Etudier le passé pour comprendre qui nous sommes… c’est le leitmotiv de Pauline Coster. Après des années d’exploration dans le monde entier, cette paléontologue dynamique étudie et valorise le patrimoine du Parc naturel régional du Luberon.

Patience, rigueur et ténacité… trois caractéristiques qui définissent à merveille Pauline Coster. Dès l’enfance, elle rêve d’exploration. « J’aimais chercher, découvrir, apprendre. » sourit Pauline En grandissant, elle est de plus en plus attirée par l’étude d’un passé lointain. « J’éprouvais le besoin de remonter aux sources de l’Humanité pour comprendre d’où nous venons et qui nous sommes. La paléontologie est rapidement apparue comme la discipline qui concentrait mes attentes à la croisée entre la géologie et la biologie, cette discipline étudie les restes fossiles d’êtres vivants et décrit l’évolution du monde vivant, des origines de la vie, vers 3,8 milliards d’années à l’époque contemporaine ».

Les plaquettes calcaire du Luberon recèlent de nombreux fossiles. Ici, un fossile bachitherium. Crédit photo : PNRL

De l’Afrique à l’Antarctique

Pauline Coster quitte donc sa Haute-Savoie natale pour rejoindre l’Institut de paléontologie (1) de l’université de Poitiers où elle soutient sa thèse (2) en 2010. Elle effectue ensuite son post-doctorat au Carnegie Museum of Natural History de Pittsburgh, aux États-Unis, centre de recherche de réputation internationale et l’un des plus grands musées d’histoire naturelle. « Le métier de paléontologue alterne des périodes de recherche sur le terrain avec du travail en laboratoire et la publication d’articles scientifiques. Contrairement à certaines idées reçues sur le métier de paléontologue, je ne travaille pas sur les dinosaures. Ceux-ci, à l’exception des oiseaux, ont disparu à la fin du crétacé, il y a 66 millions d’années. Pour ma part, j’ai concentré mes recherches sur l’histoire des mammifères. Marteau de géologue en main, j’ai eu la chance de parcourir le monde entier, de l’Afrique à l’Antarctique, de travailler avec des tribus reculées. Un incroyable enrichissement humain ! J’ai notamment participé à des campagnes de fouilles en Ethiopie et au Kenya, berceau de l’Humanité.».

Des déserts libyiens à l’Antarctique, Pauline Coster a parcouru le monde à la recherche de notre passé. DR

Sur les pas des chevrotains et phacochères

Après des années d’exploration, Pauline Coster a posé ses valises au Parc naturel régional du Luberon, où elle est chargée de mission conservation et valorisation du patrimoine géologique. « Le Luberon compte de nombreux fossiles de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, poissons…), d’invertébrés comme les mollusques ou les insectes ou encore de végétaux. Tous ces fossiles permettent de mieux comprendre la longue histoire de la Terre. Les bancs calcaires en plaquette du Luberon, qui datent de 30 millions d’années, sont particulièrement riches. Le Luberon a aussi la chance d’abriter la dalle à empreintes de pas fossiles de Saignon, un site exceptionnel classé en Réserve naturelle nationale géologique depuis 1987. Les empreintes de pas fossiles de mammifères sont très rares à l’échelle de la planète. A Saignon, on trouve des centaines de traces de mammifères apparentés au rhinocéros, au chevrotain, au phacochère, datant de l’Oligocène (-33 millions d’années). Leur étude nous renseigne sur le climat, l’environnement de l’époque, et sur les animaux qui peuplaient le Luberon à l’époque. »

La dalle de Saignon, réouverte au public, conserve des centaines de traces de pas de mammifères et d’oiseaux. Crédit photo : PNRL

Au Parc naturel régional du Luberon, le quotidien de Pauline Coster se partage entre les fouilles sur le terrain, le travail avec les chercheurs, les actions de valorisation et de préservation du patrimoine et le partage de connaissances. Durant l’été, elle organise des visites de la dalle de Saigon et du moulin de Salignan, pour une découverte géologique du territoire. De belles occasions de voyager dans le temps, à la découverte de notre passé.  

Visites guidées de la dalle de Saignon et du musée de Salignan, en alternance, tous les jeudis de juillet et d’août, de 10 heures 30 à 12 heures. Visites gratuites, réservation obligatoire auprès de la Maison du Parc du Luberon : 04 90 04 42 00.

(1) IPHEP – Institut de paléoprimatologie et paléontologie humaine : évolution et paléoenvironnements

(2) Thèse – Contribution de la magnétostratigraphie et de la biochronologie à l’histoire évolutive des primates : application au Paléogène continental d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud-Est

Un voyage dans le temps au moulin de Salignan

Ancien moulin à vent qui a perdu ses ailes et son toit conique, le moulin de Salignan, entre Apt et Gargas, abrite une petite exposition géologique permanente sur le découpage des temps en géologie et l’étage Aptien.

Le moulin de Salignan est édifié sur une colline de marnes grises qui datent de l’Aptien.  Crée en 1840 par Alcide d’Orbigny, l’Aptien est un des étages de l’échelle stratigraphique internationale.  Le site du moulin offre aussi un point de vue à 360° du Luberon au Mont Ventoux.

L’exposition, à l’intérieur du moulin, permet de comprendre comment les premiers naturalistes géologues, à partir des roches et des fossiles, ont peu à peu découpé les temps de l’histoire de la Terre, pourquoi Alcide Dessalines d’Orbigny a choisi Apt et ses environs pour créer ce nouvel étage et comment les géologues ont progressivement construit, et construisent toujours, l’échelle internationale des temps géologiques.

Une très belle fresque de métal raconte les épisodes majeurs de l’histoire de la Terre et une collection de fossiles permettra aussi de se représenter le paysage d’Apt à l’Aptien, entre -125 et -113 millions d’années.

A proximité du moulin se trouve un verger conservatoire d’amandiers, qui regroupe plus de quarante variétés, afin de promouvoir les variétés anciennes de cet arbre fruitier, symbole de la Provence.