champ de tomates

Quand elle avait mauvaise mine, elle finissait en conserve. C’était la mal aimée de la famille tomate… Aujourd’hui elle rêve de conquérir un marché en plein essor, grâce aux méthodes alternatives et au biocontrôle.

A quelques km au Nord d’Orange, Sylvain Bernard cultive de 30 à 35 ha de tomates pour la conserve. L’an dernier, il a récolté 2000 tonnes, vendues  par avance et par contrat à l’industrie. Sylvain est un passionné, « un paysan qui a envie de nourrir les gens. » Mais aujourd’hui, il s’inquiète : « Je constate la fatigue des sols, je crois qu’on est allés au bout du tout chimique, il faut retrouver du bon sens et des pratiques compatibles avec l’intérêt des agriculteurs et des consommateurs.»

Changer de méthodes : pas si simple

Alors le jeune agriculteur cherche, tâtonne, fait des essais, se trompe parfois : comme avec les choux qu’il a plantés et décidé de traiter moins que d’habitude : attaqués par les parasites, ils sont tous fichus : 20000€ de perte !

semeuse à engrais verts

Sylvain Bernard a investi dans une semeuse à engrais verts

Mais il connait aussi des succès : depuis deux ans, plus de labour mais de l’engrais vert, un mélange d’avoine et de vesces semé en octobre. Des plantes qui apportent de l’azote au sol et le restructurent. En février, elles sont broyées sur place, en avril Sylvain prépare la terre pour recevoir les tomates. Résultat : un meilleur rendement, des tomates de meilleure qualité (avec plus de matière sèche) et moins d’intrants chimiques, tout bon pour le sol et pour le porte-feuille !

Moins de chimie, plus de technique

Et Sylvain ne travaille pas seul. Il a mis une parcelle en expérimentation et collabore avec Robert Giovinazzo, directeur technique de SONITO, l’organisme interprofessionnel de la tomate destinée à la transformation. Ensemble, ils appliquent le programme SPIDTOM (Système de Production Intégré Durable de la TOMate). Au programme, une meilleure gestion et donc des économies d’eau grâce à des sondes dans le sol qui analysent tous les paramètres nécessaires ; une fertilisation ajustée, qui permet d’apporter les intrants au moment précis et en quantité définie, par l’élaboration du bulletin de santé du végétal établi à partir de modèles : météo, températures, surveillance des parasites sont prises en compte. Résultat : 3 traitements au lieu de 5 pour lutter contre les noctuelles, ces ravageurs redoutés.

les engrais verts

Avant les tomates, vesces et avoine nourrissent le sol

L’ambition de la filière

L’objectif de Robert Giovinazzo : « D’ici 2025, appliquer ces nouvelles méthodes partout, remplir les usines en atteignant et même dépassant les 200 000 tonnes et avoir une tomate « Made in France ». Car le marché des jus, coulis et autres concentrés se porte très bien, et la capacité de transformation des usines françaises dépasse encore largement la production nationale. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux produits locaux et aux cultures les plus propres possible. Et les aides aujourd’hui -nationales avec les programmes Ecophyto ou européennes- vont aux initiatives agro-écologiques. Alors l’interprofession affiche clairement sa volonté : produire en quantité une tomate de conserve qui n’aura pas à rougir de sa qualité.


Pour aller plus loin

La tomate destinée à la conservation et les chiffres :

En Provence : … 800 ha dont 60 en bio, production : 70 000 T

En France : 2600 ha dont 150 en bio, production 2015 : 170 000 T

(en 1985, 400 000 T mais 100 000 T seulement en 2007)

Consommation : 1,2 MT

Dans le monde : production 42 MT (Un quart environ de la production mondiale de tomate est consommée sous forme transformée)

 

Une filière organisée : Sonito

Régions de production : le Sud Ouest et le grand Sud Est

5 organismes de production

5 grandes usines