Ce jeudi 24 novembre, une douzaine de membres d’associations environnementales se retrouvent sur la célèbre île avignonnaise. A l’initiative, la FNE PACA. Au programme, une petite rando commentée le long du fleuve. Sujet principal, la question de l’eau.
C’est à la fois un quartier d’Avignon fort d’un millier d’habitants permanents, un petit village avec église et école, une terre agricole, un lieu préservé riche d’une grande biodiversité, classé Zone Natura 2000. Mais l’île de la Barthelasse, entre deux bras du Rhône, est surtout une zone d’expansion de crues.
Un riche milieu naturel
Au fil des siècles, ses habitants ont subi maintes inondations et organisé habitat et activités économiques. La balade commence sur le chemin des Canotiers, un perré –sorte de digue- élevé à la fin du XIXe siècle. Long de plusieurs km, il protège l’île. Au fil du temps, une flore et une faune riches l’ont colonisé. C’est la ripisylve, la forêt riveraine. Une biodiversité qui s’étend aussi à la rive d’en face, dite le quai des Allemands.
Jean-Marin Desprez est naturaliste et anime la balade. Armé de jumelles, l’œil toujours aux aguets, il signale le héron cendré, le passage fugace d’un pic épeichette (espèce remarquable), ou la trace laissée par le castor. Peupliers blancs et noirs accueillent de nombreux hôtes, tandis que les bancs de sable offrent aux poissons, comme à 3 espèces de libellules protégées par l’Europe, des lieux tranquilles de reproduction.
Protéger sans détruire
Pas moins de 170 espèces sont recensées sur la digue et dans ses fonds sableux, comme les herbiers de vallisnérie, mais aussi insectes, oiseaux, chauve-souris, loutres et quantité d’arbres. « Depuis 1880, s’est produit ici une évolution quasi naturelle. Une biodiversité à protéger, même si on veut améliorer la protection contre les inondations », explique le naturaliste.
Car un projet récemment soumis à enquête publique prévoyait de remplacer la ripisylve par une digue à peine plus haute. Mais sa construction entrainerait la destruction de cette biodiversité. Pour les associations présentes, d’autres solutions pourraient être mises en œuvre.
Des aménagements doux
Comme par exemple une digue en retrait. Un élément qui a existé dans le passé et dont certains vestiges subsistent. Installée à l’intérieur de la ripisylve, celle-ci jouerait le rôle de protection, sans que soit détruit tout l’écosystème de la forêt riveraine.
Cartes à l’appui, les randonneurs présentent le profil de l’île, son évolution au fil du temps et des aménagements. Comme la longue digue élevée par la Compagnie Nationale du Rhône sur tout son flanc Nord-Ouest.
Recueillir l’information sur le terrain
Certains habitent l’île, d’autres pas. Parmi les associations représentées, SOS Barthelasse ou encore SNT84, et bien sûr FNE84 (France Nature Environnement) et FNE PACA. Cette dernière organise chaque année –en 2022, c’est dans le Vaucluse- des ateliers sur le thème de l’eau et de l’aménagement. Une initiative financée par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse et la Région.
« Nous souhaitons bien connaître les enjeux des territoires et nous nous appuyons sur les remontées du terrain, précise Paul Naglik, chargé de mission pour FNE PACA. Et la question du Rhône pose un enjeu majeur dans la région ».
Faire entendre la voix associative
France Nature Environnement est l’interlocuteur de nombreux organismes officiels (Agence de l’Eau, DREAL…). A ce titre, elle apporte connaissances, réflexions et propositions susceptibles d’être appliquées dans les documents d’urbanisme, et dans les décisions d’aménagement.
« Nous nous questionnons sur tous les aménagements liés à l’eau, poursuit Paul Naglik. Dans la nature mais aussi en ville ou encore sur les usages en cas de sécheresse ».
FNEPACA a édité un Guide intitulé « Ressource en eau et milieux aquatiques : quelle intégration dans les documents d’urbanisme ? », toujours avec le soutien de l’Agence de l’eau et de la Région. L’ouvrage est destiné aux élus et porteurs de projets des territoires, mais aussi aux usagers, consommateurs, associations et professionnels. Il est un outil d’aide à la compréhension et à la décision face aux enjeux majeurs de la gestion et de la protection de l’eau.