Parmi les bonnes résolutions de la rentrée, pourquoi ne pas mettre en priorité celle d’un air plus pur dans les salles de classe ? Pour cela, la qualité des fournitures scolaires joue un grand rôle. Isabelle Farbos, Docteur en Génétique et experte en santé environnementale nous a donné quelques conseils.
Quoi de plus inoffensif qu’une trousse d’élève ? Des stylos et feutres fluo qui flashent, des gommes, de la colle qui sent bon… Et pourtant, si l’on n’y prend garde, certains de ces objets contiennent des solvants et autres composants chimiques qui peuvent perturber la santé des enfants tout comme celle de la planète.
Moins de chimie dans les classes
Pas de panique cependant à l’heure de l’achat des fournitures ! Des produits sains sont sur le marché, il suffit d’un peu d’attention et d’information. « Il existe par exemple des colles sans solvants, des gommes sans PVC ou encore des crayons fluo surligneurs secs en bois »… énumère Isabelle Farbos, qui évoque aussi les gammes sans molécules CMR (Cancérigène, Mutagène Reprotoxique) de feutres utilisés par les enseignants sur les tableaux blancs.
A l’heure des achats, préférer les colles sans solvants ©JB
Ou encore les crayons à papier… les enfants les machouillent toute la journée et avalent les écailles de peintures pouvant contenir des métaux lourds… Mieux vaut qu’ils soient non peints (en bois naturel) ! Quant aux stylos en plastique, les scandinaves les ont proscrits depuis bien longtemps au profit de stylos en papier enroulé. Ils finissent au compost et non à la poubelle !
Présenter « le cartable sain »
La scientifique a mis au point un programme destiné aux scolaires, élèves comme enseignants et aux associations de parents qui peuvent proposer une trousse saine à prix coûtant.
Un cartable sain requiert la vigilance pour toutes les fournitures ©JB
Isabelle se déplace dans les classes avec un « cartable sain », qui contient tout le nécessaire à une bonne scolarité sans molécules chimiques potentiellement dangereuses. Elle explique alors simplement aux grands et aux petits l’intérêt d’une telle démarche. Et notamment les différents logos fiables et pictogrammes à éviter, la plupart du temps inconnus, y compris des enseignants et des parents.
« Mieux vaut éviter les correcteurs liquides et leur préférer le ruban sec pour limiter l’exposition des enfants aux molécules indésirables, poursuit la biologiste. Même si celui-ci n’est pas top pour la planète, avec sa coque en plastique. Et pourquoi ne pas revenir à une rature propre ? Elle montre aussi que l’enfant a le droit de se tromper et une marge de progrès » !
Favoriser pour les élèves le matériel le plus sain et aérer chambre et salle de classe ©JB
Ouvrir les fenêtres !
Les fournitures à base de composants chimiques émanent dans l’atmosphère. Les mesures attestent que l’air ambiant dans les salles de classe est de mauvaise qualité. Première réponse simple pour assurer le renouvellement de l’air, instaurer une ventilation mécanique, confiée aux enfants. Le temps des récréations et de la cantine, quelques minutes de courant d’air suffisent. Manière de responsabiliser les écoliers qui reproduiront ces gestes simples dans leur chambre…
Quant au cartable lui-même, Isabelle Farbos le préconise durable, autrement dit, qu’il dure plusieurs années. Et avec deux solides bretelles, plutôt qu’une valise à tirer qui favorise les petits dos en vrille, selon les professionnels.
Informer et éduquer
« Aujourd’hui ces fournitures saines se trouvent relativement facilement et à des prix abordables, constate-t-elle. Dans les classes où nous sommes retournés un ou deux ans plus tard, les élèves avaient tout retenu et beaucoup utilisaient des fournitures sans chimie ».
On trouve sur le marché des fournitures plus saines et pas forcément plus chères ©JB
Un cartable sain qui permet la réduction des molécules chimiques, mais aussi celle du plastique, un plan manuel de renouvellement de l’air : voilà qui préserve la santé de l’enfant et de la planète… Et le moyen de faire germer de futurs citoyens concernés.
Habitat Santé Environnement
L’association Habitat, Santé et Environnement (HSEN) a pour objectif de concilier développement santé et environnement. Fondée par des scientifiques, dont Isabelle Farbos, elle travaille à traduire la science en actions.
Basée dans la région Nouvelle Aquitaine, elle y a conduit de nombreux programmes non seulement dans les écoles, avec l’opération « Cartable sain » mais aussi dans d’autres domaines. Par exemple « Nettoyage sain », destiné aux collectivités locales. A ce jour, de nombreuses communes de la Dordogne l’ont adopté.
Isabelle Farbos est docteur en Génétique et Biologie Moléculaire et experte en Santé Environnementale
Autre initiative, les « Maternités saines ». Isabelle y décrypte le contenu des produits d’hygiène, des désinfectants et des médicaments (perturbateurs endocriniens). Mais aussi des peintures au sol et des produits de soin pour les bébés. Elle fait même une incursion par la boutique de l’hôpital pour y prôner les doudous sains !
En 3 ans, près d’une quarantaine de maternités de la région Nouvelle Aquitaine ont reçu la visite et les conseils d’HSEN. Isabelle Farbos accompagne désormais les maternités de l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France et l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (APHP) en santé environnementale.
