Portail web terre de vrai

Lancé par Virginie Micheleau, ancienne cadre de l’agroalimentaire reconvertie dans l’économie locale, ce portail offre aux producteurs d’un territoire la possibilité de vendre directement aux clients en étant mieux rémunérés. Le concept, original, est inauguré à Salon-de-Provence cet été. Et a vocation à se dupliquer ailleurs.

Vous êtes jeune maman de 40 ans, avec une expérience professionnelle. Vous voulez donner du sens à vos actions et souhaitez travailler depuis chez vous. Cet article est fait pour vous !

Voilà l’un des challenges du projet de Virginie Micheleau. Trouver sur des territoires de proximité des « organisateurs(trices) » capables de convaincre et de fédérer des agriculteurs. L’idée est de les mettre en relation avec les clients via un site web. Puis de les réunir dans un lieu de distribution. Et au passage,  de diffuser auprès de tous les valeurs du bio, du local et de la santé par l’alimentation.

Fédérer les acteurs

légumes bioCe personnage-gigogne, la fondatrice de Terre de Vrai est sur le point de le trouver à Salon-de-Provence. La première « Terre » y sera officiellement lancée début août. Le principe est le suivant. « Une trentaine d’agriculteurs bios d’un territoire volontaires et sélectionnés mettent leurs produits en ligne sur notre plateforme. Les clients sont libres d’acheter quand ils le veulent. Ils payent sur le site et récupèrent leur marchandise le jour J dans un lieu déterminé. Localement, l’organisateur est la personne qui manage tout cela. Il doit être un fédérateur, un gestionnaire et un commercial », explique Virginie Micheleau.

Donner du sens

Pour cette jeune maman, ancienne cadre de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution, « une école formatrice mais qui écrase », dit-elle, les mots « santé », « écologie » et « économie locale » sont apparus au fil du temps comme une évidence.

logo terre de vraiDonner du sens à ses actions, apporter sa pierre à l’édifice « durable » et surtout permettre une meilleure rémunération des producteurs ont été les moteurs qui ont prévalu à la création de la SAS Terre de Vrai, un acte militant mais à sa façon, c’est à dire pragmatique.

Quel modèle économique ?

Du coup, le modèle économique a été pensé pour que chacun, sur le papier, s’y retrouve. 80% du produit de la vente HT revient ainsi au producteur « alors qu’ailleurs ce n’est le plus souvent que 50% ». 10% vont à Terre de Vrai pour la gestion du site Internet, les frais bancaires et la rémunération de la fondatrice. 8%, enfin, sont réservés à l’organisateur local, auxquels s’ajoutent, la première année, 2% sur les ventes que celui-ci réalise dans des « Terres » voisines sur des produits d’agriculteurs référencés par ses soins. A ce petit jeu, la créatrice estime qu’une « commission mensuelle de 1 000 à 2 000 € est possible pour l’organisateur ».

La pédagogie en plus

Ce n’est pas tout. Terre de Vrai vise en premier lieu les producteurs partageant ses valeurs, soit les néos agriculteurs, les bios et les reconvertis bios. Mais  la start-up veut aussi jouer un rôle éducatif et être vertueuse. « Pour que nos valeurs soient partagées, l’idéal est que la distribution des produits s’effectue dans une école, un lieu associatif, une maison de retraite… En échange de la mise à disposition du site pour la récupération des produits par les clients, nous ferons des interventions et emmèneront les gens sur les exploitations. Nous voulons monter de véritables partenariats », assure Virginie Micheleau. Voilà bien du boulot pour les « organisateurs », qu’elle compte motiver par des sessions de formation.

ecole Montessori PélissaneRéussir le pari

Pour la première « Terre » de Salon-de-Provence, elle a trouvé un accord avec l’école Montessori de Pélissanne. Les clients viendront  y retirer leur « panier ». La création d’autres « Terres » passera par « une logique de proximité. Je pense qu’il est bénéfique de professionnaliser les circuits courts. Les moyens que j’ai mis en œuvre sont capables de supporter une audience nationale », indique la jeune femme. Elle pilote le tout depuis son domicile de Sénas (13). Le concept de Terre de Vrai est séduisant en théorie. Les prochains mois diront s’il rencontre son public et est véritablement… dans le vrai.

terredevrai.fr

→ Un an après, un trophée et un modèle dupliqué

Fin novembre 2018, Virginie Micheleau a obtenu le Prix de l’entrepreneuse responsable, décerné par Agglopole Provence Initiative. La récompense valorise Terre de Vrai pour avoir installé son modèle de distribution locale et responsable. Depuis le lancement fin 2017 de Terres de Salon-Pélissanne, trois autres sites ont été ouverts : Aix Les Milles, Orange et Saint-Paul-Trois-Châteaux. Avec, chaque fois, le même schéma : un(e) organisateur(trice) interface entre producteurs bios et clients et un lieu de distribution partenaire engagé.

A Aix, Terre de Vrai s’appuie sur l’école privée Perel (enseignement éco-responsable) ; à Orange, sur l’association Café Jardin et le lycée agricole ; à Saint-Paul-Trois-Châteaux, sur le lycée agricole également. « Ces partenaires portent des valeurs éducatives qui permettent de sensibiliser le public », dit Virginie Micheleau, encouragée par ce prix porteur de visibilité – et d’un chèque de 1 000 €. Deux autres sites de circuits courts bios sont en projet, à Vaison-la-Romaine et Villeneuve-les-Avignon.

La structure a trouvé aussi une oreille attentive auprès de certaines collectivités. Repas scolaires, événementiel, participation à la Semaine du Goût… autant d’animations proposées par Terre de Vrai. L’entreprise travaille également avec la mairie de Charleval (13) à l’instauration d’un repas bio hebdomadaire à l’école communale et à la maison de retraite.

Le modèle économique reste inchangé et intéresse toujours de nouveaux producteurs, pour qui il constitue un complément d’activité. Sur 10 € de produit vendu, « 80% va au producteur, 10% à l’organisateur local et 10% à ma structure. Ce principe présente un risque, l’essor d’une entreprise ressemble toujours à une mer un peu déchainée mais je fais cela par réelle conviction », assure Virginie Micheleau.