Précarité alimentaire, cantines : le Pays de Grasse accélère

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Deux études reçues cet été par le Projet Alimentaire Territorial du Pays de Grasse le confirment : la dynamique pour une meilleure alimentation est enclenchée. Que ce soit pour les cantines ou contre la précarité alimentaire, des pistes sont désormais identifiées.

Avoir une alimentation saine, durable et locale cela passe, entre autres… par les transports publics. En juillet et septembre 2025, le Projet Alimentaire Territorial (PAT) du Pays de Grasse (Alpes-Maritimes) a bouclé deux rapports d’études qui montrent tout l’intérêt de cette démarche, mais aussi sa complexité.

La première étude porte sur les personnes en situation de précarité alimentaire, c’est-à-dire n’ayant pas “un accès sûr et régulier à une nourriture suffisante, de bonne qualité, et adaptée à leurs goûts et besoins quotidiens”. En 2022, plus d’un Français sur six (16% de la population) était en précarité alimentaire. Dans le Pays de Grasse, en se basant sur des analyses statistiques et des entretiens, le bureau d’études Icone médiation santé pointe les fragilités du territoire : plus de personnes âgées isolées (32% de la population contre 26% dans l’ensemble du département), plus de jeunes isolés ou en rupture scolaire ou familiale (17% contre 15%) et davantage d’isolement par rapport à l’offre de soin.

Isolé, on perd le goût de manger

Face à cette réalité, habitantes et habitants s’adaptent : recours à l’aide alimentaire d’urgence, aux épiceries solidaires, courses en priorité dans les promotions pour invendus… Des solutions souvent mises à mal par l’augmentation de la demande. Mais l’étude souligne aussi le rôle d’autres facteurs, comme la sociabilité. “Il est indéniable que les associations d’aide alimentaire permettent de recréer du lien social”, note le rapport.

Et ce lien permet d’accepter plus facilement de recevoir de l’aide alimentaire, de dépasser la gêne de “ne pas pouvoir payer ses courses”. Ainsi à Grasse, plusieurs usagers d’une aide alimentaire déplorent que, face à la hausse de la demande, certaines distributions doivent se faire à tour de rôle, réduisant le temps pour se parler.

L’enjeu est d’importance, car le goût de manger peut se perdre à force de ne voir personne. Plusieurs personnes âgées isolées témoignent dans l’étude qu’elles perdent l’appétit depuis qu’elles vivent seules. Pour les jeunes actifs, au contraire, les contraintes liées au travail peuvent faire qu’elles vont privilégier des aliments sur-transformés, plus rapides à préparer et à consommer, voire carrément “oublier de manger” et sauter des repas. Autre enjeu crucial : les transports. Sans voiture, aller faire ses courses peut devenir un casse-tête. Dans la partie Nord du Pays de Grasse, “si on loupe un bus, on ne peut pas prendre de surgelés parce qu’il n’y a qu’un bus le soir”, souligne le rapport.

Renforcer l’aide d’urgence

Pour renverser la tendance, l’étude avance six axes de travail. En priorité : renforcer l’aide alimentaire d’urgence, mais aussi développer la dimension sociale de l’alimentation, en soutenant les lieux de rencontres et d’échange comme les cantines et épiceries solidaires, les aides alimentaires d’urgence… Pour rompre l’isolement, le rapport propose de développer des services itinérants, pour aller au plus près du public, mais aussi de favoriser la participation des bénéficiaires de l’aide alimentaire, aussi bien en tant que bénévoles des associations qu’en devenant partie prenante de leur gouvernance.

Cantines à fond sur le bio

Dans le second rapport, le PAT se penche sur un autre volet crucial de l’alimentation: la restauration collective. Un levier décisif pour changer le rapport à l’assiette : chaque année, les cantines municipales du Pays de Grasse servent plus de 1,3 millions de repas, soit près de 9 000 par jour. Sur ce versant, le territoire est bien placé : les cantines servent 47% de produits bio, dont 16% de produits locaux, et 56% de produits durables. Les objectifs fixés par la loi Egalim sont atteints, ce qui est loin d’être le cas au plan national (seulement 37% de produits durables en 2024).

Le gaspi en repli

La lutte contre le gaspillage alimentaire progresse, avec 11 communes ayant mis en place un système de quantités “petites faims / grandes faims” dans leurs cantines. Dans ces selfs-services, le pain est placé en fin de parcours, avec limitation à une tranche mais possibilité de se resservir. Et 9 communes ont installé une commission menus avec un classement de tops et de flops, en concertation entre les cuistots, les élèves et les parents. L’enjeu est autant écologique qu’économique : sur la même année, le gaspillage alimentaire peut varier de 30g par repas jusqu’à 230 g par repas sur les cantines du Pays de Grasse. Or 120g gaspillé par repas, cela représente une perte de 10 000 € par an ! Heureusement, comme le note le rapport, toutes les communes interrogées sont en baisse constante des volumes de gaspillage alimentaire. Se regrouper pour agir sur l’alimentation, c’est un pari gagnant.

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