Partager des constats sur l’évolution du climat, ses conséquences et les solutions éventuelles à mettre en œuvre, telle était l’invitation de la Caisse Régionale du Crédit Agricole Alpes Provence proposée à ses sociétaires le 8 octobre dernier. Une table ronde réunissant banquiers, mais aussi météorologues, agriculteurs et aménageurs foncier.
Ce sont 12 soirées qui ont été programmées, réunissant chaque fois entre 300 et 500 personnes, sur des thématiques choisies par les présidents des caisses locales, les plus à même de déterminer les préoccupations de leur territoire.
De futurs jeunes agriculteurs imaginent l’agriculture de demain
À Aix-en-Provence, c’est une courte vidéo réalisée par des élèves de la Maison Familiale et Rurale (MFR) Garachon à Lambesc sur leur vision du changement climatique et ses conséquences qui a lancé le débat. Premier constat : tous en ont conscience, comme de ses impacts sur les sols ou sur les productions agricoles. Second constat : l’agriculture devra bien sûr évoluer en termes de variétés produites ou même de type de production. Le maître mot : adaptation. De fait, elle sera plus pointue, plus complexe aussi, mais selon eux la technologie sera la solution permettant de s’adapter aux nouvelles contraintes.
Les enfants presque plus conscients que certains adultes
Paul Marquis, fondateur du site Météo du 13, très présent sur les réseaux sociaux et affichant plus de 60 000 utilisateurs, ne dit pas autre chose : « Ces jeunes ont une vision parfaitement réaliste de la situation. J’interviens régulièrement dans les écoles, et je vous assure que les enfants sont presque plus conscients que certains adultes de l’avenir qui se dessine. Notamment dans le département des Bouches-du-Rhône qui est déjà particulièrement impacté ».
Quelle adaptation des cultures au changement climatique
Ses propos sont confirmés par Laurent Israélian, Président de la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône : « Cette année le vin affiche une teneur en degrés bien supérieure à la moyenne. Les chaleurs excessives du mois de juin et de la fin de l’été ont été déterminantes. Sans oublier les autres cultures plus ou moins impactées elles aussi ».
Pour autant, l’adaptation de certaines cultures comme des techniques culturales est tout à la fois une nécessité et déjà une réalité. « La difficulté majeure que rencontrent les agriculteurs est que le changement climatique est plus rapide que l’adaptation du végétal. Nous ne sommes pas sur le même tempo. Par exemple la culture de l’olivier, qui est déjà une production irrégulière, voit cette particularité s’accentuer avec le réchauffement » complète Laurent Israélian.
Financer des projets vertueux
Pour Franck Alexandre, Président de la Caisse Régionale du Crédit Agricole Provence et son directeur adjoint Jérôme Lebon, le levier d’action du banquier porte notamment sur les choix d’investissements. Par exemple, la répartition des financements de projets fossiles et d’énergies renouvelables s’est totalement inversée, dans un rapport d’un à cinq en 5 ans. Concernant la question du photovoltaïque, notamment en zone agricole, Laurent Israélian est très clair, « l’installation de panneaux sur des bâtiments est une alternative de revenus pour les agriculteurs, mais n’oublions pas que notre vocation est avant tout de nourrir la population. Quant aux expérimentations de couverture photovoltaïque sur des cultures, les résultats ne sont pas particulièrement probants. »
Des approches différentes mais une problématique commune
À l’issue de la soirée, pas vraiment de solutions apportées, mais une mise en perspective du sujet dans toute sa complexité. Chaque intervenant partage le souhait que soit définie une vision globale du territoire dans toutes ses composantes : économie, agriculture, industrie, cadre de vie, transports… Le changement climatique affecte tous les habitants du territoire, tous les acteurs économiques, et il apparaît comme une évidence d’apporter des réponses transversales au bénéfice de chacun.
