La lutte contre le changement climatique doit être l’affaire de tous. Des solutions existent, telle la compensation carbone. Elle permet aux entreprises et aux collectivités de réduire leur impact… à condition de la mener de façon pertinente ! Le Geres (1) et l’Ademe (2) diffusent gratuitement un guide de bonnes pratiques de la compensation volontaire.

Pour réduire l’impact environnemental, l’idéal, c’est bien sûr de ne pas produire de CO2… mais ce n’est pas toujours possible. Pas plus pour une entreprise que pour une collectivité. La compensation carbone permet aux entreprises et collectivités de contrebalancer les émissions de CO2.  Elles financent alors des projets de réduction d’autres émissions ou de séquestration de carbone. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) résume ainsi l’enjeu : « Réduisez votre empreinte au maximum, compensez le reste avec des URCE (Unité de Réduction Certifiée des Emissions) ». La compensation volontaire ne doit intervenir que « postérieurement à la mise en œuvre d’efforts de réduction de ses émissions sur son périmètre d’action ». Elle doit cependant  elle-même être précédée d’un bilan des émissions de l’entité concernée.

Il ne suffit pas de planter des arbres

La France s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour l’atteindre, deux leviers sont nécessaires : réduire les émissions de gaz à effet de serre et séquestrer le CO2. Au choix dans des puits biologiques ou technologiques. Cet objectif se traduit par un engouement des acteurs publics et privés autour de la compensation/contribution carbone. Encore faut-il savoir bien choisir son engagement ! « Si elle n’est pas bien pensée, la démarche de compensation carbone entraîne des risques de greenwashing. C’est un vrai biais marketing utilisant l’argument écologique de manière trompeuse », explique Lucas Winkelmann, chargé de programme Climat & Carbone au Geres. « En effet, les projets se sont multipliés ces dernières années, mais certains ne sont pas pertinents. » Il ne suffit pas de planter des arbres n’importe où pour protéger l’environnement. C’est la raison pour laquelle le Geres et l’Ademe diffusent depuis fin septembre leur guide. « La compensation volontaire : de la théorie à la pratique »est Téléchargeable gratuitement.  Il est une aide précieuse pour choisir les projets à soutenir.

Lucas Winkelmann aide les entreprises à acquérir les bonnes pratiques

Privilégier le label bas carbone

« Il est essentiel de choisir des projets certifiés », commente Lucas Winkelmann. « C’est en ce sens que le ministère de la Transition écologique a lancé en 2018, le label bas carbone ». Cinq principaux axes de compensation carbone ont été définis : les énergies renouvelables ; les forêts et l’usage des terres ; les déchets ; les équipements domestiques et l’efficacité énergétique. « D’autres projets émergent, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des transports et de l’industrie. Ils peuvent obtenir des crédits carbone dans le cadre d’un processus de labellisation ». Tous les projets de compensation doivent respecter cinq critères : l’additionnalité, la mesurabilité, la permanence, l’unicité, la vérifiabilité.

 

 

Des projets dans le monde… et bientôt à côté

Le Geres travaille avec sa vision éthique et solidaire de la compensation carbone depuis les années 2000. Il a notamment certifié plusieurs projets de distribution de foyers de cuisson améliorés. Ce sont à ce jour au Cambodge 4 millions de foyers de cuisson améliorés et au Mali 21 000. Depuis, il a contribué à la valorisation de plus de 500.000 teqCO2 et, ce faisant, au soutien de près de 40 projets. « Il est important que les entreprises choisissent de soutenir des projets qui leur parlent. Pour le moment, nous avons soutenu essentiellement des projets à l’étranger, mais les initiatives locales vont se déployer. Les sociétés pourront ainsi agir pour la gestion des forêts ou le changement des pratiques agricoles sur leur territoire, dans une démarche de proximité ».

La compensation carbone n’est pas réservée aux grands groupes. Les PME, les TPE et même les citoyens peuvent la mettre en œuvre, à leur échelle. Afin d’offrir au monde un impact plus positif pour mieux vivre aujourd’hui et préserver demain.

Le Geres soutient des projets compensation carbone au Cambodge et au Mali, notamment la distribution de foyers de cuisson améliorés. © GERES

(2) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

Les cinq règles clefs

  1. Faire et rendre public un bilan des émissions GES, réductions et compensations
  2. Choisir des projets de compensation labellisés
  3. Privilégier des projets avec une approche développement durable
  4. Équilibrer les projets soutenus sur le sol national et à l’international
  5. Communiquer de façon responsable

 

 

 

(1) Le Geres ou l’énergie positive

Organisation non gouvernementale de développement international basé à Aubagne (13). Il œuvre à l’amélioration des conditions de vie, et lutte contre les changements climatiques et leurs impacts. Le Geres est né le 14 septembre 1976 à Marseille. Il s’appelle alors « Groupement pour l’exploitation rationnelle de l’énergie solaire ». A son origine, trois chercheurs et universitaires, Georges Peri, René Perrin et Roger Dabat, soucieux de développer l’énergie solaire comme alternative au pétrole. Depuis 2019, il affiche pour slogan « La Solidarité climatique en action ». Le Geres encourage notamment le développement et la diffusion de solutions innovantes et de proximité. En Région Sud, le Geres promeut plusieurs projets. Ils concernent l’agriculture durable, la valorisation des biomasses résiduelles, le renforcement de la filière méthanisation ou la lutte contre la précarité énergétique. Le Geres compte aujourd’hui 53 projets menés dans 11 pays. Ceux ci représentent 170 000 bénéficiaires directs. Fort de 182 collaborateurs, dont une majorité basée à Aubagne, le Geres recrute régulièrement.

L’info en +

Info Compensation Carbone (InfoCC) est une plateforme d’information en ligne sur la compensation carbone volontaire. Elle est soutenue par l’ADEME. L’objectif d’InfoCC est d’informer et de conseiller de manière neutre tous les utilisateurs potentiels de la compensation / contribution carbone. InfoCC participe à la diffusion des bonnes pratiques. Elle oeuvre tant du côté de l’offre que de la demande, et met à disposition des supports pédagogiques accessibles à tous. La plateforme favorise ainsi un développement plus cohérent et plus responsable de la compensation carbone volontaire en France.