Lancé vendredi 25 par la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d’Arles, le Projet Alimentaire Territorial plaide pour des produits agricoles de qualité et des circuits courts, accessible au plus grand nombre. Bardé de bonnes intentions, le projet mobilise les acteurs de la filière. Pourvu que ça marche !

PAT, pour Projet Alimentaire Territorial. Sur le papier, le symbole est séduisant. Il consacre la volonté de deux institutions, la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d’Arles, de rapprocher agriculteurs, transformateurs, distributeurs, collectivités, associations et consommateurs. Objectif : « favoriser une alimentation locale de qualité », résumait Martine Vassal, présidente de la Métropole (et du département), lors du lancement de l’opération, vendredi 25 à Eyguières. En clair, donner aux habitants la possibilité de manger des produits de proximité, si possible sains.


Avant le lancement du PAT, petit tour dans l’exploitation ovine GAEC Notre-Dame-de-Crau, à Eyguières. Crédit Philippe Bourget   

Les PAT sont prévus dans la loi d’avenir de 2014 pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Ils donnent un cadre à des actions locales répondant à des enjeux de santé, économiques et environnementaux. A la sortie d’un travail d’études, de concertation et d’orientations, lourd comme chaque fois que le millefeuille d’acteurs locaux est mobilisé, l’Etat est censé décerner un label.

Un site internet pour les acteurs et le public

A ce stade, on ne peut être qu’attentif au récit du projet. Dans la salle de réception du Mas de Coupie, à l’abri ce jour là d’un furieux mistral, politiques, représentants agricoles et élus de proximité semblaient portés par un vent d’optimisme. Pour le grand public, en revanche, c’est mission incognita. Il n’a pas encore connaissance de ce projet qui lui est destiné.


Avant le lancement du PAT au Mas de Coupie, présentation du GAEC Notre-Damede-Crau, par Elodie Porrachia. Crédit Philippe Bourget

En 2018, les acteurs ont travaillé, dans l’ombre, le diagnostic et les enjeux. « Santé, économie, indépendance alimentaire et empreinte carbone », récapitulait Martine Vassal. Seul outil destiné aux consommateurs et aux porteurs de projets – on vous en parle parce que personne ou presque ne le connait – un site internet : https://pat-ampmetropole-paysdarles.jenparle.net. Chaque citoyen peut y apporter sa contribution.

35 produits sous signe de qualité

2019 sera l’année de la « co-construction », dit le programme. Dès cette semaine, à Salon de Provence, des rencontres d’experts de la chaine agricole mettent en scène la concertation. Les deux territoires, rassemblant pour la cause la totalité du département des Bouches-du-Rhône, ont quelques atouts à faire valoir.

Rappelons les chiffres : le « 13 », c’est 4 500 exploitations agricoles, le 1er département français producteur de tomates, salades, courgettes, pêches, nectarines, poires, olives et riz. C’est aussi 35 produits sous signe de qualité (AOP, Label Rouge…) et le 1er département national en surfaces cultivées bio ou en conversion (26% des terres agricoles). Bref, si le label est décerné, ce sera « le PAT le plus ambitieux de France en termes de superficie, de population et d’enjeux », rappelait Michel Fenard, président du PETR (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural – encore un acronyme…) du Pays d’Arles, maire des Baux-de-Provence.  


1 500 moutons mérinos d’Arles, 130 ha de prairies de foin de Crau : le GAEC de la famille Porracchia, à Eyguières, est le symbole du dynamisme agricole des Bouches-du-Rhône. Crédit Philippe Bourget

« Tout doit se construire »

Soit une aire de qualité avec de « bons outils », comme les Halles Terre de Provence à Plan de Campagne (1er marché de producteurs de France), les MIN des Arnavaux et de Châteaurenard, une plateforme logistique Biocoop récente… Problème : seules 12% des exploitations travaillent aujourd’hui en circuits courts  Et une part ridicule de fruits et légumes est vendue localement.


Au GAEC Notre-Dame-de-Crau, à Eyguières, Martine Vassal entourée d’Elodie et de
Rémy Porracchia. Crédit Philippe Bourget

Qu’en pensent les acteurs locaux impliqués de longue date dans l’agriculture de proximité ?  « Le PAT est une ambition politique dont on doit se servir si on veut que les choses avancent », encourage Nidal Abdelkrim, ex président de Filière Paysanne et membre du tout récent collectif Aliment. La structure, regroupant des associations et des SCOP impliquées dans l’alimentation locale, s’est constituée notamment pour peser dans le débat. « Le PAT, c’est une belle idée mais c’est encore un projet, avec un risque de dilution. Tout doit se construire. Avec Aliment, nous voulons mettre les chances de notre côté,  dans une démarche constructive ». Les fondations sont posées. Reste à construire une « maison commune » qui profite à tous..