Dans le cadre de ce festival dédié à l’alimentation en Durance-Luberon, de nombreuses manifestations se déroulent tout l’automne. Objectif ? Dessiner un avenir alimentaire désirable. Ce samedi d’octobre, balade buissonnière à Cadenet dans le Vaucluse, à la découverte des paysages façonnés par des siècles d’agriculture.
Tout commence à La Bardane, le magasin de producteurs installé à Cadenet (84). C’est l’un des acteurs fidèles du Festival « Vivant ! » qui déroule cette année sa 7e édition. Autre acteur majeur, le Parc naturel régional du Luberon qui invite aujourd’hui le public à sa première sortie buissonnière de la saison. Une bonne vingtaine de curieux ont répondu présents.
Quand l’agriculture sculpte les paysages
Au programme, deux heures de marche tranquille sous un brillant soleil, en direction de la Durance… que l’on ne verra pas ! Mais dont la présence a déterminé la nature des sols et l’usage qu’en ont fait les habitants.
Première halte pour remarquer le petit canal qui court et chante en direction des champs. Outil séculaire et indispensable à toute pratique agricole dans la région, qui irriguait jadis toute la plaine de Durance.
Puis une pause devant une haie qui protège une vigne. Léa, chargée de mission au Parc du Luberon, détaille tous les avantages qu’elle apporte à la culture. De la protection contre le vent et l’érosion, à sa fonction de gîte et de couvert pour de précieux auxiliaires, en passant par le travail des racines pour restructurer et enrichir le sol.
De l’agriculture des villes à l’agriculture des champs
Adrien, maraîcher dans un jardin partagé à Marseille apprécie et s’informe sur les variétés à associer pour composer une bonne haie. Il est venu avec un groupe d’En Chantier, de la Belle-de-Mai. À travers le jardin, une épicerie et une boulangerie, l’association travaille sur le droit au bien manger pour tous et l’autonomie alimentaire. Elle organise des repas partagés, ateliers et balades, comme aujourd’hui.
« On a toujours envie de se connecter à la campagne, précise le maraîcher. Pour nous qui cultivons en ville, c’est un moyen de monter en compétence. Comment faucher ? Traiter les engrais verts ? Notre jardin n’a que deux ans et, nous avons beaucoup de contraintes, mais nous avons aussi la possibilité de tester des pratiques agroécologiques ».
« Terres nourricières », un projet exemplaire
Le groupe s’éloigne du village, direction la Durance. Changement de paysage. À perte de vue, un sol desséché. Les haies et les canaux ont disparu. L’agriculture a déserté ces terres autrefois plantées de carottes, navets, poireaux et autres vergers de pommes et de poires, qui transitaient par le marché de Cavaillon. Remembrement dans les années 80, entrée de l’Espagne dans l’Union Européenne, hausse des coûts et baisse de prix… Aujourd’hui ces terres sont devenues communales.
Alors les élus de Cadenet, tout comme ceux de Lauris, Puget, Puyvert et Mérindol ont uni leurs efforts dans le projet « terres nourricières » et adopté un plaidoyer qui engage leur politique en matière agricole. Pour pérenniser cette activité, gage d’une alimentation locale de qualité, des actions telles que la création d’une ferme municipale, la régénération de friches ou encore la restauration de la biodiversité sont à l’ordre du jour. Ici par exemple, une haie a été plantée et la construction d’une mare est en cours.
Une balade nourrissante
Au détour de la visite, un champ de navets montre qu’un vrai potentiel cultural existe. De retour vers le village, une vigne cultivée en bio, enherbée et entourée de haies et de talus fleuris, pourvoyeurs de biodiversité. Corinne vit ici depuis près de 40 ans. Elle apprécie la balade, elle qui cultive une parcelle de 25 m2 de jardin partagé à Cadenet avec l’association « Les binettes agiles ». Et se dit toujours à l’affût de nouvelles connaissances sur les modes de culture et sur l’environnement de son village.
Après 2 heures et demie de balade, appétit aiguisé, retour à la Bardane. Le magasin fête ses cinq ans et propose un repas de produits locaux partagé. L’après-midi, ateliers, tables-rondes et concert… Le Festival Vivant ! c’est jusqu’au 26 octobre et chez Bleu tomate nous sommes fans !
©JB
