Le lycée agricole de Carpentras a accueilli le 9 décembre dernier la tournée régionale organisée par l’IRA2E. L’occasion pour près de 80 apprenants, jeunes et adultes, et une quinzaine d’agriculteurs, d’en savoir un peu plus sur les pratiques durables, leur intérêt mais aussi leurs difficultés.
Quatre ateliers sont au programme, chacun y participe par groupes. La serre bioclimatique, l’agrivoltaïsme, les couverts végétaux et l’agroforesterie. Entre autres avantages -pour la biodiversité, la fertilité des sols et un moindre recours à la chimie-, le dénominateur commun entre toutes ces pratiques, est qu’elles réduisent les émissions de gaz à effet de serre.
Des pratiques inspirantes en Vaucluse
La transition énergétique, climatique et environnementale, c’est le credo de l’IRA2E. Devenu association en 2022, l’Inter Réseau Agriculture-Énergie-Environnement, unique en France, travaille avec la Région et l’ADEME depuis 2008. Il met ses compétences au service des agriculteurs -et futurs- en leur proposant de réaliser un diagnostic énergétique de leur ferme, ou des ateliers techniques comme ce jour à Carpentras.
Cédric Loire est venu de la Motte dans le Var, où il crée un domaine viticole sur 22 ha, en conversion bio. Il travaille déjà avec un cabinet d’œnologie. « On fait des analyses de sol assez poussées, on travaille déjà sur les foliaires, les sols couverts, le système racinaire ». Le viticulteur vient chercher ici davantage encore de compétences techniques.
« Du sol à la bouteille »
Dans une parcelle de vigne du Campus Provence Ventoux, deux fosses pédologiques sont ouvertes. Dans la fosse, Fabien Leduc, consultant : « Qu’est-ce qui fait la différence entre les vins ? Le sol ! D’où la nécessité de bien comprendre comment il s’est formé et comment il fonctionne. On peut ensuite l’améliorer. »
À travers la coupe, l’intervenant montre comment le sol s’est formé au fil du temps. Ici, une succession de dépôts fluviaux. Mais une strate apparaît compactée. Le système racinaire n’a pu s’y développer, le sol y est déstructuré. Déterminer la physique, la chimie et la biologie du sol et constater les facteurs limitants… autant de nécessités avant de choisir des solutions.
Facteur impératif pour la santé du sol et donc des plantes, un bon système hydrique toute l’année. Ici par exemple, une couverture toute l’année est recommandée. Problème, à peine trois rangs plus loin, dans la même parcelle, la structure est différente, d’autres pratiques seront préconisées.
Paroles d’experts et témoignages de producteurs
Aux côtés des intervenants, techniciens et consultants, plusieurs agriculteurs, déjà engagés dans les pratiques présentées aujourd’hui, témoignent auprès de leurs collègues et des lycéens. Un temps de partage et d’échanges toujours profitable.
Autre expérimentation conduite par le Campus Provence Ventoux, en 2022 : une parcelle d’1.2 hectare a été plantée de cerisiers à l’abri de panneaux photovoltaïques. Une installation relativement légère, sans béton, démontable, pilotée automatiquement, en fonction des données recueillies en permanence par trois stations installées sur place.
On teste l’agrivoltaïsme
Un suivi agronomique est assuré par la Chambre d’agriculture de Vaucluse, un suivi faunistique par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). La première récolte a eu lieu cette année, pour l’instant, encore peu de données. En 2024, l’installation a produit l’équivalent de l’alimentation électrique de 320 foyers. Un avantage agronomique bien visible : on constate une meilleure pousse à l’ombre des panneaux.
Concernant la faune, assez présente avant l’installation, elle ne semble pas gênée et certaines espèces semblent même l’apprécier. Les nombreux insectes attirés par la chaleur des panneaux sont suivis par leurs prédateurs, et les panneaux sont utilisés comme perchoirs. Ici aussi, d’autres études seront nécessaires dans les années qui viennent. La petite taille de l’installation et le fait qu’elle soit entourée d’arbres, de haies et de points d’eau semble jouer un rôle.
Solène, Anaïs Stella et Léa sont au lycée de Carpentras, en ACSE (Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise agricole). Issues des départements voisins, elles ont pour projet la reprise d’une exploitation. Dans leur programme ou lors de stage, elles ont déjà été sensibilisées aux pratiques agroécologiques. L’intérêt des haies ou des couverts végétaux, elles connaissent. Elles apprécient pourtant la journée sur le terrain, qui complète leurs savoirs et elles y trouvent un motif d’encouragement.
