les intervenants aux rencontres bio plus responsable

Ils produisent, transforment, vendent ou consomment bio. Mais cela ne leur suffit pas. Leur quête ? Un moindre impact environnemental et des relations professionnelles justes et dignes pour chacun. Alors ils échangent leurs expériences et montent des projets communs.

Ce matin de mai, la rencontre a lieu sur l’Agroparc d’Avignon, chez « Local en bocal ». En peu d’années, la petite entreprise de transformation de fruits et légumes -bio et locaux mais moches et donc pas commercialisables– en soupes et préparations culinaires- a tracé sa route. Charlotte Trossat, sa créatrice, est à l’initiative de cet atelier de réflexion intitulé « Ensemble vers une bio plus responsable ».

les préparations bio de Local en bocal

Les soupes Local en bocal à base de légumes bio moches

Pour elle, « les chefs d’entreprise ont le devoir de s’engager pour limiter leur impact sur l’environnement. Le bio n’est pas suffisant. Il faut aller plus loin ». Ici, l’eau, les déchets, les achats, les déplacements sont déjà l’objet de toutes les attentions. L’entreprise est engagée dans le programme régional CEDRE (qui finance l’innovation sociale) et elle a le label RSE. (Pour voir les articles de Bleu Tomate sur cette entreprise, cliquer ici et ).

Une filière bio ET responsable

Mais Charlotte Trossat veut aller encore plus loin. Alors elle travaille à la mise en place d’une filière bio d’approvisionnement avec les producteurs et tous ses partenaires. Objectif : une charte d’engagement pour un développement économique local et  responsable en terme d’emplois, de respect de l’environnement, du bien vivre ensemble, pour des relations et équitables à l’égard des salariés, fournisseurs, clients…

logo SolebioSolebio et le label Bio Cohérence

logo bio cohérence

Mieux que bio, Bio Cohérence

Pierre Clerc est venu du Thor (84) où il est agriculteur pour présenter Solebio. Un collectif de fermes solidaires 100% bio, engagées dans un commerce bio et éthique de produits de terroir. Client quasi unique du groupement fondé dans les années 80 : le réseau Biocoop, dont une soixantaine de producteurs sont sociétaires. En désaccord avec l’allègement du cahier des charges de la Bio, dans les années 2010/2011, Solebio a adhéré à Bio Cohérence, un label plus exigeant. Il interdit par exemple le recours aux travailleurs détachés ou encore les CMS (OGM cachés).

Bio et équitable

Pour Nina Lausecker, cofondatrice de Lökki, la boisson fermentée, bio équitable et responsable vont forcément ensemble. L’entreprise est sous le label Bio Partenaire. Parmi les critères, un engagement réciproque par contrat, un revenu juste pour les producteurs, un programme de développement concerté, ou encore la solidarité…

label bio partenaires

Les labels sont nombreux et pas toujours faciles à décrypter

Au quotidien, l’entreprise installée sur le MIN de Cavaillon a déjà mis en place l’approvisionnement en énergie chez Enercoop, le recours aux banques éthiques, l’usage de la monnaie locale la Roue et le transport mutualisé.

Côté vie de l’entreprise, elle affiche elle aussi la participation au programme CEDRE et un plan d’action RSE. Tous ces engagements et choix ont un coût (1500€/an pour le RSE par exemple). Mais pour Nina, « cet effort est nécessaire pour nous sortir la tête du guidon, pour nous aider à formaliser les bonnes idées, pour accepter un regard extérieur sur nos pratiques ».

l'assistance aux Rencontres Ensemble une bio plus responsable

Une partie de l’assistance aux Rencontres « Ensemble vers une bio plus responsable »

Vive le vrac

Dans son épicerie « le Petit Pot » à Avignon, Marjorie Cousin s’affirme comme la reine du vrac et du zéro déchet. Ses produits sont locaux (jusqu’à 200 km) et bio à 95%. Mais cela ne lui suffit pas. Alors elle a adhéré au « Réseau Vrac ». Elle organise ainsi des livraisons groupées avec les fournisseurs et travaille sur la consigne. « Nous sommes un laboratoire, toujours à l’écoute des propositions des fournisseurs ou des consommateurs, souligne-t-elle. La consommation responsable passe par le local, le bio et l’humain. Nous des partageons ces valeurs avec les producteurs et les consommateurs ».

Biocoop, le réseau se renouvelle

Fort de 600 magasins, le 1er réseau de vente de produits bio est en pleine croissance. Mais aussi en pleine réflexion. Stéphanie travaille au Biocoop d’Avignon mais elle représente aussi les salariés à Paris. Et elle se réjouit : «Notre charte est de plus en plus exigeante. Notre force nous donne la capacité de dire non. Non aux OGM, au transport par avion, aux arômes, aux bouteilles d’eau… Nos magasins sont audités et contrôlés régulièrement. » Récemment, l’un d’eux a été exclu du réseau pour non respect de la politique salariale. Et à Avignon, à son initiative, une réflexion est engagée sur une filière compost à l’échelle de la ville.

les bio pour plus d'éthique

Les intervenants aux Rencontres « Ensemble pour une bio plus responsable »

Surmonter les obstacles

Déterminés, tous ces acteurs n’ont pas pour autant les mains libres. Côté producteurs, les revenus –toujours aléatoires, et souvent plutôt bas- sont parfois un frein à de nouvelles initiatives. Pour les artisans de la transformation, ce sont les contraintes techniques ou financières qui bloquent ou retardent les avancées. Et pour les vendeurs, l’approvisionnement qui répond mal aux demandes, si les volumes ne sont pas assez importants.
Pour tous, le temps de travail s’allonge, quand on cherche à faire mieux…
Pas de quoi décourager ces entrepreneurs aux convictions chevillées au corps. Leurs entreprises leur ressemblent : elles se développent dans le respect des personnes et de l’environnement.