abattoir en projet

Sur le territoire du Parc naturel régional, une centaine d’éleveurs d’agneaux et de chèvres pratiquent le pastoralisme. Problème : pas d’abattoir dans le département. Pour y remédier, le projet d’une structure mobile est en cours.

Se lever à 2 h du matin, conduire une heure et demi jusqu’à l’abattoir de Sisteron, idem pour le retour. Et même chose pour aller récupérer les carcasses. Des contraintes qui pèsent sur l’éleveur et sur ses bêtes. …

Un projet collectif

Depuis longtemps déjà, les éleveurs ne sont pas satisfaits des conditions d’abattage. Les chevriers se sentent livrés à un système de ramassage des cabris qui leur échappe. « On ne se sent pas à notre place dans cette structure » constate Lionel Morard, éleveur de chèvres à Buoux.

bientôt un abattoir mobile

Les chèvres de l’élevage Morard gambadent autour du château de l’environnement à Buoux (84) ©JB

Alors le projet a germé… Quatre ans déjà qu’ils y réfléchissent, avec la Confédération Paysanne et le soutien du Parc naturel régional du Luberon. Aujourd’hui, ils sont une dizaine mais à l’arrivée, 40 élevages pourraient être intéressés.

Un abattoir mobile

Le projet, c’est celui d’un abattoir mobile qui épargnerait le stress et la pollution du déplacement. Et permettrait aux éleveurs fromagers de suivre jusqu’au bout les cabris et agneaux qu’ils ne gardent pas.

la salle de traite

Une partie de la salle de traite élevage Morard ©JB

Manière aussi de valoriser une nouvelle activité. Avec un peu d’information, les éleveurs pensent pouvoir développer un petit marché de vente locale de cabris de qualité. « Les consommateurs nous le disent : savoir que la bête n’a pas été transportée longtemps et qu’elle sera consommée sur place, c’est bien », indique Lionel Morard. Et puis c’est mieux pour les bêtes et pour l’environnement ».

Réduire les trajets

L’abattoir serait dans une  semi-remorque. Attelée à un tracteur routier, elle se rendrait à la demande sur trois emplacements aménagés (un en Sud Luberon, un côté Nord et le 3e vers les Alpes de Haute Provence). Ce qui mettrait chacun à 20 minutes maximum de trajet. Coût du projet : 400 000€ indique la Confédération Paysanne. Il ne concernerait que les petits ruminants, chèvres, chevreaux et agneaux.

Appel aux collectivités

Si le projet avance, il faudra bien encore une année pour lever tous les obstacles. Côté contraintes sanitaires, le ministère est en train de l’évaluer. Pour les aires d’accueil de l’abattoir mobile, les éleveurs recherchent des collectivités prêtes à s’engager à leurs côtés. Il faudra installer des frigos, des sanitaires et locaux techniques et un auvent pour l’accueil des bêtes.

l'abattoir verra t il le jour

Réunion d’information chez Lionel Morard avec des éleveurs, des associations et des élus sur le projet d’abattoir ©JB

Les éleveurs s’engagent à tuer eux-mêmes les bêtes, sous la surveillance d’un agent des services sanitaires. Et puis il faut mettre en place des financements. Et trouver des soutiens, y compris auprès d’associations comme le Collectif Transition du Pays d’Apt, qui œuvre déjà à leurs côtés.

Relocaliser un outil de valorisation

Le Parc du Luberon soutient un projet qui s’inscrit dans la relocalisation d’un outil de valorisation des productions locales. Et va dans le sens de l’autonomie alimentaire du territoire. Autre avantage, le maintien du pastoralisme, garant de la bonne santé de la forêt.

Pour les éleveurs, réunis au sein de l’association « L’abattoir mobile du Luberon », les mois qui viennent seront décisifs. Ils espèrent ouvrir la structure en 2023.

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POUR ALLER PLUS LOIN

Les chèvres du château de Buoux

Lionel Morard est un des éleveurs intéressés par l’abattoir mobile. Il travaille en EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée) à Buoux (84), dans le Luberon. Un troupeau de 250 chèvres laitières qui se promène la plupart du temps sur les parcours, dans les bois environnants. De quoi les préserver en bonne santé, leur donner un lait riche et parfumé, et économiser sur le fourrage. L’exploitation est autonome avec 70 hectares cultivés en sainfoin, légumineuses, foins divers et autres  céréales.

Les chèvres dans les bois ©JB

De bonnes conditions qui lui ont permis de supprimer les vermifuges, par exemple. Autant de résidus en moins dans les ruisseaux.

De variété alpine au départ, le troupeau s’est enrichi. Notamment avec la Commune provençale, une race locale particulièrement bien adaptée au territoire,  qui a failli disparaître.

Pour le bien-être de ses bêtes, Lionel les a passées en « lactation longue ». Autrement dit, il ne les présente à nouveau au bouc que lorsque la lactation se tarit d’elle-même. Auparavant, il l’interrompait au bout de 3 ou 4 mois.

Lionel et ses associés fabriquent une trentaine de variétés de fromages fermiers (buches, tomes, sec, demi-sec…) qu’ils écoulent en vente directe.