Sous l'ombrière à cerise

Le 17 mars, le Campus Provence Ventoux inaugurait un dispositif inédit d’agrivoltaïsme. 1,55 ha de panneaux ont été posés sur une parcelle de cerisiers pour la protéger des aléas climatiques. Du solaire à vertu pédagogique…  et contre le réchauffement.

Des panneaux photovoltaïques qui servent à protéger les cultures du dérèglement climatique… Surprise à Carpentras en ce jour de mars lors de l’inauguration du dispositif au lycée agricole Louis Giraud, sur le Campus Provence Ventoux. Si la fonction première des installations solaires est en général de produire de l’électricité, ce n’est pas le cas ici. Sun’Agri, entreprise innovante française, leader de l’agrivoltaïsme dynamique, a posé une ombrière intelligente qui recouvre un champ de cerisiers. Et son rôle majeur est « de protéger les cultures contre le soleil, la pluie, les sècheresses estivales et le gel », détaille Charlotte Jouve, responsable marketing et partenariats de Sun’Agri.

Cerise sous ombrière

Isabelle Pèlegrin, directrice d’exploitation du lycée et Stéphanie Flauto, de la DRAAF PACA, plantent les derniers cerisiers sur la parcelle recevant l’équipement photovoltaïque. ©Estelle Lefranc/Lycée agricole Campus Provence Ventoux Photo de Une : Dernières plantations de cerisiers sous « l’ombrière », posée au-dessus d’une parcelle d’1,3 ha. ©Estelle Lefranc/Lycée agricole Campus Provence Ventoux

Une première dans un établissement public

A cinq mètres de hauteur, le système, constitué de persiennes orientables dirigées selon les besoins culturaux, recouvre la parcelle sur 1,55 ha. Au plus fort de l’été, « il évite les brûlures sur les feuilles et les fruits, permet d’économiser jusqu’à 30% d’eau et, en cas de gel, il protège les arbres, avec une température sous les panneaux de 1 à 2°C supplémentaires », argumente Charlotte Jouve. L’entreprise, basée à Lyon, a déjà déployé sa technologie dans une dizaine de sites en région Sud PACA, Occitanie et Rhône-Alpes Auvergne, régions les plus touchées par le dérèglement climatique agricole. Après 13 ans de recherche avec l’INRAE et un test concluant sur un site pilote à Tresserre (66), elle équipe aujourd’hui pour la première fois un établissement d’enseignement public agricole.

Au service de la cerise, l'ombre de l'agrivoltaïsme

Inauguration de l’exploitation en présence d’élus et de représentants du monde agricole vauclusien. ©Estelle Lefranc/Lycée agricole Campus Provence Ventoux

L’électricité redistribuée dans les lycées

L’installation a aussi une fonction de production d’électricité… mais secondaire. Avec une puissance de près d’1MWc, l’énergie produite servira à financer l’installation. Elle sera redistribuée en priorité auprès d’une trentaine d’établissements scolaires de la région Sud PACA, dont le lycée agricole Louis Giraud.

Plantation des derniers cerisiers

Vendredi 17 mars, institutionnels, professionnels de l’agriculture et personnel enseignant du Campus Provence Ventoux étaient donc au rendez-vous. Ils ont pu découvrir l’équipement sur le domaine pédagogique du lycée agricole Louis Giraud. Celui-ci est la propriété de la Région Sud, partenaire du projet. Le public a pu assister à la plantation des derniers cerisiers. La quasi-totalité des arbres a été planté par les élèves du lycée. La parcelle servira à la fois de support pédagogique et de test pour la production de cerises. Ce fruit vedette dans le Vaucluse est très sensible aux variations climatiques.

Une partie des lycéens du lycée Louis Giraud intéressés au projet ©Sun’Agri

Pas d’impact attendu pour la croissance des arbres

« On veut communiquer auprès de nos jeunes générations sur la préservation du bien-être de l’arbre », indique Isabelle Pèlegrin, directrice d’exploitation du lycée agricole. « Notre priorité, c’est le cerisier, sa production et la nécessité de la sécuriser face au changement climatique ». L’ombrière ne risque-t-elle pas de pénaliser la croissance des arbres, tous récemment plantés ? « Ils ne dépasseront pas 3 m, une hauteur normale pour ces cerisiers que nous allons cultiver en mode palissé », dit la directrice, qui ne craint pas d’impact pour leur développement.

Pour la cerise du Ventoux, des ombrières

Les participants à l’inauguration du dispositif d’agrivoltaïsme sur le Campus Provence Ventoux ©Sun’Agri

Moins de stress hydrique

Si le système la convainc qu’avec moins de stress climatique, les cerisiers auront besoin de moins d’eau, Isabelle Pèlegrin voit aussi un autre avantage : « les poteaux des panneaux photovoltaïques permettront d’installer des filets et de protéger les arbres contre la drosophile Suzukii », une espèce invasive. Restera à réaliser l’étude pédagogique et culturale. « Je pense que ce système de persiennes photovoltaïques peut être un bienfait pour la mise en fruits et la coloration de ceux-ci. Il doit apporter aussi un gain en termes de production ». Verdict les prochaines saisons, quand les arbres commenceront à donner des fruits.