réchauffement climatique et sècheresse

Alors que les nations du monde sont réunies à Paris pour tenter d’infléchir un réchauffement global désormais inévitable, quels enjeux pour l’agriculture en région PACA ?

Phénomène planétaire s’il en est, le réchauffement climatique est souvent un casse-tête pour les scientifiques lorsqu’il s’agit d’en prévoir les répercussions locales. Ce qu’il est possible de dire aujourd’hui sur un plan climatique, c’est que le réchauffement global se traduit d’ores et déjà en PACA par une augmentation des températures l’été.

Or cette augmentation a toutes les chances de continuer. Et même si l’évolution des précipitations est sujette à de multiples scénarios, les spécialistes s’accordent parallèlement sur un appauvrissement des ressources en eau. Le climat de la région devrait ainsi évoluer à moyen terme vers celui actuel de la rive Sud de la Méditerranée.

Une région de plus en plus aride

Dans la nature, les effets de cette aridification s’observent déjà à certains endroits de façon évidente. Le Mont Ventoux a ainsi vu la densité de sa forêt diminuer de moitié en dix ans : au fil des sécheresses, les sapins y meurent littéralement de soif. Or la question essentielle de l’eau se posera inévitablement pour l’agriculture, modifiant les pratiques de façon drastique.

Elevage en PACA

@Ph.Bourget

Outre la diminution des capacités d’irrigation, le changement climatique et sa soudaineté à l’échelle de l’évolution des écosystèmes, provoqueront un bouleversement des équilibres écologiques. Sans même parler d’éventuels épisodes météorologiques dévastateurs, les agriculteurs devront faire face à la survenue de plus en plus fréquente de catastrophes biologiques impactant les récoltes et liées à des conditions climatiques anormales.

S’adapter à l’émergence de risques nouveaux

Il s’agira de bourgeonnements trop précoces avant les dernières gelées de l’hiver. Ou bien d’espèces nuisibles, dopées par des conditions devenues trop favorables à leur développement. À l’image, par exemple, des ravages provoqués par la mouche de l’olive en 2014. Même si sa prolifération n’est pas à ce jour liée au réchauffement, elle a montré dans tout le Sud de la France quelles pouvaient être les conséquences des aléas climatiques sur les équilibres du vivant.

Les pratiques agricoles devront donc nécessairement s’adapter à l’évolution du climat mais pas seulement. Alors que la masse végétale constitue normalement un rempart au réchauffement par sa capacité à capter le CO2, l’agriculture dite conventionnelle et les filières alimentaires sont paradoxalement devenues responsables à l’échelle globale d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. Elles ont donc aussi un grand rôle à jouer dans la résolution des causes du problème.

S’inscrire dans une transition agro-écologique

Cela passe par l’abandon des engrais chimiques libérateurs d’oxydes d’azote. Par les alternatives au labour et autres pratiques industrialisées très gourmandes en pétrole et donc fortement émettrices de CO2. Tout comme l’est par ailleurs le transport des denrées produites sur de longues distances. C’est à ce stade que la transition agro-écologique – puisqu’il s’agit bien de cela – implique l’adhésion du consommateur.

Vergers sans traitements chimiques

Vergers de pêchers bio

Berceau des Amap*, la région PACA ne manque pas d’initiatives citoyennes ou publiques qui l’inscrivent dans ce sens. Pourtant, même si la prise de conscience progresse parmi les citoyens, les agriculteurs et les collectivités, plusieurs décennies de conditionnement des esprits ne trouvent souvent un terme qu’une fois au pied du mur.

En Camargue, implacablement menacée par la hausse du niveau des mers, les agriculteurs renoncent les uns après les autres à l’utilisation des engrais chimiques. Ce faisant, ils se libèrent du sentiment de participer à leur propre perte mais demeurent conscients que leur action est inutile si elle reste isolée. C’est là tout l’enjeu de la COP 21.

* Association pour le maintien d’une agriculture paysanne


 

L’effet de serre

Comparable au fonctionnement d’une serre en verre qui concentre l’énergie du soleil, l’effet de serre est en soi un phénomène atmosphérique indispensable au maintien d’une chaleur suffisante à la vie sur Terre. S’agissant du réchauffement climatique et de la montée des océans, il faudrait en fait parler d’un affolement de l’effet de serre lié à l’excès dans l’atmosphère des gaz qui en sont le moteur.


LA COP21Mais au fait c’est quoi la COP 21 ?

COP 21, pour 21ème « Conférence of the Parties », n’est autre que l’édition 2015 du sommet mondial annuel consacré au climat. L’emploi de l’appellation évite de réduire l’événement à l’appellation Paris comme on a pu dire auparavant Rio, Copenhague ou Kyoto.