Installation du faisceau de cannes pour consolider les arches

Jadis utilisé dans les campagnes, ce végétal de grande taille pousse abondamment le long du Calavon, des canaux et même au bord des champs. Au pied du Luberon, l’équipe des jardins partagés de Robion et un passionné de canne tentent de le remettre au goût du jour.

« Arundo Donax » c’est à la fois le nom latin de la canne de Provence et celui du projet en cours aux Jardins du Moutillon : la construction d’une ombrière. Travailler la canne, plante qui peut atteindre plusieurs mètres de haut, nécessite des bras et des petites mains, de la patience et surtout de la coordination. Bref, un travail collectif pour amateurs motivés !

les trois arches en canne

Les bénévoles ont d’abord installé les trois arches devant la serre ©JB

Un chantier en plusieurs étapes

Ce samedi de juillet, le soleil frappe fort sur la dizaine de bénévoles attelés à la tâche. Après la confection d’un long faisceau, il s’agit de la plier – sans que les fibres cassent – pour lui donner la forme d’un fer à cheval. Nicolas Maillard est à la manœuvre. Il explique à chacun ce qu’il doit faire et réclame le silence pendant les opérations. « La canne croustille, mais elle ne doit pas craquer, tendez l’oreille » explique ce passionné qui se présente comme un « autodidacte de la canne ».

transport du faisceau

Il faut beaucoup de bras pour fabriquer puis transporter le long faisceau de cannes ©JB

Enfin déposé sur les trois arches déjà en place, le faisceau devra être attaché pour relier et rigidifier l’ensemble. Avec de la ficelle de sisal, seule fibre végétale naturelle qui résiste à l’humidité.

La passion de la canne

Nicolas habite Robion et s’est pris d’amour pour les cannes au fil de ses balades. « En voyant toutes les herbes folles au bord des routes, je me suis dit qu’on pouvait en faire quelque chose. On m’a répondu qu’avant on confectionnait des haies brise-vent. Je me suis documenté sur Internet et j’ai découvert en Espagne l’association Canya viva ».

pliage de la canne

La canne plie mais l’opération est très délicate, car elle ne doit pas casser ©JB

Canya viva, l’association espagnole

De l’autre côté des Pyrénées, d’autres passionnés membres de cette structure ont pris plusieurs longueurs d’avance. Outre des objets et structures pour l’événementiel, tels des chapiteaux et des stands, les tenants de la canne conduisent également des recherches et des études universitaires. Durable ou éphémère ? La canne n’a pas encore livré tous ses secrets…

la bulle fabriquée en canne de Provence

La bulle fabriquée par Nicolas Maillard décore dorénavant le jardin du Moutillon à Robion ©JB

Alors il y a 3 ans, Nicolas s’est mis lui aussi à travailler la canne. Canisses, palissades et bordures basses mais aussi des bulles éphémères pleines de poésie ont pris forme sous ses doigts… Jusqu’à ce qu’il rencontre les jardiniers de Robion. Curieux et à l’affût d’une nouvelle aventure, pour peu qu’elle ait un goût de partage et de défi en faveur de la nature, ceux-ci se sont mis aussi au travail de la canne.

Une  tâche de longue haleine

Et cela se mérite ! Il a fallu aller les arracher, les transporter, les trier par calibre, les peler, les trier à nouveau selon leur sens de rotation, construire les chevalets pour la fabrication des faisceaux… Et bien sûr creuser les fondations. De plus, la canne a son caractère, elle coupe cruellement, sèche et casse si l’on n’y prend garde.

pose du faisceau sur les arches

Toutes les opérations sont délicates et nécessitent de la coordination ©JB

Land art, éco-construction ?

Ici le projet d’ombrière constitue un chantier expérimental. Mais les acteurs aiment l’idée de valoriser à nouveau cette matière première disponible à foison. Et ils verraient bien la mise en place d’une filière d’écoconstruction. Et puis « c’est sympa comme tout », le côté chantier participatif. Rendez-vous à Robion dans quelques semaines pour profiter de l’ombrière et faire le bilan de l’aventure…

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les jardins partagés de Robion au pied du uberon

Les jardins partagés du Moutillon à Robion, lieu enchanteur de récolte et de partage©JB

Pour aller plus loin

Les jardins du Moutillon

Créés il y a 5 ans par l’association « Le carrefour des citoyens », au pied du Luberon et le long de la Véloroute, les jardins partagés proposent une trentaine de parcelles de 25 m² en permaculture. Les terrains bénéficient de l’eau du canal.

Le carrefour des citoyens

L’association anime débats et conférences à Robion autour de thèmes tels que les compteurs Linky, la décroissance ou la pollution et l’environnement tout comme les conditions de la démocratie…