Cantine

Pionnière des cantines 100% bio et locales en France, Mouans-Sartoux attire l’attention. Gilles Pérole, adjoint au maire et emblématique ambassadeur de cette démarche, nous explique comment des structures ont été créées pour répondre aux sollicitations et transmettre ce savoir-faire.

Gilles Perole

Gilles Perole, emblématique défenseur de l’alimentation durable

C’est l’histoire de cantines bio devenues modèles. A Mouans-Sartoux, commune résidentielle de l’arrière-pays cannois, personne n’aurait pensé que l’initiative municipale suscite un jour un intérêt tel qu’elle pousse d’autres villes à s’en inspirer. « En 1999, la mairie s’est engagée à intégrer du bio dans les cantines par conviction. Pas dans l’idée de transmettre. Mais plus tard, l’initiative a eu une certaine visibilité médiatique », rappelle Gilles Pérole, adjoint au maire en charge de l’éducation.

Effectivement, la mairie de Mouans-Sartoux a eu une longueur d’avance. Notamment grâce à l’engagement écologiste du maire André Aschieri et de Gilles Pérole, tous deux très engagés dans ce dossier. En 2009, les cantines comptaient 23% de bio dans leurs menus. Trois ans plus tard, elles passaient à 100%. Les trois cantines scolaires (environ 985 enfants), ainsi que la restauration collective des  agents municipaux en bénéficient. Soit l’équivalent de 1 000 repas distribués par jour.

A l’avant garde dans ce schéma où le bio en collectif semblait difficilement envisageable, l’équipe municipale a suscité la curiosité et a rapidement été victime de son succès. « Il s’est très vite posé la question de pouvoir répondre à toutes les demandes d’informations et de conseils que nous recevions. Nous n’étions pas structurés pour ça », se souvient Gilles Pérole.

Une vision écologique et économique des territoires

jardinageBien sûr, au-delà de la curiosité des journalistes et des associations, ce sont les collectivités publiques qui ont cherché à bénéficier de l’expertise mouansoise. Communes, communauté de communes, villes moyennes… écolo-sensibles ont tenté logiquement de s’inspirer de ce modèle. Gilles Pérole porte d’ailleurs la conviction qu’elles sont le maillon essentiel du déploiement d’une alimentation saine pour le plus grand nombre. Parce qu’elles sont au plus près de la véritable politique de santé publique. Dès le plus jeune âge avec les cantines, elles permettent l’éducation à l’alimentation et le ruissellement des bonnes pratiques aux parents et aux futurs adultes que sont les enfants.

Les équipes de Mouans-Sartoux sont convaincues que le sujet va aussi au-delà.  « Ce n’est pas seulement le bio dans les cantines qu’il faut instaurer. Le mode de production lui-même doit évoluer ! Dans la foulée, le bio arrivera naturellement ».

Un exemple qui fait tâche d’huile… bio !

Face à l’afflux de sollicitations, la mairie a donc développé différentes structures et organisations pour partager son savoir-faire, ses convictions et ses expériences. A destination des collectivités locales principalement mais aussi du grand public.

 Ainsi sont nés successivement « Un plus Bio » puis le « Club des territoires », complété récemment par le « Club des territoires européens Alimentation bio », en janvier 2018. Objectif : échanger mais aussi fédérer les collectivités autour des questions du bio et de l’économie locale. Et d’avoir, par le nombre, une force de proposition plus audible, notamment auprès des pouvoirs publics.

Au sujet de la loi agriculture et alimentation adoptée le 2 octobre dernier, « Un plus bio » a ainsi soutenu le fait que les produits issus des exploitations en conversion entrent dans le calcul des 20% de bio à la cantine. « Dès la première année de conversion, ils peuvent être comptabilisés dans les quotas du bio. Il faut que les élus s’appuient là-dessus. Cela peut permettre une dynamique de conversion sur les territoires », encourage Gilles Pérole.

Autre exemple : « Un plus bio » a créé un guide pour les parents souhaitant s’investir dans la mise en place d’une cantine bio dans leur ville.

Un DU dédié à l’Université de Nice

En partenariat avec l’Université de Nice, 2017 a vu naitre le diplôme universitaire Chef de Projet en Alimentation Durable, option collectivités publiques, toujours à l’initiative de la ville.  « C’est presque notre action la plus structurée. Elle permet de transmettre les méthodes de manière approfondie, avec une mise en perspective des enjeux, en collaboration avec des universitaires. Durant les 6 mois de formation, les étudiants sont rattachés à une collectivité. Ils établissent à la fois un diagnostic du territoire et un projet en alimentation durable tangible et viable ». La première promotion d’une dizaine d’étudiants est sortie en 2018 et a œuvré dans des collectivités réparties sur tout le territoire.

Le projet européen Bio Canteens

Sur son territoire, Mouans-Sartoux a également développé une Maison de l’Education à l’Alimentation Durable (MEAD,voir encadré).

Toujours en avance d’une idée, Gilles Perole s’est également engagé dans le projet européen Bio Canteens.biocanteens

Un cluster ambitieux d’échange de bonnes pratiques entre 7 villes européennes, avec toujours en chef de file Mouans-Sartoux. « Quand on transfère ce que l’on sait, par les questions posées, on affine encore mieux notre projet. C’est gagnant-gagnant ». Ces villes doivent ensuite devenir les ambassadrices de la démarche dans leur propre pays.

Des échanges ont également lieu avec l’Organic Food System Program (OFST) qui a vocation à produire des analyses et des méthodologies pour la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture).  L’histoire de la commune azuréenne s’internationalise !

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La Maison de l’Education à l’Alimentation Durable

La MEAD est située sur le site de Haute Combe, qui accueille la régie agricole mouansoise qui fournit des légumes bio aux cantines.

Laureen Traclet, chargée de mission à la MEAD

Cette structure est centrée autour de 5 axes de travail qui ont tous pour objectif le développement des modèles alimentaires bio et locaux.

« Rendre accessible l’alimentation durable à toute la population, toujours dans le respect de la santé et de l’environnement et d’être le plus cohérents possibles face à ces enjeux », résume Laureen Traclet.

D’un coté, des réflexions sont menées pour favoriser l’installation de nouveaux producteurs bio et renforcer ainsi l’offre alimentaire pour la population. Mais également sur la conception d’outils de transformation et de conservation des aliments, afin de valoriser au maximum les productions de ces agriculteurs.

D’un autre côté, une multitude d’actions de sensibilisation à destination des enfants comme des adultes de la commune sont menées. La MEAD participe en prime à des programmes de recherche sur l’innovation durable, l’entrepreneuriat ou encore l’agronomie.

Contacts :

Ville de Mouans Sartoux : 04 92 92 47 00

MEAD : mead@mouans-sartoux.net

Un plus Bio :contact@unplusbio.org

 Crédit photo : Mairie de Mouans-Sartoux