Le 12 septembre, Saint-Chamas, village des Bouches-du-Rhône, a été élu meilleure commune pour la biodiversité 2022. Une reconnaissance qui récompense l’investissement des habitants et des collégiens. Parmi eux, les éco-délégués, particulièrement mobilisés pour un futur plus durable et plus solidaire. Bleu Tomate est parti à leur rencontre. 

Ils s’appellent Dorian, Nelly, Louanne, Antoine, Maeva, Thomas ou Lola : ils font partie des éco-délégués du collège René Seyssaud de Saint-Chamas. Une trentaine de jeunes de 11 à 15 ans, engagés au quotidien. Ils agissent pour la préservation de l’environnement et pour une société plus juste. « Nous assurons beaucoup de missions comme le tri des papiers, le ramassage des cartouches d’encre et des piles en vue de les recycler. Mais aussi l’arrosage des plantes, le remplissage de mangeoires, la participation au tri des déchets à la cantine, le compostage » raconte Thomas, éco-délégué en classe de 3e. Ce dispositif d’éco-délégués a été mis en place par l’Education nationale. Il permet à des jeunes, du CM1 au lycée, élus par leurs camarades, de bénéficier d’une formation et de s’impliquer en faveur du développement durable. Des actions qui s’inscrivent dans le cadre de projets pédagogiques.

Les collégiens remplissent les mangeoires pour les oiseaux © Dominique Millischer

Des projets pluridisciplinaires et très concrets

« La protection de l’environnement constitue un support pertinent. Il permet d’aborder des notions du programme dans de nombreuses matières : en sciences de la vie et de la terre, mais aussi en anglais, en français, en histoire-géographie… » se félicite Dominique Millischer, professeur de sciences de la vie et de la terre. « Les élèves s’investissent dans des projets qui leur parlent. C’est du concret. Ils sont très demandeurs et ne manquent pas d’idées » ajoute sa collègue, Anne Bierren, professeur d’anglais. 

Expérimenter, sensibiliser, apprendre

Chaque année, le collège s’engage dans des projets ambitieux. Il y a le vaste travail de prospective aboutissant à des affiches sur le Saint-Chamas de 2050. Il y a aussi des mesures scientifiques de la qualité de l’air et de l’eau.  Les élèves ont également enquêté sur l’incendie du centre de récupération des déchets de Saint-Chamas. Une opération de ramassage des déchets a réuni l’année passée 53 élèves et des parents un samedi matin. « Nous avons préparé des affiches, diffusé des messages par différents canaux afin d’être le plus nombreux possibles » raconte Louanne. Les collégiens ont aussi travaillé sur les économies d’eau et taggué les plaques d’égout. Le message était clair « La mer commence ici ». Pour sensibiliser leurs camarades, mais aussi les adultes à la préservation du monde marin. « C’est maintenant qu’il faut agir » souligne Maeva, en classe de 3e. « L’école nous permet d’expérimenter, de sensibiliser, d’apprendre. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce qui se passe. Nous avons envie, nous aussi, de contribuer à notre échelle à un monde meilleur. Nous ne voulons pas attendre pour cela de devenir adultes. »

Une partie des éco-délégués avec leurs professeurs © Solène Penhoat

Le personnel impliqué

Les jeunes sont soutenus par leurs professeurs, mais aussi par le personnel du collège. La secrétaire de l’établissement consacre une partie de sa pause déjeuner à trier les déchets de la cantine. Quant au chef du restaurant scolaire, il prend le temps de sélectionner les matières organiques qui permettront d’obtenir un beau compost. Un compost qui nourrit le jardin dans lequel les éco-délégués plantent des herbes aromatiques, des pommes de terre et cultivent même des champignons. « Nous avons dégusté à la cantine une excellente omelette aux pleurotes » se réjouit Anne Bierren.

Le chef et l’équipe de cuisine sont mobilisés pour réduire le gaspillage © Solène Penhoat

Aider ceux qui en ont besoin

L’engagement des éco-délégués n’est pas seulement tourné vers la nature, il est aussi sociétal. « Nous avons incité élèves et personnel à ramener leurs piles usagées. Nous avons récolté 56 kilos ! » explique Nelly, en 4e. « Nous pouvons ainsi aider la communauté Huarpe en Argentine. Sous l’impulsion d’une mamie, nous récoltons aussi du matériel scolaire usagé, au profit d’une association de recherche médicale, Les petits mecs P2. De telles actions sont simples à mettre en place, mais aident vraiment des gens qui en ont besoin. » Pour mener à bien ses actions, le collège reçoit le soutien de la municipalité et de nombreux partenaires, notamment l’association 8 vies pour la planète. 

Nicolas Méline, assistant d’éducation, relate en images l’engagement du collège

Niveau 3 du label E3D

Tout cet investissement est reconnu par l’Education nationale. Le collège René Seyssaud vient d’obtenir le niveau 3 – le plus élevé – du label E3D. Cette labellisation École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable est mise en œuvre par le ministère. Elle vise à reconnaître et encourager écoles et établissements scolaires qui s’engagent dans une démarche globale de développement durable. En septembre 2022, près de 1 000 écoles, collèges et lycées ont obtenu une labellisation E3D. Ils étaient 7 700 un an plus tôt. A Saint-Chamas, les actions sont organisées chaque année autour d’un des Objectifs de développement durable définis par l’ONU : le 11, à savoir villes et communautés durables cette année.

Le collège René Seyssaud a obtenu le niveau 3 du label E3D

« L’école a pour objet d’apporter aux jeunes les enseignements fondamentaux, mais aussi de contribuer à former les citoyens de demain. De fait, le développement durable a toute sa place dans nos programmes et dans nos projets » commente Dominique Millischer. « Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons faire notre part pour changer notre futur, celui de nos enfants et de nos petits-enfants » concluent avec sagesse les jeunes éco-délégués.

Photo de 1 : 53 élèves, des professeurs et des parents ont participé à une demi-journée de ramassage des déchets © Dominique Millischer