Créé il y a 35 ans, ce parc fut l’un des premiers à voir le jour le long du littoral méditerranéen. Conséquence : la nature sous-marine y a repris ses droits. Retour sur ces années avec Frédéric Bachet, ancien directeur du parc.

Encore assez méconnu alors qu’il est bientôt quadragénaire, ce parc, petit coin de paradis, s’étend de Martigues au Rove, sur la Côte Bleue. Il consiste en deux zones de protection intégrale de la Méditerranée, soient les réserves de Cap-Couronne (210 hectares) et de Carry-le-Rouet (85 hectares). La plongée en bouteilles, la pêche et l’ancrage des bateaux y sont interdits. Interrogé sur la nécessité d’entretenir cette réserve marine, Frédéric Bachet, ancien directeur du parc encore investi dans sa gestion, reconnait qu’elle a permis une prise de conscience par les visiteurs de la fragilité du milieu marin. « Quelques décennies auparavant, la perception du vivant n’était pas la même en mer que sur la terre. Tout un chacun prélevait sans mesure dans la zone en pêchant en abondance », se souvient-il.

Des relevés sont faits régulièrement pour contrôler les populations marines des parcs, ici à La Couronne. Crédit Jo Harmelin/Parc Marin de la Côte Bleue (Photo de Une : crédit Réserve de Carry-le-Rouet)

Des poissons plus gros

La particularité de ce parc marin est pourtant le soutien que lui ont apporté les pêcheurs professionnels dès le départ. Organisés en prud’homie à Martigues, ils ont souhaité une régulation de la pêche et ont impulsé la création de la réserve de Cap-Couronne, en 1996. Depuis 2014, les deux réserves sont reconduites sans limite de durée. Les effets de protection du Parc Marin sont logiquement visibles. La nature a repris ses droits, les poissons sont notamment bien plus gros qu’ailleurs.

Les réserves sont des endroits privilégiés et préservés, ici à Carro. Crédit Parc Marin de la Côte Bleue.

Mérous, girelles, puffins…

Certaines espèces ont adapté leurs comportements pour y rester à demeure, comme les girelles, les mérous ou les corbs. Et depuis trois ans, les loups se rassemblent pour la reproduction. On peut également observer en mer des concentrations de puffins (oiseaux élancés à longues ailes qui se regroupent généralement au large). Les dauphins s’approchent des côtes et parfois des hérons viennent survoler le parc.

La Posidonie orne les fonds marins du parc. Crédit Par Marin de la Côte Bleue.

Sentier sous-marin aménagé

Le public a la possibilité d’observer cette richesse marine. L’été, avec palmes, masques et tuba, un sentier sous-marin aménagé propose des accompagnements palmés pour appendre à reconnaitre la faune marine méditerranéenne. La pêche a aussi bénéficié de cet environnement. « En fonction des saisons, une partie des peuplements des réserves déborde et profite à la pêche locale professionnelle, autorisée dans ce cas », nous confirme Frédéric Bachet.

A Carry on reçoit les enfants des écoles en journées classe de mer afin de les sensibiliser aux trésors de leur environnement proche. Crédit Parc Marin de la Côte Bleue.

Enfants en classes de mer

Autre bienfait, en termes de sensibilisation, les communes de la Côte Bleue se sont engagées à inscrire les enfants en classes de mer. Depuis trois décennies, des milliers d’enfants accueillis en classes de mer à la journée ont pris conscience de la fragilité et de la beauté de ce milieu. Une éducation au respect des trésors naturels proches de notre habitat.

POUR ALLER PLUS LOIN

Un peu d’histoire

La fin des années 1970 amène une prise de conscience de la fragilité des milieux marins, de l’épuisement des ressources et de la pollution. L’idée émerge de mettre en place des stations d’épuration pour les villes du littoral et l’on s’intéresse à la gestion durable des ressources côtières. En 1982, l’association du Parc Marin de la Côte Bleue nait à l’initiative de la Région. Elle est devenue un syndicat mixte en 2000.

Que se passe-t-il avec le confinement ?

Le poisson ne semble pas plus au rendez-vous qu’avant dans le parc marin et les fonds n’ont pas pu se refaire une nouvelle santé en deux mois… mais les pêcheurs de Carry-le-Rouet trouvent un côté positif à la crise du Covid-19. La clientèle vient maintenant à la criée tous les matins pour acheter du poisson frais. Acheter local a pris tout son sens pendant la crise. Espérons que ces bonnes habitudes persistent, au grand bonheur des pêcheurs.