons aujourd’hui sont peut-être autant de signes pour nous forcer à nous arrêter, regarder la terre, l’écouter… »

Les vergers des Jardins de Gaïa au pied du Luberon

Face au Luberon, les pêchers des Jardins de Gaïa

Eliane avoue qu’elle a été très inquiète de l’évolution de l’agriculture et de la société en général, mais aujourd’hui, elle est plus philosophe. « Nous vivons la fin de quelque chose, et nous ne savons pas ce qui va arriver, mais il faut faire confiance à la Terre. »

Dans le verger tout proche, les saisonniers terminent la cueillette de pêches plates. Mûres et goûteuses, un régal d’été !