Julien Bertrand, vigneron bio, heureux et récompensé

Julien Bertrand vigneron bio presse sa récolte

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Julien Bertrand vigneron bio presse sa récolte

Récent lauréat « Coup de cœur » du concours « Graines d’Agriculteurs » organisé par Terres Innovantes, Julien Bertrand cultive sept hectares de vignes à Buisson, près de Vaison-la-Romaine. En bio et biodynamie, avec passion et une furieuse envie d’aller vers toujours plus de naturel. Rencontre.

« J’ai grandi dans la bio » explique le jeune vigneron dans un sourire. La conversion du domaine familial remonte à 1985. Aujourd’hui installé sur ses propres parcelles, Julien Bertrand a produit son premier millésime bio en 2020. Et dès 2023, il affiche un second label sur ses bouteilles : Demeter, le label de la biodynamie.

le vignoble de Julien Bertrand à Buisson (84) est travaillé en bio et biodynamie
Sur ses parcelles de vigne non irriguées, Julien Bertrand laisse un enherbement naturel et travaille le sol le moins possible ©JB

« J’ai toujours voulu aller plus loin, vers plus de naturel, analyse cet œnologue de formation qui a travaillé six années à Châteauneuf-du-Pape. Pour la vigne, je limite le travail du sol. Un troupeau passe avant les bourgeons, et laisse très propre. Si c’est nécessaire et possible, je fais dans la saison un passage sous les pieds et je garde l’enherbement naturel entre les rangs ».

Une expérimentation permanente

Pour structurer le sol, il y a le compost de lavande bio, sans azote. Et dans les pratiques de biodynamie, la silice et les préparations à base de plantes pour renforcer la vigne en prévention des maladies. « La biodynamie, c’est de l’expérimentation permanente ! Pour moi, c’est travailler de façon empirique, s’il y a des trucs qui marchent, on les reproduit, et puis on échange avec les voisins. »

le vigneron presse les baies dans la barrique
Pendant la vinification, Julien Bertrand effectue les opérations manuellement ©JB

Récolté à la main, le raisin sera traité avec beaucoup d’égard. Julien Bertrand ne possède que deux machines : l’égrappoir et le pressoir. Toutes les autres opérations sont manuelles. Particularité, aucun pompage.  « Le pompage incorpore dans le vin des oxygènes dissous qui vont l’oxyder et le détériorer à terme. Moi, je recherche des vins de garde (8 à 10 ans). Je travaille par gravité. »

La passion sans la pression

Autant de pratiques payantes : le vigneron écoule toutes ses bouteilles (5500 par an) et manque même de production. Alors il plante un peu chaque année, mais avec prudence. « Je me teste. Le jour où ce sera plus de pression que de passion, j’arrêterai de grandir » explique le jeune viticulteur qui tient à conserver son process de fabrication, mais aussi à préserver sa vie sociale et familiale.

la cave de Julien Bertrand avec ses cuves et ses barriques
Dans sa cave, des barriques pour les Syrah, amphores ou cuves en béton pour les Grenache ©JB

Secondé par un apprenti et par deux woofers* sur les temps forts, taille et vendange/vinification, il développe aussi des activités annexes. Repas l’été à la ferme, visites et ateliers d’initiation à la dégustation et cette année un projet avec l’école locale. Cinq visites prévues pour les scolaires qui mettent la main à la pâte, depuis les vendanges jusqu’au dessin des futures étiquettes.

Tendre vers le Zéro déchet

Dans sa quête de naturel, Julien Bertrand ne néglige aucune piste. Ses bouteilles sont consignées, lavées et réutilisées. Il récupère aussi la cire naturelle qui les bouche. Quant à l’étiquette, elle est ensemencée. Il suffit de tremper la bouteille vide dans l’eau froide pour la récupérer et la planter. Si tout se passe bien, un parterre de fleurs des champs sortira de terre !

Et le changement climatique ? 

En 2021, une parcelle entière a gelé, pas de récolte. Depuis, Julien retarde la taille à fin février/début mars sur les parcelles les plus sensibles. Et pour éviter de trop monter en alcool, il plante des cépages tels que la Counoise ou le Mourvèdre. Pas moins de 400 arbres aux racines profondes ont été plantés autour de certaines parcelles, pour favoriser la biodiversité. Selon Julien, les parcelles qui sont depuis longtemps entourées de forêts sont les plus saines. Évidemment pas question d’irriguer ses vignes, affirme le vigneron : « si une vigne a besoin d’eau, c’est qu’elle n’est pas à sa place » !

des bouteilles du Mas des Escarades
Sur son domaine le Mas des Escarades, Julien Bertrand commercialise son vin dans des bouteilles consignées et réutilisées avec des étiquettes biodégradables ©JB

Une passion, une philosophie et des pratiques qui ont attiré l’attention et recueilli l’intérêt du jury de « Terres Innovantes ». Le fonds de dotation de Jeunes Agriculteurs récompense chaque année « une agriculture innovante, durable et ouverte sur la société ». Tout le portrait de Julien !

*Le WWOOFing est une activité bénévole qui permet d’apprendre et de partager des compétences dans des fermes agroécologiques du monde entier.

 

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