l'ami des abeilles

Installé depuis 2016 à Plan-d’Aups-Sainte-Baume, l’ex cadre de l’industrie agro-alimentaire est le premier apiculteur du Parc naturel régional à avoir été labellisé « Valeurs Parc ». Une belle reconnaissance de son engagement pour le territoire et de son travail passionné et respectueux pour les abeilles.

Lorsqu’il parle de l’amour qu’il éprouve pour ses abeilles, les yeux de Mathieu Ghis prennent la douceur du miel. La passion s’exprime dans chacun de ses gestes, lorsqu’il extrait le miel des hausses ou qu’il en mesure l’hygrométrie. En dépit de la fatigue liée aux transhumances, Mathieu Ghis est un apiculteur heureux. « A presque 50 ans, me voici jeune apiculteur », s’amuse-t-il. « Pendant deux décennies, j’ai travaillé pour un grand groupe agroalimentaire. J’ai monté les échelons, mais je ne trouvais plus de sens à mon métier. C’était inexorable : l’heure était venue de changer de vie professionnelle pour me reconnecter à mes valeurs ».

l'apiculteur élève les abeilles

Un apiculteur est aussi un éleveur. Il doit faire grandir son cheptel et assurer le bien-être de ses abeilles ©Mathieu Gis

Retour à l’école à 45 ans

Amoureux de la nature depuis son plus jeune âge, Mathieu recherche alors un métier en lien avec l’environnement. « J’ai demandé à un apiculteur s’il était d’accord pour m’accueillir quelques jours en immersion. La magie a opéré tout de suite. J’avais trouvé mon métier rêvé ». Soutenu par sa femme et ses trois enfants, fiers de leur papa, Mathieu retourne alors à l’école, au Centre de formation d’Hyères où il obtient son Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole en 2016. Il achète 50 ruches à un apiculteur qui part à la retraite et l’aventure commence.

Eleveur, météorologue, chauffeur, commercial…

« Le métier d’apiculteur est intense et très complet. Il faut à la fois être éleveur pour se constituer un cheptel sain et viable, bricoleur pour adapter les ruches, chauffeur-routier pour convoyer les ruches à l’heure des transhumances, météorologue, producteur, commercial… ». Et peut-être aussi un brin magicien !

la transhumance des abeilles est réduite

Mathieu Ghis choisit avec attention les lieux d’installation de ses ruches, ne nécessitant pas de parcourir des centaines de kilomètres à l’occasion des transhumances ©SolènePenhoat

Mathieu, lui, est dans son élément. Ses ruches prospèrent, son activité aussi. Il possède aujourd’hui 200 ruches qui ont produit 1,5 tonne de miel l’année dernière. Ses miels, qu’il commercialise sous l’appellation Abeilles et Miel de la Sainte-Baume, se vendent à flux tendus. « J’ai sélectionné mon réseau de distribution afin de garantir des circuits courts. Je refuse de commercialiser mon miel par le biais de la grande distribution. Je suis très soucieux de la qualité des miels vendus à mes clients. Ainsi, je ne le réchauffe pas pour le rendre liquide ». L’apiculteur commercialise également du pollen frais et de la teinture mère de propolis qui aide le corps à affronter les agressions extérieures.

IGP, label rouge, label Valeurs Parc… un professionnalisme reconnu

Mathieu Ghis a obtenu le label européen IGP (Indication géographique protégée) pour son Miel de Provence et le Label Rouge pour son miel toutes fleurs, son miel de lavande et son miel de lavande fine. Il est également le premier apiculteur du Parc naturel régional de la Sainte-Baume labellisé « Valeurs Parc », un sceau qui plébiscite la qualité des produits, le lien au territoire, la dimension humaine et le respect de l’environnement.

D'abord vendre en circuits courts

Mathieu Ghis privilégie les circuits courts pour la commercialisation de ses miels, qui s’effectue à flux tendus ©Mathieu Gis

Mathieu est extrêmement soucieux du bien-être de ses abeilles. « Lors des transhumances comme de l’hivernage, je choisis avec soins des endroits où elles seront bien. Si la saison est mauvaise et que la production est faible, je leur laisse le miel au lieu de le récolter. Elles sont ma priorité ».

Une miellerie écologique

A l’heure actuelle, Mathieu Ghis produit son miel dans l’arrière-cuisine de sa maison familiale, qu’il a réquisitionné pour l’occasion. Mais ce ne devrait être que transitoire.

l'atelier est aujourd'hui dans l'arrière-cuisine

Mathieu Ghis a transformé son arrière-cuisine en centre d’extraction du miel. A l’été 2021, il disposera d’une miellerie écologique à la sortie de Plan-d’Aups-Sainte-Baume ©SolènePenhoat

Au vu du succès de son entreprise, Mathieu fait construire une miellerie à la sortie de Plan-d’Aups-Sainte-Baume : une construction à énergie passive de 160 m² au sol avec une mezzanine équipée de panneaux solaires et de bassins de récupération de l’eau de pluie. Cette miellerie écologique comportera une salle pédagogique afin que Mathieu partage avec les visiteurs, et notamment les enfants, la passion des abeilles. Et pourquoi pas susciter, à son tour, des vocations !


Pour aller plus loin
pour travailler auprès des abeilles

Prêt pour la récolte du miel ©Mathieu Gis

L’apiculture en Provence

  • 163 000 ruches
  • 3 600 apiculteurs dont 3 000 apiculteurs « de loisirs » possédant moins de 50 ruches
  • 2 500 tonnes de miel par an, soit environ 8 % de la production française
  • 60 % en ventre directe

Qu’est-ce que le miel ?

Le miel est une substance sucrée fabriquée par les abeilles mellifères à partir du nectar des fleurs. La qualité du miel dépend donc des fleurs butinées par les abeilles. Clair ou foncé, liquide ou épais, il en conserve les parfums et les propriétés. Il faut en moyenne 20 000 à 100 000 voyages pour apporter un litre de nectar à la ruche. Cinq litres de nectar de fleurs sont nécessaires pour faire un seul litre de miel.