
Le gouvernement a annoncé une baisse drastique du budget de l’Agence BIO, qui aide les filières à se structurer et à communiquer. En Région Paca, ces baisses pourraient faire capoter de nombreux projets, alors que le bio a prouvé son utilité et est en plein essor.
Cinq millions en moins pour les opérations de communication. Et dix millions en moins pour des aides aux projets. Fin mai, le ministère de l’Agriculture a mis le feu aux champs en annonçant une baisse drastique des aides à la filière bio en France. L’ensemble des syndicats agricoles (FNSEA, Confédération paysanne, Coordination rurale) sont montés au créneau pour réclamer a minima le maintien des aides aux projets.
Des projets en sursis…
« Si les coupes se confirment, cela va par exemple complètement bloquer la construction à Saint-Maximin (Var) d’un site de transformation pour la filière cochon noir, dont l’État doit financer 30 % à 40 %, explique Max Tortel, président du groupement d’agriculteurs Agrobio, dans les Bouches-du-Rhône. C’est un véritable arrêt de mort ! Alors que le discours politique depuis plusieurs années est justement d’encourager la production et la transformation locale, les circuits courts, la juste rémunération des agriculteurs… » En Paca, la filière de la grenade pourrait elle aussi souffrir de ces coupes. Un projet de 2 millions d’euros pour monter un site de transformation destiné à 35 producteurs, pourrait se retrouver sans financement auprès de banques après l’arrêt de l’aide de l’État. En Paca, le bio représente une part cruciale de l’agriculture. Selon l’Agence BIO, la Région Sud se situe en 2023 au premier rang national en termes de surfaces cultivées en bio (plus de 217 000 hectares), et au septième rang en nombre d’exploitations en bio (plus de 5 000).
… malgré des bienfaits reconnus
Ces coupes de l’État tombent d’autant plus mal que, après une baisse de la consommation suite au covid et à l’inflation, les ventes de produits bios commencent à reprendre des couleurs, particulièrement dans les magasins spécialisés, selon la Fédération d’agriculture biologique. L’impact positif du bio sur la santé est désormais établi par des études scientifiques, notamment celles menées par Denis Lairon, chercheur à l’Inserm. Le dernier frein reste le prix de vente, relativement élevé pour beaucoup de consommateurs. Une étude menée par l’UFC Que Choisir a cependant établi que les prix du bio varient grandement d’une enseigne à une autre, allant de +59 % à +86 % de différence avec des produits conventionnels. Néanmoins, les professionnels du bio soulignent que, si l’on achète des produis de saison, non transformés, et en circuit court ou en magasin spécialisé, la différence de prix est bien moindre !