
Deuxième édition pour ce tour de France du Bio Bus. Cette année, il stationne sur le Vieux-Port où il accueille tous les publics. Objectif : faire connaître et apprécier la bio, dans les assiettes et dans les champs. Une initiative de l’Agence Bio. Sa directrice, Laure Verdeau nous en dit plus.
Comme en 2024, le Bio Bus a pris la route cette année pour douze étapes. Adossé à des événements agricoles ou alimentaires, en ville ou à la campagne, il accueille des milliers de scolaires, de citoyens, d’élus et d’acteurs locaux. Un animateur expérimenté, du matériel moderne et ludique, des quizz, des rencontres, des dégustations, des démonstrations… Tout un programme pour donner envie de cuisiner et manger bio. Le Bio Tour, c’est un vecteur d’éducation et d’information citoyenne.


« On est hyper fiers de cette étape à Marseille, se réjouit Laure Verdeau, la directrice de l’Agence Bio. C’est une étape-clé. On trouve ici de nombreux chefs qui s’engagent et montrent que cuisiner bio est rentable. La mairie, la métropole, le CROUS, tous les acteurs sont volontaristes ».
Enjeu : développer la consommation de produits bio.
Augmenter la part du bio dans notre alimentation et donc dans l’agriculture, c’est l’engagement de l’Etat. Mais il tarde à se concrétiser. Loi Egalim et loi de programmation agricole l’ont pourtant fixé -pour 2030- à 20% (dans les cantines et en surfaces agricoles). Aujourd’hui on est à 6% pour les premières et 10% pour les secondes. Nos voisins européens font souvent beaucoup mieux.


« Manger bio c’est trop cher », « les fruits sont moches et ne se conservent pas », « ils sont aussi pollués que les autres »… Ces critiques souvent mises en avant, Laure Verdeau en a l’habitude. Elle souligne que si 9% des plus riches consomment bio, les personnes aux revenus entre 1500 et 1900€ sont 8% à le faire. Et puis si la grande distribution vend plus cher, ce n’est pas le cas sur les marchés, dans les fermes et même dans les magasins spécialisés qui ont fait de réels efforts. Résultat, certains produits bio sont en-dessous des prix du conventionnel.
Combattre les idées reçues
Sans parler des crises internationales comme la guerre en Ukraine, qui a fait passer le prix du blé non bio de 180 à 900 € la tonne. « Les producteurs bio sont contrôlés tous les ans, remarque la directrice de l’Agence Bio. Si un problème survient, leur récolte est déclassifiée. Ils ont l’obligation de se protéger des voisins par des haies et des zones d’enherbement, qui favorisent la biodiversité. Et si au bout de trois semaines une pomme commence à tourner de l’œil, moi ça me réjouit, ça veut dire qu’elle est de bonne qualité ! ».
Une agence menacée mais qui fait face
Celle qui travaille avec passion depuis quatre ans dans le monde de la bio souligne l’engagement, la créativité et le dynamisme des producteurs et acteurs de la filière. Alors quand en mai dernier, l’avenir s’est assombri (menace de fermeture de l’agence, puis réduction drastique du budget amputé de 64%), les administrateurs de l’agence ont été « scandalisés ». Ils ont refusé de voter le budget. Et dénoncé l’incohérence entre les ambitions affichées dans la loi et la disparition des moyens de les atteindre.


Victime de ces restrictions budgétaires, la campagne «C’est bio la France ». Lancée au printemps dernier et prévue sur trois ans, elle va s’arrêter ce mois-ci. Pourtant affirme Laure Verdeau, « on sait que ça marche ». Alors l’enjeu du Bio Tour, il est aussi de convaincre les acteurs rencontrés -régions, entreprises, marchés, grande distribution- de reprendre le slogan de la campagne et de s’engager dans le soutien à la bio. Que la campagne dure toute l’année et se renouvelle plusieurs années.
Pas encore aussi bien structurée que d’autres filières, la bio a besoin d’être soutenue. Quand celle de la viande reçoit 30 millions, elle en perd 18 ! Elle a pourtant fait ses preuves en matière de santé publique et de protection des ressources comme l’eau, les sols et la biodiversité. Alors le Bio Tour, qui a reçu un financement du Plan EcoPhyto, va continuer sa tournée. L’an dernier, elle a permis 15 000 rencontres, autant d’occasions d’informer et de convaincre d’acquérir le #bioreflexe !
L’Agence Bio
Créée en 2001, elle réunit tous les acteurs de la filière, publics et privés. Des ministères aux organismes de recherche, en passant par les collectivités locales, les syndicats agricoles, les représentants du commerce, de la distribution et de la transformation sans oublier les grandes associations.
Ce Groupement d’Intérêt Public a pour vocation le développement et la promotion de l’agriculture biologique à travers ses trois missions : informer les citoyens, analyser la filière par des statistiques et des indicateurs et financer sa structuration.
La filière bio aujourd’hui c’est 60 000 fermes et 12 Mds d’euros.