De nombreux territoires se sont dotés ou sont en cours de création de leur Projet Alimentaire Territorial. 28 sont recensés en Région Sud (source France-pat). Le pays de Fayence a initié le sien en 2021 avec une orientation très clairement axée sur la santé.
Une orientation qu’explique Laurent Péricat, chef de projet agriculture et alimentation de la Communauté de Communes du Pays de Fayence.
« Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire des acteurs et des professionnels engagés dans la prévention et la promotion de la santé, le GAPS (Groupement des Acteurs et Professionnels de la Santé), et ce depuis une dizaine d’années. La mise en place du PAT s’est donc tout naturellement faite avec eux, avec effectivement une très nette préférence pour toutes les questions relatives à la santé ».
Cible 1 : l’approche nutrition santé pour les enfants
Le premier enjeu de ce PAT -il en détermine quatre- a été de s’adresser aux scolaires, même si des initiatives existaient déjà. En 2023 est mis en place le Passeport Scolaire Alimentation Durable. Accompagné par le Comité Départemental d’Education à la Santé du Var (CODES), il a pour ambition une prise de conscience de l’alimentation à hauteur d’enfant. C’est sur la commune de Saint-Paul-en-Forêt qu’a été menée la première expérimentation. L’ensemble des groupes scolaires du territoire s’est vu proposer une offre d’ateliers, de visites, pour sensibiliser autour des thématiques de l’alimentation durable (agriculture alimentaire, lutte contre le gaspillage alimentaire, nutrition, gestion de la ressource en eau…).
Les élèves ont ainsi été mis en situation de découvrir, par exemple, une exploitation agricole avec la production de lait de chèvre ; ils ont mieux compris la gestion des déchets et le gaspillage alimentaire en visitant une déchetterie, ou ont pu appréhender la notion de gestion forestière. Autant d’ateliers accompagnés adaptés à un public de 3 à 15 ans. En 2023, 900 élèves ont été concernés par ce projet conjoint Éducation nationale/PAT.
L’objectif étant de favoriser chez les enfants un éveil aux maillons environnants et déterminants de leur alimentation.
Cible 2 : la précarité alimentaire
Mais le PAT a également pour ambition de traiter la précarité alimentaire. « Ceci est notre second axe de travail, poursuit Laurent Péricat. C’est le résultat, d’une part d’un constat de la CPAM qu’il existe sur notre territoire une population éloignée de la santé, et d’autre part des actions de Relais Solidarité. Cette association distribue des colis alimentaires pour ces publics en difficulté. Vous savez, notre territoire est très touristique mais connaît malgré tout des disparités importantes en termes de niveau de vie. »
Cette action santé se traduit par l’organisation chaque trimestre de permanences CPAM « Accès Droit Santé » permettant la détection des besoins et l’accompagnement personnalisé des bénéficiaires.
Une expérimentation a également été initiée, en partenariat avec le GAPS et le Relais Solidarité, sur un programme de retour au sport/ santé mis à disposition des personnes recourant à l’aide alimentaire.
Ces premières coopérations entre les champs locaux de la Santé et du PAT ont conduit la Communauté de Communes du Pays de Fayence à candidater auprès de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) sur le lancement d’un Contrat Local de Santé Intercommunal.
Mettre en lien agriculture et restauration collective
Bien sûr, l’agriculture est aussi un axe fort de ce PAT. Fortes d’une grande diversité de filières (élevage, viticulture, oléiculture, maraîchage, grandes cultures, apiculture) les neuf communes de la CCPF se sont positionnées favorablement pour la mise en œuvre de ZAP (zone agricole protégée). Trois ZAP existent déjà, deux autres sont en projet, et quatre autres sont en gestation. « Notre objectif est de développer l’agriculture vivrière pour fournir notre restauration collective. Nous travaillons actuellement dans le cadre d’un programme financé par l’Europe et le Conseil Régional SUD-PACA sur la création d’un « marché de relocalisation ». Il vise à installer des agriculteurs en capacité d’approvisionner les cantines scolaires et étudie également les scénarii d’un service de logistique local permettant de gérer les commandes et les livraisons auprès de la restauration du collective du territoire. 2 exploitants locaux se sont engagés sur le programme et un catalogue de 10 produits agricoles relocalisables a été validé par les partenaires. »
Nous disposons déjà de 20 ha de cultures maraîchères, mais nous devons sécuriser l’irrigation de nos ZAP existantes et à venir. Nous portons un projet de création d’un réseau d’irrigation agricole qui permettrait de sécuriser 230 ha de terres agricoles en ZAP dont 30 ha en cultures alimentaires. La phase suivante sera de rechercher des candidats à l’installation pour les productions que nous aurons choisies de favoriser. Notre objectif : la diversification des productions sur près de 70 ha de friches potentiellement exploitables à ce jour. »
Construire pour tout le territoire une alimentation saine et durable
Le PAT du Pays de Fayence a obtenu en 2024 sa labellisation en niveau 2. Le projet connaît donc un degré d’avancement qui permet la mise en œuvre d’actions opérationnelles pilotées par une instance de gouvernance établie à l’aide de moyens humains et financiers associés. « Telle est notre stratégie : élargir ce PAT à l’ensemble de la population du territoire. Un Conseil Local de l’Alimentation qui se réunit 3 à 4 fois par an a été créé en ce sens en 2023, afin de consulter la société civile sur les orientations prises. »
Le travail mené avec les scolaires va être poursuivi avec les établissements accueillant des personnes âgées, puis sera élargi au grand public. Notre ambition : pérenniser ce programme. Au menu des prochaines étapes : le développement de coopérations entre l’agriculture du territoire et le secteur des Grandes et Moyennes Surfaces locales. »
