Savez-vous planter des… arbres ?

Planter des haies pour la biodiversité, c’est bien. Déléguer cette tâche à des enfants, c’est encore mieux. A Vernègues (13), trois classes de CM1 et CM2 ont accompli ce devoir en plein champ avec joie et conviction.

L’heure est fraîche et matinale. Pas de quoi décourager la petite troupe, venue à pied de l’école du village et armée d’arrosoirs, qui déboule dans le champ de Stéphane Orjubin. Objectif ? Planter 220 arbustes pour constituer une haie.

Chacune et chacun à son poste, l’affaire est sérieuse ©JB – Photo de Une Les élèves de Vernègues plantent des arbres pour créer une haie ©JB

L’agriculteur a bien préparé le travail. Les trous sont prêts, les plants déposés devant chacun d’eux. Stéphane donne les consignes, les élèves se répartissent le long des 240 mètres linéaires. Enseignants et parents d’élèves les accompagnent.

Mini-agriculteurs motivés

En 40 minutes, l’affaire est pliée. Cyprès, cognassiers, chênes verts, arbousiers, mais aussi cornouillers ou pruniers sauvages sont savamment répartis pour qu’ils se développent harmonieusement, les arbustes sous les chênes, les cyprès au bout pour l’esthétique…

Planter et surtout bien arroser ©JB

Et les enfants sont enthousiastes. « C’était amusant, explique Capucine, en CM2. On a planté et arrosé. Les arbres, il y en a de moins en moins, c’est bien de continuer à s’occuper de la nature  ».

Valentin, en CM1 a apprécié lui aussi. « On a planté des noisetiers, j’avais pas de gants, j’avais un peu froid aux doigts, mais j’ai bien aimé. Les arbres, ils sont utiles pour le Co2 et puis on pourra manger des noisettes, pour moi, c’est bien de faire ça »».

Refuge pour les oiseaux et les auxiliaires

L’éducation à l’environnement, c’est l’une des motivations de Stéphane Orjubin. « Et pourquoi pas susciter des vocations de futurs agriculteurs ?», s’interroge-t-il dans un sourire. Depuis dix ans en bio, l’agriculteur cultive vigne, céréales et oliviers. Mais depuis quarante ans qu’il travaille ici, il a vu le nombre d’agriculteurs  chuter largement, et les paysages bien changer.

Stéphane Orjubin l’agriculteur, prodigue ses conseils ©JB

Alors avec quelques collègues, il a créé « l’association de défense du patrimoine agroécologique du pays de Vernègues ». Car l’autre grand intérêt de la plantation de haies, c’est le retour de la biodiversité avec le refuge pour les oiseaux et les auxiliaires. Les céréales et les protéagineux comme la vesce, Stéphane les re-sème entre ses rangs de vigne. Un couvert qui protège et nourrit le sol.

Engrais verts

L’association et le GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental) Agro-écologique du Pays de Vernègues, créé avec, militent pour une agriculture biologique et résiliente. En projet, la création d’une filière de compostage. Les producteurs contactent les collectivités et les professionnels pour récupérer leurs déchets verts. Ils recherchent aussi un lieu d’accueil pour installer la plateforme de compostage. Ils organisent également des formations, comme par exemple sur les engrais verts.

Le froid matinal n’a pas découragé les jeunes pousses ©JB

La plantation de haies fait partie de leurs axes de travail. Ils l’ont mené à bien avec le concours de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et l’association Des Enfants et des Arbres. Celle-ci collecte des fonds auprès de mécènes. Pour cette opération, elle a financé à hauteur de 2 000€ l’achat des plants et le temps de travail du conseiller agricole de la Chambre.

28 km de haies

Adrien Saint-Didier a préparé l’opération depuis le début, notamment avec les élèves. « C’est super sympa de partager avec les enfants, ils posent plein de questions, ils sont super intéressés et réactifs. Pour ma part, poursuit le conseiller agricole, travailler comme ça, planter des arbres dans l’intérêt de l’agriculteur et de la planète avec des enfants, ça me plaît beaucoup ».

En trois ans, grâce au soutien de l’association Des Enfants et des Arbres, la Chambre a ainsi planté 1,2 km de haies. Toutes actions confondues, elle en totalise 28 km  dans le département. Un résultat encourageant, même si c’est une goutte d’eau au regard des 20 000 km de haies qui disparaissent en France chaque année.

Mission accomplie, les élèves ont bien travaillé et appris ©JB

Chez les élèves apprentis forestiers, en tout cas, une petite graine est plantée. Et ils reviendront l’an prochain constater l’évolution de leurs plantations.